« Castaway on the Moon » (Naufragé sur la Lune) tel est le titre de l’un des films les plus réussis que j’ai eu l’occasion de visionner ces derniers temps…
Pourtant cette nouvelle Robisonnade coréenne aurait dû me faire fuir… Car celle ci est parfois comparée au long spot publicitaire zemeckien nullard « Seul au monde »… L’une de mes plus douloureuses expériences cinématographiques…
Mais le film de Lee Hey-Jun (ou Lee Hae-joon) capte l’attention du spectateur dès la première et ne le lâche plus jusqu’au générique de fin…
Un désespéré en costard bleu et cravatte rose, accablé financièrement, se retrouve seul, complètement seul, au beau milieu de… la capitale sud-coréenne! Kim s’est échoué sur un îlot désert au beau milieu de la rivière Han… Au loin les tours et les lumières de Séoul. Mais il ne sait pas nager… Alors commence pour Kim l’épreuve de la survie sur cet espace désert encombré des détritus de la ville… Abandonnant costard et cravate pour faire un épouvantail à qui parler, il trouvera, il atteindra une forme de bonheur au travers de ce dénuement total !
Une fille seule scrute les lointains avec son appareil photographique et une longue vue… C’est une hikomori, jeune adulte qui vit coupée du monde et des autres, cloîtrée chez sa mère depuis très longtemps. Elle refuse toute communication autre que virtuelle (ordinateur et autres trucs électronique). Elle n’est ni grabataire, ni autiste, ni retardée mentale mais simplement accablée par la société.
Mais ne vous fiez surtout pas à petit résumé que je viens de tenter… Ce film est bien plus que cela !
« Castaway … » c’est d’abord une allégorie fine et intelligente sur notre monde industriel qui produit tant de choses inutiles… Mais permet aussi tant de miracles !
Pas de manichéisme sous-jacent ici… Pas de condamnation radicale ! Et pourtant ce film coréen fait résonner, au profond de moi, l’écho du beau et génial court métrage brésilien de Jorge Furtado « L’île aux fleurs »
Voyez, on est très loin du navet de Zemeckis… Ici pas de pub insistante pour une multinationale…
Même les nouilles dont rêve le héro (au travers d’un sachet usagé), enfin parvenues sur son île (grand moment du film) seront rejetées vers la ville…
« Castaway.. » c’est aussi une incroyable histoire de découverte de l’autre… Et cela pose la question fondamentale, qu’est ce que « vivre » avec autrui ???
La communication étrange entre un naufragé qui veut rester sur son île plantée au milieu de la ville et une hikomorie qui fuit la société et s’isole au cœur de la ville…
Et évidemment, sans déflorer l’histoire, c’est aussi une rencontre amoureuse, l’une des plus belles cinématographiquement parlant que j’ai jamais vue !
La réalisation de ce film est remarquable de linéarité, de simplicité, de beauté. L’humour est toujours présent… Et la quiétude révoltée est la clé de ce film.
La musique sert l’image splendidement… Pareillement simple, mélodique, fragile.
Tout est fluide…
Quelques gros plans volontairement choquants, quelques flash-back parsèment la trame de l’histoire. Lee Hey-Jun s’inscrit parmi les cinéastes modernes, très modernes, sans tomber dans les pièges technologiques, et les tics de mise en image un peu superflus des avants gardes intellos…
Un très beau film !
A VOIR ! ABSOLUMENT !