La phrase du début du film "Je ne me souviens plus qui était président de la République en 2009" a semblé délicate, au vu de la nouvelle situation familiale de Valeria Bruni Tedeschi: "Ça a compliqué les choses pendant une période et puis, finalement, tout le monde a décidé de passer outre", commente le réalisateur.
Le réalisateur a souvent utilisé les moments qui suivaient les prises et durant lesquels les enfants blaguaient entre eux. En les incluant dans le film, il a mis en avant leurs rapports alors très spontanés.
Le film, dans son prologue et son épilogue, change de temporalité, mais pour quelle raison? Le metteur en scène Romain Goupil explique : "Pour s’extraire de la gangue nauséabonde dans laquelle nous sommes plongés en ce moment, et qui fait que nous risquons de finir par réfléchir dans des termes inacceptables, d’entrer dans un débat dont il est évident que dans 50 ou 60 ans il sera considéré comme une indignité totale, dans sa formulation même. Il y a l’idée que les responsables de cette situation, comme les lâches qui ont refusé d’aider Sarajevo et qui ont détourné leurs yeux du Rwanda et de la Tchétchénie, peuvent déjà préparer leur discours de repentance pour dans 50 ans. Milana adulte décrit une situation devenue incompréhensible en 2067 – ce qu’on a fait subir aux enfants en France dans la première décennie des années 2000 – cela me permet de poser la question : combien de temps faut-il pour s’apercevoir que ce qui se passe maintenant est simplement inadmissible ?"
Sur la bande son, seuls les moins de dix-huit ans pourront percevoir les sonneries des portables de la bande d'enfants, qui sont leurs signes de ralliement, inaudibles pour les adultes puisqu'il s'agit d'ultrasons.
Si le projet a été spécialement prévu pour l'actrice, cette dernière a longtemps été réticente. Valeria Bruni Tedeschi a beaucoup contribué à dessiner son personnage, elle a choisi les vêtements et la coiffure de Cendrine, et a inventé pour elle un rapport très particulier à la féminité, au fait d’être mère.
Le metteur en scène Romain Goupil revient sur ses choix de format : "Je préfère le 35 mm à l’image numérique HD. La caméra utilisée permet de combiner les avantages du numérique et du 35, en particulier pour les perspectives et la profondeur de champ. Et en plus, elle s’appelle « red » ! On a pu tourner en longueur et multiplier les angles pour créer des sortes de jeu ou de joutes, entre les enfants, sans avoir à se préoccuper du coût de la pellicule, puisque nous étions en numérique."
Romain Goupil explique ce qui l'a conduit à réaliser ce film : "D’abord une sensation d’impuissance face aux effets de la politique de reconduite à la frontière des sans-papiers. Il y a eu, notamment, le cas de ce petit garçon, à Amiens : lorsqu’on a frappé à la porte de chez lui, son père s’est sauvé par les toits, il a voulu le suivre, est tombé, et s’est retrouvé dans le coma. Puis cette jeune femme, à La Villette, qui en entendant « Police », a essayé de sortir par la fenêtre, et s’est tuée en tombant. Cet homme, à Joinville, qui pour échapper à des contrôleurs du métro se jette dans la Marne et se noie…
Dans quel état d’angoisse devaient vivre ces gens pour en arriver à des choses aussi extrêmes ? Et le point de départ c’est également le fait que ces pratiques et leurs conséquences étaient, dans le contexte électoral de 2007 et sont toujours aujourd’hui, revendiquées par des hommes politiques, qui comptent sur cela pour gagner des points dans l’opinion publique."