Honeymoons a remporté le Prix du Jury lors du Festival de Cinéma Européen des Arcs qui s'est déroulé du 5 au 12 décembre 2009.
A propos de la construction et de la réception de son film, le réalisateur Goran Paskaljevic s'exprime : "J'ai imaginé le film comme un triptyque. L'histoire Albanaise, que j'ai co-écrite avec Genc Permeti, raconte le périple d'un jeune couple, Melinda et Nik, qui souhaite quitter l'Albanie. En parallèle, des jeunes mariés, Marko et Vera, quittent la Serbie pour l'Autriche, via la Hongrie, en espérant y construire une vie meilleure. La troisième partie du film mêle le destin de ces deux couples. Leurs histoires se déroulent en même temps mais ils ne se rencontrent pas. Je suis convaincu qu'à la fin du film, les spectateurs auront l'impression que ces deux couples sont dans la même sphère imaginaire, attendant au seuil de l'Europe : le couple albanais, dans un port au sud de l'Italie, tandis que les Serbes sont à la frontière hongroise, dans l'antichambre d'une petite gare. Malgré ce début de "voyages de Noces" décevant, un nouveau jour se lève à deux pas de ce monde "meilleur".
Si l' exil est décrit de façon poignante dans le film de Goran Paskaljevic, notons que le réalisateur lui-même à été obligé de quitter la Serbie en 1992 pour rejoindre la Communauté Européenne (avant de se fixer finalement en France en 1994) afin d'échapper à la montée du nationalisme serbe. Plus tard, c'est en visitant l'Albanie que le cinéaste s'interroge sur les idéaux communs aux deux peuples : "Lors de mon séjour en Albanie, j'ai rencontré beaucoup d'intellectuels qui pensaient comme moi et qui étaient bien au-dessus de toute considération nationaliste. Bien que les Albanais et les Serbes parlent une langue tout à fait différente, ils ont beaucoup de choses en commun, notamment le désir profond de faire partie intégrante de l'Europe."
A propos des relations serbo-albanaises, Goran Paskaljevic explique que "durant les quarante années de dictature sous Enver Hodxa, presque personne ne pouvaient visiter l'Albanie, pays parsemé de plusieurs centaines de milliers de petits bunkers ; et encore moins les voisins serbes. Aujourd'hui, après le conflit au Kosovo, il n'y a encore qu'un petit nombre de Serbes qui s'aventurent à visiter l'Albanie. Les préjugés et une mauvaise politique ont largement contribué à l'intolérance qui règne entre ces deux peuples. (...) C'est autour d'un verre de Raki que l'idée nous est venue : combiner nos efforts pour faire un film que je réaliserai entouré d'une équipe mixte. Dès mon retour d'Albanie, j'ai écrit le premier synopsis". Première co-production serbo-albanaise de l'histoire du cinéma, rendue possible un an après que nous ayons reçu les aides du Ministère de la Culture Serbe, du Centre National du film Albanais et de la Commission du Cinéma de la région des Pouilles en Italie, le tournage de Honeymoons fonctionnait avec une équipe rassemblant des techniciens des deux pays voisins, qui emploient des langues totalement différentes. Les équipes communiquaient donc entre elles en utilisant un mélange d'anglais, de français et d'italien.
Le film racontant en parallèle les pérégrinations de deux couples durant la même journée, l'un Albanais (incarné par Josef Shiroka et Mirela Naska), l'autre Serbe (incarné par Nebojsa Milovanovic et Jelena Trkulja), les deux duos d'acteurs qui interprétaient les amoureux, ayant tourné à des endroits différents, ne s'étaient alors jamais rencontrés avant la première du film à la 66e Mostra de Venise.
Pour les besoins du film, l'acteur Nebojsa Milovanovic, qui interprète un violoncelliste virtuose a dû apprendre les bases de cet instrument. Il raconte : "Des musiciens d'orchestre m'ont dit qu'ils avaient étudié pendant vingt ans pour pouvoir jouer le morceau de Schumann que j'ai appris en un mois (mais je n'en joue que trois secondes !)... alors je leur ai dit que la grande différence, c'est que je suis un acteur qui fait semblant de jouer du violoncelle".
Le long métrage de Goran Paskaljevic a été sélectionné dans deux festivals prestigieux : d'abord à la célèbre Mostra de Venise pour sa 66e édition, puis au 34e Festival de Toronto où il concourait dans la section "Maîtres du Cinéma".