Née en 1970 à Stockholm, Mia Engberg a étudié le film documentaire aux Ateliers Varan à Paris en 1994, et à l’Institut Dramatique de Stockholm, de 1994 à 1997. Elle débute par le documentaire, avec Suburban Songs (165 Hässelby) en 2005. Son court-métrage Selma et Sofie est la première fiction érotique réalisée par des femmes en Suède. Elle est aujourd’hui une auteure documentariste très soutenue par le Centre du Cinéma Suédois. En novembre 2009, une rétrospective de l’ensemble de ses films a eu lieu à la Cinémathèque de Stockholm.
Pour la productrice Mia Engberg, ce film est un manifeste visant à libérer l'image de la sexualité féminine qui est souvent cantonnée à de la pornographie faite par des hommes pour des hommes. Elle déclare: "A travers l'histoire de l'Art, l'image de la femme a été créée par des hommes pour plaire à un regard masculin. La sexualité féminine se déclinait autour de figures limitées du système patriarcal: la putain, la femme, la mère, la muse. Aujourd'hui, nous pouvons créer nos propres images sexuelles, nous sommes confrontées à de nombreuses questions. Existe-t-il réellement un regard féminin et si oui, que pouvons-nous en retenir? Comment pouvons-nous libérer nos propres fantasmes sexuels des images publicitaires qui s'impriment chaque jour dans notre subconscient? De toute évidence, il semblait nécessaire de nous réinventer en créant un nouveau genre et voir ainsi le monde avec un regard neuf. Chaque réalisatrice de ce projet a sa propre interprétation de la pornographie féministe. Elles ont toutes choisi une manière différente de l'exprimer. Je suis très fière de voir une telle créativité et une telle diversité parmi les films réalisés. Chaque réalisatrice a pris cette demande très au sérieux et à réalisé des images fortes et singulières provenant d'une démarche sincère et personnelle. Alors comment repenser la pornographie? Il n'y a pas de réponse simple à cette question. Dirty Diaries propose toutefois douze courts-métrages atypiques qui susciteront une réflexion sur la notion de pornographie et sur notre regard. "
L'un des critères retenus pour réaliser les douze courts métrages était de filmer systématiquement avec un téléphone portable pour redonner ses lettres de noblesse, du moins, une certaine dimension artistique, au genre pornographique trop souvent édulcoré et uniformisé, selon la productrice Mia Engberg.
Le film a suscité une controverse avant et après sa sortie, à cause de son contenu provocant, mais également du fait qu'il ait été financé par des fonds publics. La plupart des financements de l'Institut Suédois du film viennent en effet directement du gouvernement suédois. Utiliser l'argent des impôts pour produire des films qualifiés de pornographiques a donc été considéré comme choquant par certains.
L'idée de créer Dirty Diaries est née après que Mia Engberg et quelques unes de ses amies aient réalisé Come Together pour le Festival du film de Stockholm. C'était un court-métrage où chaque participante se filmait avec un téléphone portable en train de se masturber. Come together a reçu beaucoup de commentaires négatifs, surtout de la part des hommes, qui se plaignirent du manque d'attirance des actrices-réalisatrices. Pour Mia Engberg, c'était la preuve que les films pornographiques exigeaient des actrices féminines qu'elles soient agréables à regarder pour un public essentiellement masculin. A ce propos, la productrice a d'ailleurs déclaré: "Le film a été diffusé sur internet et a suscité de nombreuses réactions. Beaucoup de commentaires négatifs comme "Mon Dieu, elles sont moches. Elles auraient au moins pu se maquiller" ont été faits. J'ai trouvé ces réactions très intéressantes. Elles montrent que l'image de la sexualité féminine doit encore et avant tout satisfaire le spectateur et non plaire aux femmes elles-mêmes. J'ai pensé que ceux qui avaient réagi négativement aux scènes de masturbation de Come Together avaient besoin de voir plus de films de ce genre. Et d'ouvrir leurs yeux. J'ai dès lors demandé à plusieurs artistes, réalisatrices et activistes de faire leur propre film pornographique féministe avec un téléphone portable." Mia Engberg avait déjà réalisé un court métrage pornographique, Selma and Sofie, qui avait rencontré un petit succès. Cela, ajouté à d'autres aventures culturelles réussies, ont motivé l'Institut Suédois du Film à fournir un budget initial de 350 000 couronnes (environ 35 000 euros), auxquelles s'ajoutèrent plus tard 150 000 couronnes.
Dirty Diaries est né d'une initiative suédoise qui consiste à redonner un statut d'égal à égal aux femmes par rapport aux hommes, mais d'un point de vue sexuel. L’initiative est intéressante, puisqu’elle part du postulat que puisque les pratiques sexuelles sont de plus en plus dictées par les modèles pornographiques, si l’on veut les changer, il faut changer les modèles.