Dans l’interminable course à la recherche du nouveau Twilight, les rayons de bit lit des librairies sont un vivier formidable, de quoi permettre à chaque studio d’y aller de son adaptation pour espérer rencontrer le même succès que la saga mormone. Le dernier en date est donc The Mortal Instruments : la cité des ténèbres, auquel le norvégien Harald Zwart vend son âme. Et sans grande surprise, un ersatz de film médiocre ne peut pas se transformer en or par miracle. Tout commence par un schéma banal : une adolescente plus ou moins normale rencontre un être surnaturel, va découvrir un monde parallèle à celui qu'elle connaît, remplir une mission symbolique et participer à un trio amoureux un peu débile. C'est la même chose, seuls les décors changent. Ils sont d’ailleurs le seul véritable intérêt de ce film qui a le mérite de bénéficier d’une direction artistique de qualité. Mais excepté ceci, le film est plutôt catastrophique. A commencer par le scénario qui ne bénéficie d’aucune rigueur d’écriture. Le constat est simple : The Mortal Instruments est un véritable brouillon cinématographique, enchaînant ellipses d'une maladresse folle, une gestion catastrophique du danger et donc du bad guy, dont la présence très tardive dans le film ne provoque qu’un désintérêt poli. De plus, les quelques petites phrases humoristiques sont terriblement mal placés, entraînant un embarras pour le spectateur et une totale incohérence dans le film. Ainsi, Harald Zwart livre un film plutôt laid, ne bénéficiant d’aucune idée véritable et qui de plus souffre d’effets numériques franchement dégueulasses, notamment au niveau des créatures (les démons sont à vomir). C'est un beau gâchis, car l'idée de composer une variation autour d'un bestiaire très classique est franchement bonne. Loups-garous, vampires et démons sont de la partie mais hélas, ne bénéficie d’aucune vision, le film préférant se complaire dans une sorte de best-of indigeste de culture populaire, ce qui les transforme en archétypes assez incroyables: les loups-garous sont des bikers barbus, les vampires sortent tout droit de Buffy et les “héros” appelés Chasseurs d'Ombres ont à peine 10 ans de retard sur Underworld avec leur look d’adolescents gothiques d’une vulgarité sans nom. Même les dialogues du film mentionnent le fait que les filles chasseuses d'ombres ressemblent à des prostituées avec leurs vêtements. Le problème de The Mortal Instruments n’est pas tant que le film soit mauvais, c’est qu’il est terriblement ringard. La mythologie du film quant à elle se prend un peu les pieds dans le tapis et ne tient pas la route, la faute à un traitement trop brouillon. La narration se permet aussi de se concentrer sur un trio amoureux, qui aurait pu se former en quatre si l’élément homosexuel n’était pas balayé aussi vulgairement, d’un revers de main. Là encore, le schéma n’a rien de bien nouveau et n'a tout simplement aucun intérêt. La Lily Colins se retrouve tiraillée entre le bad boy de pacotille censé véhiculer une tension sexuelle, dont il est impossible de compter les plans où il se recoiffe, et le bon copain introverti et amoureux transi. Cela donne lieu à des scènes d'un ridicule affligeant (celle dans le jardin de fleurs) et qui plus est, mal placées et mise en scènes. On retiendra un Jamie Campbell Bower insipide et fade, et une Lily Collins qui n'a rien de bien transcendant, balançant à eux deux des dialogues assez minables. Ainsi The Mortal Instruments est un ratage quasi complet, qui bénéficie pourtant d'un beau décor et de quelques scènes d'actions. Ah et on retiendra aussi le véritable outrage fait à Johann Sebastian Bach qui doit se retourner dans sa tombe de douleur. Un énième compte mièvre et sans intérêt.