Je n'ai même pas à hésiter sur la note. WOW. Perfect Sense fait partie des 3 plus beaux films que j'ai vu de ma vie. Il représente mon idéal cinématographique, que ce soit scénaristiquement, musicalement, visuellement ou émotionnellement. J'ai rarement pleuré devant un film. Etre très ému oui, très souvent, mais les films m'ayant vraiment fait verser des larmes se comptent sur les doigts d'une main atrophiée. En 1h30, Perfect Sense l'a fait trois fois... Dès les premières secondes, j'étais pris dedans et je n'ai pas pu m'en détacher avant la fin, les premières larmes apparaissant au bout de 14 minutes montre en main, happé par l'ambiance du film et par ce feu d'artifice d'émotions intenses qui m'ont laissé sur le cul. Pourquoi le film m'a-t-il autant touché là où d'autres l'ont trouvé fade ? C'est une question de ressenti, probablement, mais je suis quasiment certain que je ne vais jamais trouver de film plus bouleversant que celui-là. Est-ce la beauté et la subtilité d'un sujet déprimant auquel il m'était déjà arrivé de penser très souvent ? Le fait de perdre progressivement tous ses sens, petit à petit, sans pouvoir rien n'y faire, jusqu'à ce qu'onl soit définitivement seul face à la mort, doit être la pire des tortures qu'on puisse infliger à l'être humain. Le film, relevant pourtant de la science-fiction, est tellement crédible et réaliste, tellement vrai. David MacKenzie traite ce sujet comme personne n'aurait pu mieux le faire, avec sensibilité, mettant en exergue les émotions de l'être humain, ses craintes face à un fléau qui le frappe sans raison, ses questionnements incessants, ses réactions et son adaptation à un nouveau monde. Il fait tout ça à travers deux personnages et choisit de raconter cette fin du monde pessimiste sous un angle romantique, via la rencontre entre deux âmes perdues. J'ai lu ci et là que la réalisation était bancale et peu inspirée, mais a-t-on vu le même film ?! Les plans qui parsèment ce film sont diablement inspirés, au contraire. Dès le début du film, j'ai été surpris par l'habileté de la caméra, par les prises de vue originales (comme la caméra fixée au vélo qui nous montre le visage d'Ewan McGregor), appuyées par une photographie des plus exquises. Dès le premier quart d'heure, je n'ai pas pu m'empêcher de lever les bras en murmurant "que peut-on dire de plus ?" : j'avais mon film parfait devant les yeux et je ne comprenais même pas ce que je faisais devant. Et le jeu d'Ewan McGregor... qui au moindre regard est capable de nous foutre le moral à zéro, est-ce lui qui m'a tant ému ? Et celui d'Eva Green, actrice que je n'appréciais pas plus que ça et qui me faisait douter quant à la qualité du film, mais qui forme avec lui un duo remarquablement fluide et complice ? Est-ce encore la mise en immersion de toute cette histoire, qui parvient habilement à intrégrer le spectateur au coeur du film, comme s'il perdait lui aussi tous ses sens ? Les effets sont remarquablement bien trouvés, et sur toutes les fois où je me suis dit pendant le film "oh putain, s'il y a ça, ça sera magnifique, je VEUX ça", à chaque fois ça s'est réalisé. On voit toute la déchéance de l'humanité face à ce phénomène puissant et injuste, on voit tour à tour les êtres humains démunis face à la catastrophe, cherchant le réconfort, essayant à tout prix de profiter de leurs dernières sensations, c'est magistral. Qui plus est, le réalisateur David MacKenzie a tout pigé... Au lieu de nous faire un bête film catastrophe qui en fait des tonnes et des tonnes, au lieu de tenter de nous expliquer scientifiquement comment ça se passe, au lieu de nous faire chier avec des expéériences de labo, il concentre toute la trame sur les sensations, sur les émotions pures, sur le côté humain de la chose et non pas le côté rationnel. Est-ce enfin la musique qui m'a tant fait pleurer ? Je crois bien que oui... Là où certains ont peut-être vu une musique tire-larmes, j'ai été bouleversé par chaque note, par chaque envolée sonore de Max Richter. Alors ce type-là, je ne sais pas exactement ce qu'il a fait comme BO mais il va falloir que je creuse. Après m'avoir ensorcelé des mois et des mois avec la musique de Valse avec Bachir, après m'avoir hanté des semaines avec une musique de Shutter Island, voilà qu'il m'a fait frissonner intensément pendant 1h30, et m'a donné envie de revoir et revoir ce film encore. Les emportements lyriques de la musique, sa puissance liée aux images bouleversantes, tout ça est presque trop beau. Putain j'en redemande ! Article complet : http://sebmagic.over-blog.com/article-perfect-sense-de-david-mackenzie-105628303.html