Fortapàsc est un mot qui fait penser au "Fort Apache" des westerns traditionnels et évoque l’idée d’une ville assiégée par des bandits. En même temps, il décrit la situation dramatique que vivait la ville de Naples en 1985, lorsque la Camorra régnait en maître sur la ville.
Le réalisateur Marco Risi raconte la genèse du projet, vieux de près de 20 ans, et envisagé peu après la mort du journaliste : "Cinq ans après son assassinat, est née une première possibilité de faire un film sur son histoire. Andrea Purgatori et Jim Carrington ont écrit un premier traitement, après quoi nous avons écrit un scénario pour lequel nous avons obtenu immédiatement un financement de Rai Cinema. La préparation du film a commencé, mais parallèlement, des problèmes de production ont surgi et le film a dû être arrêté peu avant le tournage. Le mérite d’avoir fait renaître ce film revient à Rai Cinema, mais aussi à Angelo Barbagallo, un producteur libre et courageux qui m’a permis de tourner ce film exactement comme je le voulais."
Le cinéaste a glissé un clin d'œil au cinéma italien : "Je suis depuis toujours un fervent admirateur de notre glorieux cinéma social. Dans "Fortapàsc", il y a même un petit hommage à Francesco Rosi et à son chef d’œuvre Main basse sur la ville : lors d’une séance au conseil général, les représentants de la majorité et de l’opposition « s’entretuent » sous les yeux des citadins."
Pour obtenir les informations les plus précises et les plus véridiques sur le personnage central du film, l'équipe a contacté directement sa famille : "Après la mort des parents de Giancarlo, c’est son frère Paolo, sa femme et leurs enfants (qui n’avaient jamais connu leur oncle) qui ont continué à cultiver sa mémoire. Paolo a lu le scénario, il était très ému et son aide nous a été très précieuse. Tout comme l’ancienne fiancée de Giancarlo, à qui il avait d’ailleurs révélé être en possession de documents importants destinés à la publication d’un livre", confie le réalisateur.
L'équipe du tournage a vécu dans une ambiance particulière, marquée par la "présence" du journaliste défunt. Le réalisateur témoigne : "Une chose très émouvante s’est produite une semaine avant le début du tournage, la véritable Citroën Mehari de Giancarlo a été retrouvée dans une auberge sicilienne. Ainsi nous avons pu l’utiliser sur le tournage. Un jour, alors que nous étions dans une rue de Vomero, un ami de Giancarlo est passé par hasard. Il avait reconnu la voiture, il s’en est ému jusqu’aux larmes et nous a dit: « je compte sur vous, faites le bien ce film, parce que Giancarlo avait un cœur gros comme ça ! »"
Marco Risi a une vision claire de son film, qui : "(...) n’est pas une biographie, il ne veut pas décrire une existence entière, mais seulement les quatre derniers mois de la vie de Giancarlo et le climat dans lequel a mûri la décision de l’assassiner. "
Le film porte sur le destin de Giancarlo Siani, journaliste napolitain connu pour avoir rédigé des articles sur la Camorra (une organisation criminelle napolitaine) et dénoncé dans le journal Il Mattino les malversations passées entre les hommes politiques et le crime organisé concernant des contrats de constructions. Il fut assassiné par l'organisation mafieuse dans sa 26ème année, alors qu'il enquêtait sur Valentino Gionta, un des chefs de clan de la Camorra. Il a fallu 12 ans d’enquête et la collaboration de plusieurs repentis pour que soient enfin livrés à la justice les responsables de ce crime, qui sont toujours incarcérés aujourd’hui.
Naples est une ville à double facette, comme le rappelle le réalisateur : "Le film raconte les dernières semaines de ce jeune journaliste qui quittait chaque jour le quartier bourgeois du Vomero pour se rendre à Torre Annunziata, le fief du boss Valentino Gionta, et enquêter sur les magouilles entre hommes politiques, gens corrompus et camorristes, dans une zone dévastée par le séisme de 1980 et où, à l’époque, tout tournait autour des intérêts liés à la reconstruction. Une zone qui aujourd’hui encore, est un terrain de prédilection pour les dealers."
C'est la quatrième fois que Marco Risi travaille avec le scénariste Andrea Purgatori. Il Muro di gomma (1991) marque leur première collaboration. Les deux hommes se sont aussi retrouvés pour Nel continente nero (1993), et Caro Vittorio (2004), un court extrait de ce qui aurait dû être un documentaire sur Vittorio Gassman.
Le directeur photo de Fortapàsc Marco Onorato et Marco Risi se connaissent depuis 1976, lorsque le premier était assistant opérateur, et le second assistant réalisateur sur La Madama, une comédie réalisée par Duccio Tessari.
Marco Risi fait partie de la grande famille de cinéma "Risi". Son père Dino Risi était réalisateur, il est le père de l'acteur Andrea Miglio Risi, le frère du réalisateur Claudio Risi, et le neveu du directeur de la photographie Fernando Risi et du scénariste/ réalisateur Nelo Risi. D'ailleurs, Marco a dédié Fortapàsc à son père Dino.
Le réalisateur Marco Risi a gagné pour Fortapàsc l'équivalent italien du Golden Globe de meilleur réalisateur.
Libero De Rienzo avait déjà joué pour Marco Risi alors que celui-ci était producteur de Gioco con la morte, réalisé en 2001 par Maurizio Longhi.