Alain de Halleux, le réalisateur de R.A.S. nucléaire rien à signaler, à la fois chimiste nucléaire et cinéaste, confie qu'il s'est véritablement intéressé au sujet en 2006, dès lors qu'il a appris à la radio qu'une centrale nucléaire avait failli exploser en Suède : "Tchernobyl fut une énorme catastrophe, mais ça aurait pu être bien pire",déclare-t-il. "Si ça avait explosé en Suède (...), on aurait vraiment connu une monstrueuse catastrophe. C'est comme si cette nouvelle m'avait appelé à la radio. Moi, chimiste nucléaire et cinéaste, je me devais de faire quelque chose pour attirer l'attention de l'opinion publique sur les dangers du nucléaire." Après s'être replongé dans ses cours sur le nucléaire, le cinéaste est tombé sur les travaux d'une sociologue française, Annie Thébaud-Mony : "Ce fut pour moi un second électrochoc, dit-il. "Le premier fut la peur provoquée par l'annonce de l'incident en Suède. Le second fut l'injustice de savoir que des gens travaillaient dans l'ombre, se faisaient irradier, pour que moi, pour que nous tous, ayons la lumière. Je voulais comprendre qui étaient ces gens, pourquoi on n'en parlait pas, pourquoi ils étaient invisibles. D'autant que la description des conditions de travail de ces gens faite par Thébaud-Mony était pour le moins inquiétante. Je sentais qu'il y avait là quelque chose à mettre à jour, quelque chose que l'on tentait de nous cacher. Comme un secret de famille à débusquer. J'ai réalisé qu'il y avait peut-être un lien entre ce silence des travailleurs et notre sureté. Je suis donc parti à la recherche de ces travailleurs."
"Au départ, ce qui m'a motivé à réaliser ce film", explique Alain Halleux, le réalisateur de R.A.S. nucléaire rien à signaler, "c'est la peur. Du moment où je me suis mis à faire ce film, à agir, je n'ai plus eu peur. Aujourd'hui, beaucoup de gens vivent dans l'angoisse de diverses choses. Le message du film, c'est que dès lors que l'on se lance dans l'action, la peur disparaît."
Alain Halleux assure que R.A.S. nucléaire rien à signaler n'est pas engagé au sens "pour" ou "contre" le nucléaire, car cela ne change rien à la réalité : "(...) ce sont ces jugements qui font qu'on n'examine pas la réalité. Avec les jugements, on évacue la démarche d'essayer de comprendre. On reste en surface des choses. Dans tous les débats sur le nucléaire, il y a eu beaucoup d'échange de dogmes, mais aucune volonté de comprendre le nucléaire en soi." Et le cinéaste d'ajouter : "Mon but premier est une démarche citoyenne. Il se fait que cette alerte s'est matérialisée dans un film, mais ce n'était pas ma vocation première. Avec ce long métrage, j'ai la volonté d'essayer de conscientiser les gens. J'ai quatre enfants, je n'ai pas envie qu'ils vivent dans un monde contaminé."
Ce n'est pas la première fois que le réalisateur Alain de Halleux s'intéresse au nucléaire. Il avait déjà traité ce sujet dans un film intitulé Invisible, sur les populations vivant en milieu contaminé par le nucléaire. Le cinéaste assure que les deux films sont liés : "Invisible, c'est ce qui risque de nous arrivé si une centrale explose. R.A.S. nucléaire rien à signaler a été réalisé plus dans une volonté d'alerter les gens, là où Invisible tenait plus du constat dur."
Le documentaire de R.A.S. nucléaire rien à signaler a été sélectionné dans de nombreux festivals en 2009, parmi lesquels le Festival International de documentaire Visions du réel de Nyon, le Festival DOK de Leipzig, les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal, le Festival du Film militant d'Aubagne, ainsi que le Kassel Doc Film.