Couvre-feu est un métrage ma foi plutôt agréable, même si à l’instar de beaucoup de film appartenant au registre thriller-politique des années 90, il souffre d’être assez lisse.
Les acteurs sont globalement bons, avec toujours un excellent Denzel Washington qui déçoit très rarement dans ses prestations. Il emmène le métrage avec un enthousiasme certain, du charisme, et une grande conviction qui indéniablement fera plaisir. A ses cotés on notera une solide Annette Bening, dans un rôle peut-être un peu moins enthousiasmant, et un Tony Shalhoub à la hauteur, un peu injustement oublié dans ce film alors qu’il apparait beaucoup. En revanche, hormis dans quelques confrontations avec Washington, Bruce Willis est assez décevant. Enfin Sami Bouajila est très performant, on aurait presque aimé le voir davantage finalement.
Le scénario est moyen. Disons que le film est assez rythmé, qu’il y a des scènes fortes (celle de l’opéra par exemple), que l’intrigue soulève d’intéressantes questions. Mais d’un autre côté, Couvre-feu a des lacunes, notamment dans la narration. Celle-ci est trop saccadé, avec un début qui accumule les actes terroristes, et une seconde partie assez balourde, qui aurait pu quasiment faire un film dans le film tant elle nécessité plus de temps pour vraiment se déployer de manière crédible. Elle est par ailleurs un peu trop grandiloquente. Je dirai aussi que le film dégage une impression trop policée. Même si Zwick cherche par sa mise en scène à échapper à cette impression, clairement Couvre-feu aurait pu être plus intense, plus profond, là il dégage une impression de superficialité, pas trop grave quand même.
La réalisation est percutante. Zwick offre des moments mémorables dans son film (l’opéra, le bus), et sa mise en scène est réellement très maitrisée. C’est un très bon réalisateur en général, et ce film ne déroge pas à la règle, sachant saisir l’émotion nécessaire pour donner du volume à son film en dépit de son histoire et en dépit aussi d’un aspect visuel un peu tendre. La photographie et les décors, sans être mauvais, ne retiennent pas vraiment l’attention non plus. Vu le budget et le casting, qui font de ce métrage une grosse production luxueuse, on aurait pu attendre davantage. Le film se rattrape sur quelques très bonnes scènes d’action, et sur une bande son, soft mais pertinente, qui souligne délicatement ce que montrent les images.
Au final Couvre-feu est une découverte plaisante que j’ai faite, cela malgré un ensemble de critiques plutôt négatives. Le film est plaisant à suivre, en dépit de limites scénaristiques certaines, et d’un classicisme un peu gênant, qui d’ailleurs égratigne assez souvent l’œuvre de Zwick, réalisateur pourtant très talentueux et pour le coup rarement académique dans son travail. 3.5.