Avant qu’Ava DuVernay n’obtienne la réalisation de Selma, le projet était entre les mains de Lee Daniels. Un tout autre casting avait été choisi : Hugh Jackman devait interpréter le Shérif Jim Clark, Robert De Niro était le gouverneur raciste George Wallace, Liam Neeson le président Lyndon Johnson, Cedric the Entertainer le ministre et activiste Ralph Abernathy et Lenny Kravitz devait jouer Andrew Young. Seul David Oyelowo, interprétant Martin Luther King est resté à bord lorsqu’Ava DuVernay a repris le film, après l’abandon de Lee Daniels.
C’est la deuxième fois que l’actrice Carmen Ejogo interprète Coretta Scott King, la femme de Martin Luther King. Déjà en 2001, elle jouait ce rôle dans le téléfilm Boycott diffusé sur la chaîne américaine HBO.
C’est une ribambelle de réalisateurs qui se sont intéressés de près ou de loin au projet Selma. Il y a eu notamment : Steven Spielberg, Stephen Frears, Spike Lee, Lee Daniels (un temps en charge du projet), Michael Mann et finalement, Ava DuVernay.
Oprah Winfrey, qui produit et tient un rôle dans Selma est très impliquée dans la transmission de cette histoire aux nouvelles générations. Ce projet lui tenait d’autant plus à cœur, qu’elle était amie depuis presque 40 ans avec Maya Angelou, écrivaine, actrice, militante et figure emblématique des droits civiques aux côtés de Martin Luther King. Avant de mourir en mai 2014, Angelou s’était confiée à Winfrey, lui apportant toute sa confiance et son soutien pour ce projet.
Selma offre une multitude de points de vue, comme l'explique le producteur Jeremy Kleiner : "On peut avoir plusieurs lectures de Selma : expliquer comment nos gouvernements peuvent être contraints par le peuple à prendre des décisions morales ; montrer un militantisme sans glamour avec un souci de réalisme brut ; célébrer le sens stratégique d’un mouvement luttant pour l’égalité des droits ; ou bien rappeler l’histoire de la lutte contre une doctrine bien enracinée, celle de la suprématie blanche. Selma est une oeuvre complexe qui ne s’appréhende pas d’un seul tenant : elle fait écho aux multiples aspects de notre histoire."
C'est la première fois que les événements du printemps 1965 (qui se terminent par la célèbre marche de Selma à Montgomery) et le rôle de Martin Luther King dans la lutte pour les droits civiques de tous sont relatés au cinéma. En effet, depuis sa mort il y a cinquante ans, aucun film sur le leader n'avait été réalisé.
Très tôt, David Oyelowo a souhaité incarner Martin Luther King. De 2007 à 2014, l'acteur britannique s'est imprégné du personnage pour pouvoir un jour se glisser dans sa peau. Il précise : "Ce fut un périple qui dura sept ans. Tout ce temps m’a permis de m’immerger dans le rôle, de tout apprendre sur King, sur le mouvement pour les droits civiques et son impact sur l’histoire américaine. Je n’ai pas grandi avec Martin Luther King comme figure mythique, ce qui m’a permis de l’appréhender comme un être humain, un personnage autrement complexe. Pour autant, l’admiration que j’éprouvais envers lui n’a fait que croître à mesure que j’en apprenais davantage sur sa vie."
Il aura fallu huit ans aux producteurs Dede Gardner et Jeremy Kleiner pour trouver la réalisatrice idéale pour Selma en la personne de Ava DuVernay.
David Oyelowo, qui incarne Martin Luther King, a retrouvé à l'occasion de Selma la réalisatrice Ava DuVernay qui l'a dirigé dans Middle Of Nowhere et Oprah Winfrey, avec qui il a joué dans Le Majordome. C'est d'ailleurs à cette occasion que l'acteur avait évoqué à Oprah son désir d'incarner Martin Luther King.
C'est Tom Wilkinson qui a eu la lourde tâche d'incarner le président Johnson. Tout comme David Oyelowo, le fait d'être britannique lui a permis d'avoir un regard extérieur sur l'histoire des Etats-Unis et sur son personnage. Il explique : "J’avais un certain recul dans la mesure où je ne suis pas imprégné par les présidents américains. Lyndon Johnson a pris des décisions sur des sujets cruciaux mais c’était aussi un simple être humain. Aucun président ne devient un surhomme une fois élu. Ce sont juste des hommes qui agissent du mieux qu’ils peuvent dans un contexte incroyablement éprouvant."
Ava DuVernay a été particulièrement touchée de pouvoir réaliser Selma. En effet, les événements du printemps 1965 concernent la réalisatrice de près, puisque sa famille vient d'Alabama, où elle a d'ailleurs passé de nombreux étés.
Il tenait à coeur à Ava DuVernay de faire régner sur le plateau de tournage la même solidarité que dans son film. Elle explique : "Nous ne devions pas seulement réussir un beau film, mais aussi profiter d’une belle expérience collective. C’est une habitude chez moi : j’aime installer les conditions d’un tournage qui me donnerait envie d’en faire partie si j’étais actrice ou technicienne, c’est-à-dire sans hiérarchie ni barrière entre les gens. Cela m’a semblé d’autant plus important sur Selma que l’on y parle de communauté et de solidarité. Toute l’équipe a vraiment joué le jeu et je pense que cela transparaît à l’écran."
Pour incarner Martin Luther King, David Oyelowo s'est transformé physiquement : il a pris du poids et s'est rasé la tête. L'acteur a également fait un grand travail sur sa diction et son expressivité dans ses discours, afin de coller au charisme du célèbre leader.
Il a parfois été difficile pour Tim Roth d'incarner George Wallace, gouverneur d'Alabama, fervent défenseur de la ségrégation. L'acteur parle notamment d'une scène en particulier qui l'a mis mal à l'aise : "La première fois que j’ai vu David Oyelowo, c’était lors d’une scène où je prononce un discours ultra raciste. Il portait les habits de Martin Luther et il m’observait : c’était un moment assez incroyable."
Selma a la particularité de mettre pour la première fois en avant les femmes qui ont participé à la lutte pour les droits civiques aux côtés des personnalités féminines. Ava DuVernay développe : "Cela me paraissait impensable de raconter cette histoire sans être au plus près de la vérité, sans rendre justice à des femmes telles que Coretta Scott King, Amelia Boynton, Annie Lee Cooper, Diane Nash, ou encore Richie Jackson, qui a hébergé chez elle les leaders du mouvement."
C'est la deuxième fois que Carmen Ejogo incarne Coretta King. En 2001, l'actrice avait déjà joué l'épouse de Martin Luther King dans le téléfilm Boycott.
Oprah Winfrey a longuement hésité à se glisser dans la peau d'Annie Lee Cooper. En effet, l'actrice craignait d'être associée une fois de plus à un rôle de "cogneuse", puisque son personnage dans La Couleur pourpre frappait un shérif, celui du Majordome donnait un coup à son fils et dans Selma Annie Lee Cooper attaque également le shérif dans un bureau de vote. Mais l'importance de parler d'une femme méconnue qui apporta beaucoup au combat pour les droits civiques prit le pas sur son angoisse et Oprah Winfrey accepta le rôle.
C'est la deuxième fois que David Oyelowo joue dans un film portant sur les droits des Noirs. En effet, en 2012, il incarnait un esclave dans le biopic Lincoln, qui retraçait la fin de la vie du premier président américain à avoir aboli l'esclavage. Une scène de Selma fait d'ailleurs écho au biopic, comme l'explique l'acteur : "Dans le film de Spielberg, il y a une scène où mon personnage dit à Abraham Lincoln la même chose que King à Johnson dans Selma. En janvier 1865, je demande si les Noirs obtiendront un jour le droit de vote. Cent ans plus tard, King pose exactement la même question."
Le tournage a eu lieu majoritairement dans l’Etat d’Alabama, et notamment au niveau de l’Edmund Pettus Bridge, sur les traces des manifestants de 1965. Il était important pour Ava DuVernay de poser sa caméra dans les vrais décors des événements.
Si les scènes extérieures ont toutes été tournées dans des paysages réels, Mark Friedberg a dû recréer plusieurs maisons, dont celle des King et celle du docteur Sullivan Jackson, qui accueillit le QG de Martin Luther King. Il a également fabriqué des répliques du bureau ovale, du bureau de Georges Wallace, etc.
La costumière Ruth E. Carter s'est inspirée du travail de l'artiste Romare Bearden, qui a mis en scène dans des collages et des photomontages, les traditions afro-américaines du Sud. Ces oeuvres étaient ainsi une bonne référence pour créer les costumes de Selma. Ruth E. Carter s'est également appuyée sur des images d'archives.
La chanson originale Glory de John Legend, qui a remporté l'Oscar de la Meilleure chanson le 22 février 2015, fait référence à la lutte pour les droits civiques des Noirs dans les années 1960. Mais elle est également très actuelle puisqu'elle évoque des événements plus récents, comme la marche de Ferguson, qui eut lieu en novembre 2014, suite à la mort d'un jeune noir dans la ville, tué par un policier.
David Oyelowo a donné la réplique à Nelsan Ellis dans Le Majordome, où ce dernier incarnait... Martin Luther King Jr ! Deux ans plus tard, c'est au tour de David Oyelowo d'interpréter le grand orateur, défenseur des droits des Noirs.
Plan B Entertainment, société de production de Brad Pitt, a participé à la production de Selma. Ce n'est pas la première fois que l'acteur décide de produire un film centré sur la thématique du racisme envers les noirs puisqu'il avait également produit Twelve Years a Slave.
Vous n'entendrez pas le célèbre discours "I have a dream" ainsi que ceux prononcés lors de la marche de Selma dans ce biopic. En effet, les descendants de Martin Luther King ayant vendu les droits des discours à Dreamworks et Steven Spielberg, Ava DuVernay n'a pas pu les utiliser. Les discours entendus dans Selma ont donc été réécrits.