Another Year : les secrets du tournage

Après avoir déjà abordé le thème de la vieillesse dans certains de ses films (High Hopes en 1998 ou Topsy-Turvy en 1999), Mike Leigh traite à nouveau le sujet dans Another Year en se basant cette fois plus ou moins sur sa propre expérience. "À mon âge, beaucoup de personnes de mon entourage ne sont plus là, comme mon producteur de longue date, Simon Channing-Williams, décédé l’année dernière. Tout cela affecte notre façon d’être et de voir la vie. Il est facile de s’identifier à Gerri et Tom parce qu’ils sont épanouis et s’investissent dans ce qu’ils font," confie-t-il.

Le film se découpe en quatre parties, qui correspondent aux quatre saisons de l'année. Chacune d'elle se distingue visuellement des autres.

"L’humour est important pour moi, mais je ne le recherche pas sciemment," explique Mike Leigh. Le soupçon de fantaisie qui apparaît dans Another Year s'est ainsi inséré naturellement durant la création du film, alors que le réalisateur traitait les problèmes des personnages.

Suite à son dernier film : Be Happy (2008) qui mettait en scène des trentenaires, le réalisateur Mike Leigh centre Another Year sur des personnages de la génération d'après qui, tout comme lui, ont une soixantaine d'années.

Le tournage du film fut l'aboutissement d'un long travail effectué en amont par Mike Leigh et son équipe. "(...)avec ce genre de films, nous passons d’abord des mois et des mois à créer, improviser et élaborer l’univers du film. Puis nous intégrons les scènes dans les décors, une à une, et enfin nous tournons. (...) C’est un long processus pour arriver à quelque chose de précis," explique le réalisateur.

Pour Another Year, Mike Leigh réunit une fois de plus les acteurs avec lesquels il a déjà souvent travaillé. Il retrouve ainsi Lesley Manville pour la neuvième fois de sa carrière. "J’ai la chance de travailler avec des gens intelligents, créatifs et originaux, qui sont avant tout des acteurs de genre. Ils ne mettent jamais leur ego en avant et travaillent au service de leur personnage," s'enthousiasme le réalisateur.

Au moment de contacter les acteurs, le réalisateur, comme à son habitude, n'avait pas encore décidé avec exactitude de la nature du scénario : "Je conclus le marché suivant avec les acteurs : «Vous participez au film. Nous ne savons pas encore de quoi il s’agit. Nous n’avons pas défini les personnages. Nous allons en faire la découverte ensemble,» explique-t-il.

Mike Leigh, issu de la classe ouvrière, se plait dans ses films à dépeindre la classe moyenne. "En tant que cinéaste, et comme je ne fais pas de films autobiographiques à proprement parler, j’ai pour responsabilité d’observer le monde, de l’appréhender et de montrer les gens qui l’habitent. S’ils sont de classe moyenne, qu’il en soit ainsi (...) ce que je fais relève du «miroir du monde» dont parlait Shakespeare. Il s’agit simplement du monde dans lequel nous vivons," explique le réalisateur.

Pour Another Year, Mike Leigh travaille à nouveau avec son directeur de la photographie fétiche, Dick Pope, qui participe à chacun de ses films depuis 20 ans.

On peut retrouver plusieurs similitudes entre Mike Leigh et le personnage de Tom. Ils appartiennent notamment à la même génération et sont tous deux issus de la classe ouvrière.