Voilà un court métrage « frankenstein » dont on ne peut nier qu’il a une certaine efficacité comique.
D’un point de vue technique Derrick contre Superman fonctionne bien. Les extraits choisis correspondent sans problème aux dialogues, les différents morceaux s’emboitent plutôt bien même s’il y a parfois quelques anicroches. En clair, l’idée de base du film est respectée et conduite avec une réelle habilité. Là-dessus il n’y a pas grand-chose à redire.
L’histoire de son coté est uniquement un prétexte à développer une série de sketch comiques. En effet il n’y a pas de cohérence particulière, et ceux qui pensent, à la lecture d’un synopsis, voir un court métrage avec une narration traditionnelle en seront pour leurs frais, car il n’est pas des tout questions de cela. C’est un peu gênant au final, car du coup tout le film repose essentiellement sur le décalage entre les images et les dialogues, se privant d’une trame de fond qui aurait pu amener aussi un vrai grain burlesque. Par ailleurs le film accumule énormément de séries, passant parfois très rapidement sur certaines, et du coup l’ensemble donne un sentiment un peu brouillon, un sentiment de fourre-tout. Il aurait été peut-être plus judicieux d’approfondir certains sketch (avec Hanin, Amicalement vôtre…) et éventuellement de faire une seconde partie avec d’autres personnages.
Les dialogues sont donc l’élément comique central. Il y a en effet des répliques bien ciselées, des échanges souvent absurdes, des références politiques qui n’ont plus d’échos aujourd’hui mais qui amusent toujours compte tenu du fait que les personnalités en question sont toujours dans la sphère médiatique. Maintenant il est regrettable que le film cède parfois trop à la facilité. C’est peut-être lié justement au problème d’approfondissement de chaque sketch, mais c’est vrai qu’il y en plusieurs qui manquent de consistance (avec Amicalement vôtre justement, Le prisonnier aussi). D’autres au contraire sont bien réussis (la plupart des échanges entre Derrick et son acolyte, le passage avec Matt Houston qui s’avère surement le plus travaillé de tous). Par ailleurs je regrette qu’avec toutes ces séries, Derrick contre Superman ne propose pas un minimum de bande son.
En somme, un court métrage assez improbable, qui fait passer un petit quart d’heure léger et sympathique, un brin nostalgique aussi. Le traitement n’est probablement pas à la hauteur de la rencontre entre les deux héros du titre, mais au final l’originalité du propos, la qualité de l’interaction texte-image, et les quelques répliques fameuses emportent le morceau. A voir.