Avis sur Pacte avec le diable

Totalement disparu des écrans radar avant d'être exhumé par TCM, c'est avec un certain plaisir que j'ai découvert « Un pacte avec le diable », mélange assez rare de Film noir et de fantastique, jouant habilement sur la dualité entre ces deux genres a priori antinomiques. Après des premières minutes pouvant légèrement prêter à confusion, John Farrow déroule avec talent ce récit plutôt classique sur le fond (une âme innocente à corrompre pour le Malin), mais rendu séduisant par la qualité des personnages et une description du milieu politique souvent juste, évitant soigneusement la caricature pour aborder avec intelligence la délicate question du compromis et à partir d'où celle-ci se transforme en corruption. Difficile de prétendre que l'on agirait différemment de notre héros tant les diverses tentations mises sur sa route ont de quoi faire céder le plus intègre des hommes, quitte à trouver cela parfois un peu attendu dans les obstacles proposés. Dommage que ce rythme presque lent, notamment à la moitié, ait tendance à nous éloigner de ces belles qualités, accentuées par un fort beau noir et blanc et un casting idéal, de Thomas Mitchell en politicien intègre attiré par le succès en passant par Audrey Totter en « femme fatale » finalement assez complexe et surtout Ray Milland, très classe en vrai-faux Méphisto charismatique et assez macho sur les bords... Pourquoi a t-il alors fallu que la religion et la morale, déjà lourdement présente tout au long de l'œuvre, deviennent écrasantes spoiler: lors du dénouement, bâclé, venant grandement réduire la portée, la noirceur développée jusque-là, comme si la Paramount s'était emparée à la dernière minute du scénario pour empêcher le Mal de triompher...
De quoi terminer sur une note amère un titre qui, sans être parfait, faisait preuve d'une certaine audace et d'un réel talent pour offrir une approche différente d'un thème connu de tous : vraie curiosité, donc, à défaut de convaincre totalement.

Les temps sont durs pour le diable, toujours avide de corrompre des âmes pures. John Farrow choisit de revisiter le thème de Faust en l’appliquant à la politique. Thomas Mitchell acteur récurrent chez John Ford incarne l’honnête gouverneur qui a dédié toute sa vie à la traque des mafieux et l’animation d’un association sportive destinée à donner unee seconde chance aux jeunes délinquants. Tant de dévouement ne pouvait qu’exciter les forces du mal qui envoient sur terre Ray Milland pour faire dévier l’âme pieuse de sa route. Il faudra jouer de ruse car ce n’est pas avec la promesse de la réussite (cf. « La beauté du diable » de René Clair) notre héros sera tenté . Insidieusement Milland va amener Mitchell au bord du gouffre , celui-ci ne devant son salut qu’à son épouse un moment délaissée. Celle-ci saura trouver les mots pour remettre au final son époux sur la voie qui est la sienne. La question centrale du film pourrait être : « La fin, même généreuse, justifie t’elle tous les moyens ? ». Tout cela est un peu manichéen et moralisateur mais original dans son traitement de la légende de Faust. Une curiosité.

Une bonne variation sur le mythe de Faust. Ray Milland est un diable très convaincant.

Un film au scénario intelligent et non dénué d'humour. Tout cela est très bien réalisé et joué. C'est un peu dans l'ambiance de la série "Twilight zone" de la grande époque. La fin est quelque peu décevante. Mais le film est une réussite !

Le pacte faustien revisité par John Farrow en 1949, comme il le fut par Tourneur père ou le sera l'année suivante par René Clair: une curiosité, dans le sens où le fantastique voisine avec le film noir et par le milieu dans lequel évoluent les protagonistes (la politique). Ray Milland prête ses traits au malin avec une vraie consistance, lui qui avait joué jusqu'alors beaucoup de personnages positifs chez Wilder, De Mille, Leisen ou Fritz Lang. Son Méphisto, calculateur, très maître de lui ... et des autres, annonce déjà l'épouvantable Tony Wendice du 'Crime était presque parfait' hitchcockien.
Un film très sombre spoiler: malgré le happy end
, comme en témoigne l'éclairage des décors.
A découvrir.