"Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur" est un petit bijoux du cinéma d'épouvante des années 60. Datant plus précisément de 1965, ce petit chef-d'oeuvre du thriller d'épouvante marque de par son atmosphère oppressante et son intrigue parfaitement bien écrite. Pas d'incohérence, rien qui nous ferait tilter par ci par là. Après m'être attaqué à un excellent Sherlock Holmes en la personne de Peter Cushing, il en vient désormais au tour de l'excellent et non moins classe Peter Neville. Alors, que retenir de son interprétation? Certes, il n'est pas Cushing, mais une fois que l'on a oublié ce grand des grands, il résulte un interprète de qualité, quelqu'un qui s'engage et y croit, un homme qui se veut crédible et convaincant. Son jeu d'acteur est excellent, c'est calir, et parmi tous les autres interprètes qui lui donnent la réplique, force est de constater qu'il crève l'écran. Comme je l'ai dit plus haut, il a la classe et, je dois bien le reconnaître, il possède un certain charisme, que je préfèrerai qualifier de charisme certain. En tant que Sherlock, il remplit parfaitement son contrat, et se montre comme étant la pleine représentation que je me faisais au sujet du personnage. Et bien sûr, tous les gimmicks du célèbre détective sont là : la loupe, le violon, les habits british, la drôle de casquette ( j'en ai complètement oublié le nom, désolé ) et les inévitables déductions qui le caractérisent, pour ne pas dire qu'elles le rendent atypiqes. Et de ce côté ci, c'est parfaitement respecté. On a ainsi droit à l'une des meilleures représentations de Sherlock que j'ai pu voir à ce jour ( sans compter celle de Cumberbatch, que je considère comme étant la meilleure de toutes ), d'un niveau bien plus élevé que celui du "Chien des Baskerville". En effet, bien que j'apprécie particulièrement ce dernier ( et ce principalement pour ses acteurs et pour cette géniale touche de la Hamme ), je dois bien concéder à ce "Sherlock Holmes vs Jack l'Eventreur" de lui être bien supérieur. L'autre était excellent, mais ressemblait beaucoup trop, au final, à un film de la Hammer. C'était à la fois l'une de ses principales qualités et l'un de ses défauts les plus importants. En effet, Sherlock se pliait à la Hammer, alors qu'ici, ce sont les scénaristes qui se plient à Sherlock Holmes, et l'on ressent qu'ils appréciaient le personnage ( au point d'en utiliser toutes les ressources ). Ainsi, l'oeuvre est bien plus plaisante dans le registre de l'enquête, cette dernière partie étant bien plus poussée que dans la moyenne des cas. Holmes ne cesse de nous épater, de tirer des conclusions auxquelles nous n'aurions jamais pensées et qui, après explication, nous paraissent d'une logique implacable et d'une évidence frustrante. Et Sherlock joue avec cela par le biais de Watson, sorte de représentation du spectateur dans l'histoire. On est aussi paumés que lui, ce dernier étant interprété par un excellent Donald Houston, acteur ayant tiré le rôle de l'acolyte à demi comic releef. Il est amusant, on ne va pas se le cacher, mais sait faire preuve de son autorité naturelle et prouver qu'il sait quand même jouer comme un bosse. Le reste des acteurs, bien que moins attachants que les deux comparses, se débrouillent eux aussi sans problème, nous fournissant un casting de haute volée. Niveau scénario, comme je vous l'ai déja dit, c'est le top. Les déductions de Holmes sont d'une logique impressionnante et d'une certaine imagination, et les divers retournements de situation, bien que quelques uns soient prévisibles, se révèlent majoritairement efficaces et bienvenus. Ils coupent un peu le récit pour nous fournir une approche différente de l'histoire. Ensuite, voilà une excellente idée que d'avoir entremélé les bien différentes histoires de Sherlock Holmes et de Jack l'Eventreur car bien que mon premier soit fictif et mon dernier bel et bien réel, tous deux ont "évolué" durant la même époque; ils étaient donc logiquement destinés à se croiser un jour ou l'autre à l'écran, puisque nul ne l'avait jamais fait dans la littérature. Chose autrement impressionnante : la mise en scène. Avant cette oeuvre, je ne connaissais pas James Hill, metteur en scène franchement méconnu car n'ayant réalisé que six films au total, sans compter plusieurs séries. Et lorsque l'on voit le résultat de son Sherlock Holmes, je peux vous assurer qu'il y a de quoi vous en boucher un coin. La réalisation est donc réellement impressionnante, et d'une efficacité sans précéent. Les meurtres de Jack l'Eventreur sont vraiment atroces, forts d'une intensité et d'une tension des plus angoissantes. Je ne m'attendais pas du tout à cela, d'autant plus qu'ils sont extrêmement violents pour l'époque ( malgré un fin travail de suggestion ) et que cela ne cadre pas du tout avec l'atmosphère de la première scène dans le bar, des plus joyeuses et des plus chantantes. Et quelle idée de génie d'opérer cette cassure dans le récit, alors que l'on pouvait s'attendre à un quelconque film bébête sur les aventures de notre détective favori. Au final, c'est un életrochoc, une authentique claque en plein visage. La bande-sonore, excellente, ajoute énormément aux scènes "gores", et ajoute beaucoup à la tension et à l'angoisse. Voilà donc une excellente composition de notre ami Hill, malheureusement trop rare sur nos écrans. Je me suis régalé, et si vous appréciez ce genre de films, je pense que vous ne pourrez que faire de même.