Malin comme un singe sort en même temps que La Boutique des pandas qui regroupe aussi 3 films inédits des studios d'art de Shangaï.
Dans Attendons demain, la stylisation est plus élaborée. La direction artistique de ce film était assurée par HUANG Yongyu, l'un des plus grands peintres chinois du XXe siècle. Au lieu d'être vues d'un oeil critique, les vantardises du singe sont regardées avec une agréable connivence et le spectateur se laisse gagner par un irrésistible désir de farniente qui lui laisse tout le temps d'admirer le raffinement des décors, certains d'une beauté à couper le souffle.
Après l'extraordinaire succès du premier " lavis animé " : Les Têtards à la recherche de leur maman, Hu Jinqing qui est alors l'un des artistes les plus actifs du département des découpages articulés, déclare qu'il va réaliser des " découpages-lavis ". Mais c'est plus difficile qu'il l'avait d'abord imaginé. En effet, quand les personnages peints à l'encre sont découpés, leurs contours trop nets ne donnent pas l'effet recherché. Il faut de très longues recherches avant qu'avec ses collaborateurs il finisse par trouver la solution, à la fois artisanale et astucieuse : au lieu de découper les personnages, ils en déchirent soigneusement le contour. Ce faisant, ils retrouvent l'effet de léger flou de la peinture chinoise. De plus, comme la déchirure fait apparaître les fibres du papier, cette méthode permet de représenter avec une finesse exceptionnelle le moindre détail du plumage ou de la fourrure des animaux. Les films de Hu Jinqing réalisés avec cette technique, sont d'autant plus remarquables qu'ils reposent sur des scénarios extrêmement bien écrits (parfois par Hu Jinqing lui-même) et sont orchestrés par des musiques parfaitement adaptées à chaque histoire.
C'est Le Petit singe turbulent qui introduit la technique la plus novatrice, celle du découpage articulé déchiré. Cette nouvelle façon de faire, mise au point par Hu Jinqing et son équipe, permet pour la première fois à un découpage articulé d'avoir le raffinement des lavis animés (animation de la peinture à l'encre de Chine, rehaussée de couleurs). Peints dans le style de la peinture chinoise, les fonds comme les personnages ont toutes les qualités visuelles propres à cette forme d'art et le spectateur a du mal à imaginer que les figurines sont articulées. En regardant de plus près, il s'aperçoit que les contours des animaux n'ont pas du tout le caractère tranché des découpages. Il a même l'impression dans les gros plans de pouvoir compter les poils de la fourrure du petit singe ou du petit panda.
Dans Les Singes vont à la pêche, les personnages sont peints avec des couleurs vives et joyeuses, dans le ton de cette histoire humoristique. Ils sont découpés à l'emporte-pièce selon des formes extrêmement simples mais tout à fait suggestives.
Le singe tient une place importante dans l'imaginaire collectif chinois depuis des temps très anciens. Le singe, un des douze animaux du zodiaque, symbolise l'intelligence, la vivacité et l'humour. Éternel rebelle, il est le héros du grand roman mythologique Le Voyage en Occident (1592, attribué à WU Cheng'en) dont les épisodes sont connus de tous les Chinois, petits et grands. Ce livre permet de découvrir l'histoire merveilleuse de Sun Wukong, le Roi des singes : sa naissance fabuleuse et sa révolte contre les puissances célestes. Puni pour avoir semé le désordre chez les dieux, il est capturé et enfermé sous une montagne pendant cinq cents ans. Finalement le Bouddha le délivre pour qu'il escorte le saint moine Tripitaka (de son vrai nom : Xuan Zang dans son voyage jusqu'en Inde pour en ramener les textes sacrés du bouddhisme qui seront par la suite traduits du sanscrit en chinois. Très populaire, cette histoire aux multiples épisodes continue d'inspirer les arts plastiques aussi bien que le théâtre et le cinéma.