Je ne sais plus quel réalisateur ou cinéaste, à qui on a un jour posé la question de savoir ce qui faisait un bon film, a répondu d'emblée : "l'histoire, l'histoire, l'histoire!". Je ne sais pas non plus pourquoi cette citation me vient en tête au moment d'écrire la critique de ce magnifique "Shelter" dont je suis tombée littéralement sous le charme et dont je ne cesse de penser et de repenser quelques jours après l'avoir découvert. Y penser et repenser avec le sourire aux lèvres et me sentir bien, voilà l'impact que ce film à petit budget a eu sur moi... Depuis l'excellent Brokeback Mountain, les films traitant de l'histoire d'amour entre deux hommes m'attirent mais rares sont ceux qui égalisent leur référence "cow-boyienne". Certains sont plus réussis que d'autres et (mais?) bien souvent les histoires se répètent: un homme se découvrant attiré par un autre homme alors qu'il se pensait hétéro, famille brisée, remise en question et toujours une fin triste version amour impossible. "Shelter" n'a rien d'original si ce n'est sa fin heureuse (et belle), sa réalisation non plus n'a rien d'original et on se croirait presque dans une série américaine façon teenager des années 2000 au bord de la mer... Alors pourquoi cette note? Parce que la sincérité et la justesse de "Shelter" m'ont touchée. Parce que le film est court (TROP court. On a du mal à se détacher des personnages et on ne veut pas les quitter) et qu'il ne perd pas de temps, parce que l'ambiance est simple et épurée, que les dialogues sont directs et intelligents, parce qu'il ne tire pas dans le mélodrame facile, parce que... beaucoup de choses. Le film brille par sa simplicité. Tous les comédiens sont bons et composent de beaux personnages, tous attachants, en particulier le couple. Trevor Wright est extraordinaire, quasiment magnétique, et son personnage de Zach, jeune homme dévoué à sa famille qui occulte ses passions, rêves et désirs, est sublime... Il n'en fait pas des caisses et joue sobrement, évitant les écueils du doute et du rejet quand il découvre ses sentiments pour un autre homme comme on le voit dans beaucoup de films de gay-romance. Shaun (l'homme qui l'aime) lui ouvrira les yeux et lui permettra de dire stop à cette vie qui n'est plus celle dont il veut, ce que personne n'a fait auparavant. Il lui permettra de s'épanouir en croyant en lui. Il y a cette phrase très belle à la fin du film quand Zach dit à sa sœur que Shaun saura prendre soin de son neveu... et de lui. Il a compris que l'amour doit primer plus que tout, avant tout, et qu'il doit se laisser aller à celui-ci, aux bras de quelqu'un qui l'aime et qui sera enfin une personne qui veillera sur lui (les scènes, sobres, où Zach se laisse aller en fermant les yeux dans les bras réconfortants de Shaun sont à cet effet équivoques). "Shelter" est une petite perle infiniment précieuse.