Histoire d'un loser, mais alors d'un loser avec un grand L. Film qui est loin d'être une comédie d'ailleurs, car même si des tentatives d'humour sont présentes, elle font rarement mouche ; sur ce plan là, Killing Bono est sans doute un semi-échec. Par contre, il se révèle bien plus profond dans son aspect amer, avec un héros très tchékhovien, qui rate sa vie en faisant systématiquement le mauvais choix à chaque carrefour, soit par naïveté, soit par prétention. Par ailleurs, si Bono est présenté sous un jour très sympathique, le début du film (concert commun des deux groupes) me parait sans ambiguïté sur le message : la célébrité artistique tient autant, si ce n'est plus, du hasard que du talent. Enfin, Killing Bono constitue un hommage furtif à une période qui n'était sans doute pas la plus glorieuse de l'histoire pop/rock : U2 bien entendu, mais aussi Police, Duran Duran, Frankie Goes To Hollywood, Culture Club, Spandau Ballet, Rod Stewart, groupes de Hair Metal... S'il n'en reste pas grand chose musicalement, au moins ils avaient des coiffures et des fringues rigolotes.