Je n’ai jamais regardé ‘Bad Boys’, pas plus que sa suite. Ne riez pas, ça peut arriver - je n’ai pas vu non plus les ‘Saw’ et les ‘Fast & Furious’ - et il me semble que c’est aujourd’hui un peu tard pour m’y mettre. Ce qui m’a malgré tout convaincu de regarder cette suite tardive, qui arrive pas moins de dix-sept ans après le second volet, c’est qu’il est réalisé par deux réalisateurs belges, Adil El Arbi et Billal Fallah, adoubés par Michael Bay en personne pour prendre sa succession. A vrai dire, j’ai quand même eu un peu de mal à me glisser dans le film mais peut-être est-ce parce que je n’ai pas vu les précédents ou peut-être parce que El Arbi et Fallah, dont je ne connais pas la touche personnelle puisque je n’ai pas vu non plus leurs films tournés en Belgique, se seraient risqué à une réal’ typée années 90 à laquelle je ne suis plus habitué. De toute façon, on finit par s’adapter assez naturellement à ce rythme un peu artificiel, et on ne remarque plus aucune différence entre le boulot des deux Bruxellois et celui de n’importe quel habile faiseur que l’industrie hollywoodienne recrute périodiquement pour gérer ses blockbusters d’action. On ne remarque plus non plus la moindre trace “d'européanité”, pas plus que chez un Louis Leterrier du reste, ce qui tendrait à prouver qu’ils ont parfaitement compris que pour faire carrière sur place, mieux valait éviter de faire preuve de personnalité et d’indépendance. Comme je n’éprouve aucune nostalgie vis-à-vis des ‘Bad Boys’ des années 90, je ne peux même pas lui filer le petit coup de pouce subjectif que j’accorde aux classiques qui ont compté pour moi, et je ne peux le voir que comme ce qu’il en reste aujourd’hui, platement, considéré d’un oeil froid et reptilien. Je me sens un peu comme le môme des années 90 à qui on montre ‘Angélique marquise des anges’ en lui répétant à toute force à quel point c’est génial et sulfureux. ‘Bad Boys’ est juste un polar moyen, mené par un acteur dont la classe naturelle ne fait plus autant recette qu’à l’époque, avec un scénario moyen equi ne rechigne pas au deus ex machina abusif, et dont même la violence démonstrative reste finalement très standardisée. Ceci dit, ‘Bad Boys for life’ parvient tout de même assurer un spectacle minimal avec quelques fusillades bien chorégraphiées et il parvient même à se montrer occasionnellement drôle, entre deux taglines usées jusqu’à la corde. Je sais que l’idée est de rendre hommage à l’esprit d’une autre décennie, voire d’un autre siècle, m’enfin le filon des sempiternels gags sur les héros vieillissants et le buddy-movie contre-nature entre le chien fou et celui qui est trop vieux pour ces connerie, a eu le temps de s’épuiser depuis l’époque en question.