Est-ce qu’il y a pas pire torture que de faire regarder en boucle les films de Marguerite Duras à un condamné ? J’avais vu Hiroshima, mon amour, une cata, mais bon, tout le monde a un navet dans sa filmo (ou presque). Je tente Agatha et les lectures illimitées, et là… C’est l’horreur ! Visuellement : une succession de plans fixes, et il y en a même pas assez, si bien que parfois elle nous les resserre. De toute façon, ce n’est pas grave, vu qu’ils n’ont quasiment aucun lien avec la narration du film. On a une succession de plans fixes d’une maison vide, genre « visite immobilière », du quartier (toujours aussi vide), et parfois des plans avec les deux acteurs, Bulle Ogier et Yann Andréa (je dis acteurs mais ils sont inertes et muets dans le décor, comme dans un tableau de Delvaux, sauf qu’ils sont pas à poil). En soi, les images pourraient avoir quelque chose, avec ce grain très bleuté, ces tons pastels, des angles pas vilains, un cadre balnéaire désert et froid, mais c’est pas du tout utilisé ! On dirait juste un fond d’écran prétexte à une déclamation en voix off atroce ! C’est le cœur du film, puisque Duras adapte sa propre pièce qui consiste en une sorte de dialogue (d’allure épistolaire) entre elle et son amant (Yann Andréa), lesquels incarnent un frère et une sœur aux mœurs incestueuses. Sincèrement, je ne comprends pas le concept ! Pendant 1 heure 30, les images fixes vont défiler, et dessus, on va se taper l’interminable échange sirupeux, répétitif et narré avec l’entrain et l’énergie de Droopy sous somnifère qui s’opère entre ces deux personnages d’un ennui mortel ! En fait, c’est comme un audiolivre avec un fond d’écran, sauf que l’audiolivre c’est celui d’un livre tout pourri, et c’est sans surprise, car c’est du Duras ! C’est de l’écriture minimaliste, chiante, sans âme, sans véritable émotion, aux tics de langage insupportables, c’est aussi froid, nu et dépouillé que les images. Heureusement, parfois quelques notes de piano viennent se glisser au milieu pour un intermède musical, et je dis « ouf » ! En fait, je me demande pourquoi Duras n’a pas simplement fait un vrai film ?! Pourquoi elle n’a pas mis en scène ce qu’elle raconte (la naissance et les progrès de cet amour interdit au fil des années, quitte à mettre un chapitrage qui aurait convenu à la construction du scénario) ? Pourquoi employer le médium cinématographique pour faire un audiolivre ? C’est nonsensique.
Je ne vais pas m’étendre beaucoup plus, car il n’y a rien de plus à dire. Pour ma part le meilleur restera dans les images, pleines de promesses si derrière le film avait vu le jour. Il y a une esthétique, ça fonctionne même pas mal pour générer tristesse et mélancolie quand le piano entre en scène, mais il n’y a ni scénario (sauf narré, et encore !), ni jeu d’acteur, ni travail de mise en scène, et Duras et Andréa narrent leur récit avec un ton soporifique terrible ! Ils auraient pu choisir de vrais acteurs, au moins pour mettre un peu de relief dans la plume molle de Duras ! Puis on sent qu’elle est âgée, qu’elle parle plus comme une grand-mère qu’une jeune fille (si j’ai bien compris, elle est plutôt jeune fille au moment du récit, au mieux jeune femme), on dirait plutôt qu’elle récite son testament qu’elle ne raconte une passion impossible. L’enfer. 1 pour le visuel et je suis gentil.