Le point de départ de ce documentaire est la manifestation " La Pute Pride " qui s'est tenue le samedi 18 mars 2006 sous les fenêtres du Premier ministre à l'initiative des membres d'un nouveau collectif de travailleu(r)ses du sexe, baptisé "Les Putes". Bien que passée inaperçue, avec ses 500 manifestant(e)s regroupées place Pigalle, elle fut néanmoins la marque d'un nouveau type de revendication chez les prostituées, celui de revendiquer l'activité prostitutionnelle comme un métier avec ses droits et ses devoirs. " Il existe une prostitution forcée qui s'exerce dans la contrainte et qu'il faut combattre car elle est dominée par le "phénomène mafieux", explique le réalisateur Jean-Michel Carré. Depuis longtemps, les prostituées ont droit à l'amalgame entre prostitution et exploitation sexuelle qui porte physiquement et psychologiquement atteinte aux femmes, et qui considère leur corps comme une marchandise pouvant être achetée et vendue. Mais la prostitution est aussi, selon plusieurs associations de prostituées "une activité humaine" que l'on doit libérer de ses anciens asservissements sacrés, culpabilisateurs et répressifs. Le jour de la manifestation elles et ils ont adressé une lettre à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, pour poser les risques d'une politique abolitionniste. "
" Qualifiée de plus vieux métier du monde, la prostitution reste un " obscur objet de haine et de désir ". Elle a stigmatisé le symbole de l'exploitation de la femme par l'homme dans toutes les sociétés. Ces problématiques, je les avais traitées, il y a plusieurs années, dans un cycle sur la prostitution. Mais depuis la loi Sarkozy, certaines femmes et hommes revendiquent à nouveau haut et fort la volonté de pouvoir louer librement leur corps, de défendre leurs pratiques sexuelles et réclament que leur métier soit considéré comme aussi respectable qu'un autre, avec ses droits et ses devoirs. Paroles dérangeantes qui nous questionnent sur un fait de société victime de jugements moralisateurs, d'anathèmes de certaines féministes et de mépris de beaucoup d'autres. Une activité qui interroge, naturellement la sexualité, mais aussi les rapports hommes / femmes, le pouvoir, l'argent, la définition d'un travail... Une question sociétale où il est indispensable de sonder l'économie de marché qui utilise une pseudo libération sexuelle pour justifier la marchandisation de l'intime au nom de la prétendue liberté du consommateur. Conjointement, chaque pays revendique unilatéralement ses lois permissives ou coercitives sans pour autant avoir été capable d'éradiquer la prostitution - esclavage. C'est au travers de vies, de pratiques et de témoignages de femmes et d'hommes qui utilisent librement et professionnellement leur sexualité que ce film a été réalisé. Tourné en France, mais aussi en Belgique et en Suisse, ce film fait émerger les réflexions de fond qui implique le rapport du pouvoir et de la soumission, tout en questionnant les fantasmes qui agitent les hommes et les femmes. "