Dersou Ouzala a absolument tout du film que j'aime. Certes, j'ai donné quelques 10/10 à des films, mais cela reste un club restreint; ce film y trouve pourtant toute sa place.
Pourquoi? Parce que si je devais évoquer les défauts du film, je n'en trouverai qu'un : un petit essoufflement vers la fin du film, qui aurait pû être plus épique (il y avait matière), mais les derniers instants sont si touchants qu'on balaie aussi vite cette baisse de rythme. Le reste, de toute façon, est absolument génial.
J'aime la simplicité, c'est cette simple simplicité qui transforme le quotidien en oeuvre d'art. Kurosawa ne s'embourbe pas d'effets de style. Il saisit tout dans sa pureté, dans son naturel, ces hommes ou cette nature de sibérie.
Dersou Ouzala est de ces films qui sont comme des romans photos, des récits d'aventures, qui sont les seuls capables de me faire retrouver l'innocente curiosité de mon enfance. Ici, la nature, les éléments, tout cela est incroyable. Kurosawa film merveilleusement les plaines, les collines, les forêts, les déserts, la terre, la neige, l'eau, le feu, le vent, la pluie, le beau temps et la tempête, le froid, le chaud, le jour, la nuit, le levé et le couché du soleil.... Toute la nature est représentée dans ce récit, qui à la fois sublime la Russie et évoque l'universel, plus qu'un lieu, mais bien la terre entière.
Une nature magnifique, certes, mais aussi des hommes qui le sont tout autant. Des hommes qui vivent ou qui découvrent la vie, l'authenticité, la simplicité, qui ont finalement trouvés la voie de la vérité. Dersou Ouzala est incroyable. L'image du bon sauvage ne tient pas longtemps. Dersou Ouzala montre son rapport intime, surtout harmonieux, avec la nature; ses sens sont développés comme personne, sa pureté est immaculée, il représente le bien absolu; et ceci n'est pas le fruit d'un long exercice, mais simplement d'une justesse évidente. En ayant un rapport simple au monde, Dersou Ouzala ne fait jamais le mal, mais s'emplie d'amour pour son environnement, de la nature aux hommes qu'il croise. Vladimir Arseniev lui, scientifique, équilibre le rapport entre les deux hommes. D'abord passionné par les connaissances de Dersou, il devient passionné par la pureté de l'homme. Eux deux vivront une histoire d'amitié incroyable, si pure et belle, si franche, sans voile. Eux deux connaîtront le seul et unique lien qui devrait exister dans l'humanité, cette amitié, dans toute sa perfection.
Une nature et des hommes, Kurosawa nous livre ici les clés pourtant si évidente du bonheur humain : un rapport harmonieux avec les éléments et l'humanité. Un récit d'aventure et d'amour extrêmement fort qui ne peut laisser indifférent.