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Yves G.
1 511 abonnés
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3,0
Publiée le 26 juillet 2023
Le jeune Törless (Mathieu Carrière) est arraché à l’amour envahissant de sa mère (Barbara Steele) pour intégrer un lycée militaire en Autriche-Hongrie dans les premières années du siècle dernier. Ses camarades, Beinerberg et Reiting, après avoir découvert le larcin commis par un autre élève, Basini, font de lui la victime consentante de leur chantage et de leur sadisme. Törless ne prend pas une part active à ce harcèlement mais ne s’y oppose pas non plus.
"Les Désarrois de l’élève Törless", publié en 1906, est le premier roman de l’écrivain autrichien Robert Musil. On y trouve déjà la tension qui parcourra toute son œuvre entre d’un côté la science et la rationalité, de l’autre les sentiments et l’irrationnel.
On vit a posteriori dans ce roman une anticipation du fascisme et de ses ressorts, le jeune Törless manifestant la même passivité face à la violence de ses camarades que la bourgeoisie libérale de Weimar face aux excès des SA nazies.
"Les Désarrois de l’élève Törless" s’inscrit dans un genre bien identifié : le film de pensionnat – à ne pas confondre avec son cousin : le film qui se déroule dans une maison de redressement. On pense aux "Disparus de Saint-Agil", à "La Cage aux Rossignols" (dont le remake, "Les Choristes", connut un étonnant succès en 2004), à "Jeunes Filles en uniforme" (qui révéla Romy Schneider), à "If…", à "Au revoir les enfants", au "Cercle des poètes disparus"… Le genre connut sans doute son expression la plus achevée dans la saga des "Harry Potter". Il y aurait un article voire un livre à écrire sur ce microcosme, coupé du monde extérieur, où coexistent deux lois, celle des adultes, organisée selon la sévère routine des cours, des repas, des couchers et celle des lycéens eux-mêmes avec leur code d’honneur et leur hiérarchie non-dite, et à la façon dont le cinéma l’a filmé.
Volker Schlöndorff n’a pas trente ans quand il en tourne l’adaptation en 1966. C’est son premier film, le début d’une longue carrière encore inachevée (à quatre-vingt ans passés, Schlöndorff continue à tourner), qui remporta très (trop ?) tôt son plus grand succès avec "Le Tambour" en 1978.
Le film aborde le harcèlement psychologique par le biais de la maltraitance. Mais il aborde aussi intelligemment la complicité passive. C’est ce que les traducteurs ont nommé en parlant de désarroi. Les jeunes ne respectent pas la justice en la faisant eux-mêmes. Ils témoignent d’une immaturité effrayante tout en fascinant le faible Törless qui croit en ce châtiment. Un film dur et cruel sur l’adolescence qui termine cependant par un long monologue qui vient légèrement ternir un peu cette vision de jeunesse dans le sens où les propos semblent vraiment écrits par un adulte. Il fait une sorte d’analyse de son comportement de voyeur. « Je voulais voir jusqu’où il pouvait se laisser humilier » Au moins à la fin il aura grandi et compris ses fautes.
Un film ultra vieillissant qui ne trouve plus de réel intérêt sorti hors de sa période. L'oeuvre dépeignant un monde sans autorité où le justice soi-même prévaut, possède un message qui ne propose ni de solutions et qui ne montre pas l'origine de tout cela.
Musil était un auteur-philosophe dont la vision atypique a mis du temps à faire valoir sa place dans le nouveau siècle. Premier roman de l’auteur devenu premier film de Schlöndorff, c’est une œuvre qui dans les deux cas respire une ignorance avouée (dans la façon à la fois que dans le thème) remplaçant l’expertise sans faille qui semblait obligatoire pour devenir ou écrivain avant 1906, ou cinéaste avant 1966. Törless est un double coup de fouet artistique.
Celui de Schlöndorff est immédiatement devenu une création d’avant-garde & il fait toujours turbiner les méninges à ce jour : exhibant l’éducation austro-hongroise qui sert de germe à l’Allemagne que l’on sait, il fait de la sévérité & de la monotonie du système les inspirations à des projets à moitié insensés qui ne peuvent être que malsains. On parle ici de torture physique & mentale ainsi que d’homosexualité (trois choses égales en horreur à l’époque de Musil) qui s’extériorisent à demi-mot & en cachette en guise de punition contre un voleur.
Ce voleur, c’est Basini, & c’est le personnage principal, car Törless (tels les philosophes en lesquels s’érigent les à la fois Musil & Schlöndorff) est le simple observateur. Il remet en cause à lui seul le tort prétendu de celui qui contemple sans agir, pourtant sa curiosité morbide vaut bien les exactions sadiques de ses comparses quand il s’agit de torturer Basini à titre d’expérience. Cette expérience, Törless y donne bon fond par sa lucidité qui n’a de tort que son insensibilité (laquelle se confronte à l’inverse à une sensibilité presque anachronique du personnel éducateur) tandis que les tortionnaires exsudent par la violence brute une autre volonté d’aller au fond des choses.
Le plus pathétique de tous est toutefois Basini, pour qui l’expérience consiste à tout subir. Ce naturel provoque l’irritation de ceux qui croient philosopher mais dont le crescendo de cruauté se révèle inapte à appuyer leurs convictions préconçues ; une spirale qui les oblige à le pousser plus loin encore – de plus en plus par simple orgueil, jusqu’à la rupture. Chaque comportement, tout abominable soit-il, est une ouverture philosophique en soi.
On peut facilement détester tous les personnages & supplier pour un peu d’air frais en-dehors de cet internat vicié par des pensées adolescentes trop promptement tournées en axiomes, mais aucune conclusion n’est évidente & il faut vraiment donner du sien pour justifier qu’on n’aime pas le film.
Il semble que Schlöndorff nous livre, en plus de scènes franches – parfois glaçantes – qui donnent toute leur substance au secret & au non-dit, tout le nécessaire philosophique dont il faut user pour bien le comprendre, ce qui, on s’en rendra compte, ne se résume pas à dire que le film ouvre une nouvelle ère.
L'histoire n'est pas fantastique, mais ça soit, une bonne réalisation peut compenser. Le problème justement, c'est que cette dernière est correcte, mais sans plus. Les acteurs, eux, sont même carrément nuls. Par exemple, le fameux voleur qui se fait torturer a toujours l'air d'assez bien aller après une bonne nuit de sommeil, et toutes ses blessures ont disparues... Oui le film a quelque problème d'incohérences aussi. Enfin soit. Le seul bon point, c'est la narration qui raconte bien l'histoire sans perdre trop de temps sur des détails inutiles. Cependant, elle rate toutes les bonnes occasions d'offrir vraiment quelque chose d’intéressant au spectateur.
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3,5
Publiée le 20 février 2016
L'annèe 1965-66 marque un nouvel essor du cinèma dramatique en Allemagne, grâce, en particulier à ce film important qu'est "Der junge Törless" de Volker Schlöndorff! C'est l'histoire d'un èlève d'abord fascinè par la violence, mais qui finit par en être ècoeurè! Dans un magnifique noir & blanc, le rèalisateur aborde remarquablement le thème de l'humiliation et du sado-masochisme en milieu ètudiant où Barbara Steele y tient un petit rôle tout à fait fascinant. "Der junge Törless", comme premier long-mètrage de Schlöndorff, ça s'explique d'abord par son autobiographie! Celui d'avoir passè deux ans en internat chez les jèsuites à Saint-François Xavier, à Vannes dans le Morbihan! C'est loin d'être une institution militaire comme l'internat de Törless mais il y règnait une certaine discipline avec des dortoirs que tous les moins de vingt ans ont plus ou moins connu dans leur enfance! Mathieu Carrière, seize ans à l'èpoque, est inoubliable! spoiler: C'est avant tout un èlève calme et observateur, intèressè par les combats des autres mais pas nècessairement prenant parti tout de suite! Saluons ègalement l'èlève victime (juif d'origine) et les actes durs qu'il subit entre cruautè et sadisme par des jeunes « dictateurs » [...] Törless qui traverse le village, la plume qui ècrase la mouche, les gros plans, les hommages à Fritz Lang, la jouissance de la violence, la mauvaise conscience ou le discours final font intègralement partie de la lègende de Törless...
Vu il y a très longtemps dans un cinéma vers Saint-Michel quand j'avais 17 ans, j'ai eu plaisir à le revoir . Même s'il m'avait marqué dans mon souvenir, l'adaptation du roman de Robert Musil a bien vieilli, et ce qui paraissait subversif et pervers il y a 30 ans devient tellement dilué par la violence actuelle et l'époque dans laquelle nous vivons. Il n'en reste pas moins que ce film vaut d'être vu, pour la question du bien et du mal que soulève l'élève Toerless lors de son passage en conseil de discipline.
Ce film de Volker Schlöndorff sèchement adapté du roman de Musil raconte l'initiation d'un adolescent aux aspects les plus oppressifs de l'harcèlement scolaire. C'est ironique (et sans doute voulu) aussi que ce film se passe sous la monarchie austro-hongroise, dévoilant d'un côté les racines du fascisme et la lâcheté des témoins.
A quelques jours de la sortie de ‘’Diplomatie’’, il était temps de revoir’’Torless’’ pour mieux apprécier le chemin parcouru par cet intellectuel du cinéma allemand qu’est Volker Schlondorff. C’est ce film sorti en 1966 mais se déroulant en 1906 qui a fait connaitre ce réalisateur. A le revoir, presque 50 ans plus tard, il laisse toujours cette sensation de malaise mais il perd son impression de qualité. Il y a beaucoup trop de longueurs, la mise en scène est approximative et le jeune interprète de Basini n’est pas très bon. L’ambition est énorme, toute la la morale tient dans les quelques mots prononcés par Torless peu avant son renvoi officiel du collège. La lâcheté des professeurs et la conjuration de l’ensemble des élèves contre Basini semblent quand même bien excessives. Le nazisme résulte de circonstances exceptionnelles et d'une sélection de pervers alors que l’on est dans le tout-venant. Il faut malgré tout saluer le côté prémonitoire du roman de Robert Musil, c’est à lui seul qu’en revient le mérite. C’est l’occasion d’admirer le magnifique adolescent que fut Mathieu Carrière, il a 16 ans dans ce film et cela restera le rôle de sa vie. Vie bien remplie par ailleurs par de multiples activités en Allemagne.
C'est le premier long-métrage de Volker Schlöndorff, qui fut auparavant l'assistant de Jean-Pierre Melville, d'Alain Resnais et de Louis Malle, ce dernier "parrainant" d'une certaine façon Les Désarrois de l'élève Törless, puisqu'il en assure la "supervision artistique". Le réalisateur allemand adapte un roman de Robert Musil paru en 1906, dont il restitue bien l'ambiance malsaine et le pessimisme philosophique. Le récit, très maîtrisé, s'accompagne d'un style approprié, un noir et blanc austère et glaçant. Quant à la thématique de l'enfance ou de la jeunesse maléfique, c'est un topos de la littérature et du cinéma. Mais ici, le contexte donne à l'histoire une résonance particulière : l'expression de la cruauté et du sadisme de Reiting et de Beineberg, ainsi que la relative passivité de Törless brossent le tableau d'une génération qui portera et soutiendra, quelques dizaines d'années plus tard, le nazisme. La réflexion philosophique de Musil se dégage explicitement dans le monologue final du film : originellement, l'homme n'est ni bon ni mauvais ; ses actions peuvent l'incliner tout aussi naturellement vers le bien comme vers le mal, et faire de lui, selon le contexte, une victime ou un bourreau. Il n'y a pas d'ordre moral. Tout est possible, même les pires atrocités... Prix de la critique internationale au festival de Cannes 1966, le film marque le renouveau du cinéma allemand, après le tunnel de l'après-guerre. Du côté des acteurs, l'interprétation de Mathieu Carrière, mélange de distance et de trouble, est remarquable, tandis que la présence de Barbara Steele (Le Masque du démon, La Chambre des tortures...) est insolite. Enfin, il y a un parallèle à établir avec Le Ruban Blanc de Michael Haneke, Palme d'or 2009, qui plonge aussi aux racines du nazisme, mais dans un contexte rural et sous un angle plus mystérieux.
L'affaire d'un jeune accusé à tort par une sorte de lobby sinon par les membres d'un groupe eux-mêmes responsables de crimes divers et variés. Sans appel.
Premier long-métrage pour Volker Schlöndorff qui réalise un film assez puissant dans son sujet mais qui en manque dans sa mise en scène. Certaines situations et dialogues sont très réussis mais le film souffre un peu de lenteur heureusement qu'il est court. Ne vous attendez pas à un chef-d'oeuvre mais Les Désarrois de l'élève Toerless mérite d'être découvert.
Les Désarrois de l'élève Törless est le premier film de Volker Schlöndorff, dont le chef d'oeuvre est incontestablement Le Tambour, réalisé en 1979, alors que celui-ci date de 1966. Cet essai prend comme source un roman de Robert Musil, écrivain autrichien publié en France chez le Seuil, et dissèque minutieusement les comportements d'un adolescent qui se reflète de plus en plus à travers la mentalité nazis. Le sujet est extrêmement délicat, pour ne pas dire épineux, puisque la tentation de blâmer cette idéologie semble instinctive et évidente. Mais l'enjeu se doit d'être bien différent. Tout d'abord, Der junge Törless analyse le portrait d'un jeune écolier qui poursuit ses études dans un établissement bourgeois de l'Autriche de la fin du XIXè siècle. Cette ouverture assez banale va casser cette apparence clémente lorsque ce dernier va recontrer ses camarades de classe. Leurs comportements, pour le moins inquiétants, va prendre par la suite des évènements une dimension de plus en plus démonstrative. Entre autre, ils trouvent comme divertissement des jeux vicieux dont le but principal est de provoquer le malaise d'un des leurs, comme par exemple, l'intimidation, la mutilation, la violence gratuite, qu'elle soit sur les être humains ou sur tout autre espèce vivante, comme les animaux. Ce genre d'attitude dans lequel évolue notre jeune protagoniste lance chez le spectateur une réflexion qui cherche à comprendre comment peut-on prendre plaisir à de telle activité. Toutefois, le réalisateur s'affronte à un problème complexe qu'il n'arrivera pas à extirper de son langage. En effet, l'analyse correspond à une étude symbolique sur l'évolution de la mentalité nazis qui se manifesterait dès l'enfance, pour s'incruster définitivement dans l'avenir. Mais la réalisation est bien trop poussive et démonstrative dans la comparaison qu'elle fait de ces adolescents à ce qu'est réellement le nazisme pour être vraiment pertinente. Intéressant, l'exercice est courageux, bien que vieillit