Incroyable !
Jamais entendu parler de ce film, ni du metteur en scène Rolf Thiele.
Je suis d'ailleurs le premier à laisser un commentaire.
Comparé à Dune, que j'ai subi hier soir, déjà démodé lors de sa sortie en 84 et dont le cas n'a fait que s'aggraver depuis, ce film de 1958 est d'une incroyable modernité.
Ce n'est pas du tout l'Allemagne ravagée par la guerre, pauvre, sombre et déprimée qu'on imagine.
Rien de tout cela : c'est vif, guilleret, et immoral en diable.
Ça se passe dans les milieux chics. Belles voitures, jolies toilettes, femmes élégantes, soirées mondaines... on est en plein miracle économique allemand (merci George Marshall !)
La superbe Nadja Tiller, demi-mondaine sans le sous mais peu avare de ses charmes, est libertine et chic comme une Française, sensuelle et charmeuse comme une Italienne.
On comprend le jury qui l'avait élue Miss Autriche :-)
Elle a de surcroît comme Bardot une beauté très actuelle, contrairement aux plantureuses Marylin ou Sophia Loren de l'époque.
Certaines scènes sont volontairement coquines et restent ma foi réussies.
Le magnétique Peter Van Eyck excelle dans le rôle d'un Français charmeur, cynique et manipulateur.
Carl Raddatz, acteur de théâtre, respire l'intelligence et la finesse, parfaitement crédible dans le rôle d'un homme riche et amoureux, mais restant droit, sans chichis ni scandales.
Mention spéciale à l'actrice qui interprète sa charismatique soeur, toute de classe et de retenue, avec une voix à tomber par terre.
C'est bien fait, bien filmé, bien joué. On ne s'ennuie pas une seconde. Les petits numéros musicaux sont courts et aèrent le récit.
L'histoire est parfaitement construite et scénarisée.
Je craignais une fin moralisatrice, si formaté que je suis au cinéma occidental, volontiers pontifiant, et dont le cahier des charges semble comporter une clause victimaire et revendicatrice, où le gentil faible punit le méchant fort.
Ici par bonheur ce sont les plus puissants, les plus riches qui ont le dernier mot.
Comme dans la vraie vie en somme.
Malheureusement 15 ans plus tard, le progressisme et la culpabilité compulsive ont eu raison de la liberté et de l'insolence : l'Allemagne a créé... Inspecteur Derrick !