Bruno et Pablo sont hétéros. Les deux tombent à l'eau. Deviendront-ils homos ? Trêve de plaisanterie, Plan B, de l'argentin Marco Berger, mérite mieux que ce résumé ironique. Bon, c'est un film tourné avec un budget minimal mais Berger exploite ce manque de moyens en réalisant un film "d'appartement". Rien sur la condition sociale des deux garçons, glandeurs et nonchalants, vaguement atteints du syndrome de Peter Pan, rien sur l'agitation de la ville, qui semble très éloignée, vue des balcons. Osé, le parti pris du cinéaste de se concentrer sur son sujet, sans aucune digression : cette confusion des sentiments, traitée à la limite de la comédie romantique mais sans les scories habituelles du genre. Le naturel des acteurs, membres du club des mal rasés, est confondant, mais la mise en scène est encore plus bluffante. C'est un film qu'on peut qualifier de "bavard", dans le sens où les conversations sont les seuls éléments dramatiques du récit. Berger alterne les cadrages serrés et les plans éloignés (dialogues inaudibles), entrecoupés de plans fixes de hauts d'immeubles. Pour un peu, on se croirait chez Ozu. Le film a conquis les festivals mais pour l'heure il n'est, semble t-il, sorti qu'en Allemagne et en France. Pas même en Argentine ! Très dommage, parce que c'est un vrai beau film qui prend son temps (c'est rare dans le cinéma d'aujourd'hui) et qui prend le risque d'installer un dispositif tenu jusqu'aux dernières minutes (on peut toujours discuter de la scène finale qui est trop dans la norme).