Valérie Donzelli raconte les circonstances dans lesquelles est né son film : " Je venais de finir mon court métrage Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Le film était refusé partout et j'avais peur de ne plus jamais faire de cinéma. Mon amie Laure Marsac partait à New York pour trois mois (...) Je suis partie à New York si subitement que je n'ai pas eu le temps d'écrire tout le scénario. Je n'avais écrit que la fin, c'est de retour à Paris que j'ai imaginé le début. Mais en vérité, l'histoire d'Adèle qui se fait larguer, je l'avais en tête depuis longtemps. J'avais ce film en moi, il est juste sorti d'un coup, après une longue gestation. Je voulais faire ce film vite, je ne voulais pas perdre mon désir. Je l'ai écrit en ayant à chaque fois cet objectif en tête, chaque choix a été fait en fonction de ça. Cette contrainte de l'urgence est devenue un vrai parti pris de mise en scène. "
Dès le départ, Valérie Donzelli savait qu'elle voulait faire une comédie, à la fois légère, burlesque et émouvante. " Ce que j'aime avec la comédie, c'est qu'elle permet d'aborder beaucoup de situations et de sujets, que cela paraît toujours léger, puisque c'est drôle même si dans le fond cela peut être plus grave, raconte la cinéaste. Il était entendu que le sujet de La Reine des pommes, la rupture amoureuse, n'était pas d'une grande originalité, alors j'avais seulement à coeur que la réalisation soit vraiment personnelle. Le cinéma est avant tout un art ludique, où tout est fabriqué pour recréer du réel. Je voulais juste que mon film se fasse dans l'intimité de la forme et qu'il soit cohérent. Même si le point de départ de mes deux films était de filmer des lieux : le Palais Royal pour Il fait beau dans la plus belle ville du monde, et New York pour La Reine des pommes. Mon principal moteur est avant tout de raconter des histoires intimes mais universelles."
Valérie Donzelli dit aimer le cinéma d'Agnès Varda pour sa liberté, sa fraîcheur, et celui d'Eric Rohmer pour sa simplicité et le jeu des acteurs, toujours désuet. " J'aime que les personnages parlent bien et qu'ils soient toujours confrontés à des problèmes intimes, confie-t-elle. Je suis très attachée au cinéma de François Truffaut, qui traite toujours, d'une manière ou d'une autre, cette question de l'intime. Mais aussi, et évidemment, à celui de Jacques Demy qui est le maître du mélange de la légèreté de la forme, confrontée à la profondeur de ce qu'il raconte. J'aime beaucoup l'idée du jeu et de ne pas être forcément dans un registre naturaliste, mais sur plusieurs registres. Ainsi, les scènes sont plus burlesques avec le personnage de Jacques, plus rohmériennes avec le personnage de Pierre, et truffaldiennes avec le narrateur. "
Ce film tire son titre de la chanson de Lio, La Reine des pommes, que son compagnon de l'époque Alain Chamfort lui avait écrite en 1983.
Valérie Donzelli ne se contente pas ici des postes de scénariste, de réalisatrice et d'actrice. Elle signe également les costumes et la musique du film. On lui doit ainsi la composition, l'écriture et l'interprétation des chansons Souvenir d'amour, Aujourd'hui encore et Le Coup de foudre.
La Reine des pommes a été présenté au Festival International du Film de Locarno, dans la sélection Cinéastes du présent, en 2009.
Les plus cinéphiles auront reconnu parmi les acteurs apparaissant à l'écran trois cinéastes : Serge Bozon (La France) dans le rôle d'un médecin, Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming) dans celui d'un jogger, et Gilles Marchand qui avait dirigé Valérie Donzelli dans son thriller Qui a tué Bambi ? en 2003.