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    Mouchette
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    Renaud81
    Renaud81

    24 abonnés 82 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 5 janvier 2024
    Après une première expérience plutôt positive avec Bresson ("Un condamné à mort s'est échappé"), ce 2ème film m'a laissé totalement dubitatif. Bon, avec Bresson on sait à quoi s'attendre : rigueur, austérité, acteurs non professionnels, noir et blanc, pas de fioritures. Certes. Mais le ton terriblement neutre et monocorde de 99% des répliques (envisageable pour les monologues du film cité plus haut) est ici simplement très mauvais ! Aucune intonation, que ce soit pour menacer, insulter, consoler... Plus encore, les moindres actions souffrent elles aussi d'une absence totale de réalisme spoiler: (jets de terre, larmes, scène du viol, mort de la mère, "condoléances"...)
    Bref, malgré une histoire intéressante, et une "belle" fin, il n'y aura eu pour moi qu'une démarche artistique jusqu'au-boutiste, et peu de plaisir de cinéphile...
    ASSRANCETOURIX
    ASSRANCETOURIX

    21 abonnés 303 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 20 octobre 2022
    Ce terrifiant pensum illustre bien la faillite de ce genre de cinéma. On est au degré zéro, c'est laid, c'est gris, c'est sans intéret, c'est mal interprété, mais on dit que c'est fait exprès, c'est insignifiant au sens propre. On filme des acteurs qui n'en sont pas, personne n'est capable de citer le nom d'un seul des pauvres gens qui apparaissent, on ose pas dire qu'ils jouent, dans ce qui est au cinéma ce qu'un quignon de pain rassit est à la gastronomie. On est assez content que cette vague soi-disant nouvelle se soit arrêtée, mais elle fait encore hélas des dégats.
    Hotinhere
    Hotinhere

    547 abonnés 4 954 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 19 octobre 2022
    Un drame d'une noirceur glaçante mais un peu trop austère qui dépeint la fin de l'innocence d'une enfant tentant de survivre dans un monde brutal, et l'abandon de tout espoir.
    VOSTTL
    VOSTTL

    94 abonnés 1 932 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 octobre 2022
    Quatrième expérience avec Bresson.
    Que dire ? A lire ici ou là, il y a tant à dire apparemment.

    Pauvre Mouchette, petite fille solitaire, au minois mal lavé, habillée d'oripeaux et chaussée de sabots lourds. Le son porté sur les chaussures en particulier chez Bresson est tellement appuyé qu’il est difficile de l’ignorer.
    Lourds comme la misère qu’elle traîne, qu’elle endure.

    spoiler: Entre une mère alitée en passe de mourir, un père alcoolique qui la gifle pour un rien, une maîtresse tortionnaire, des copines de classe aux sourires moqueurs et de quelques habitants aux regards inquisiteurs,
    Mouchette tente tant mal que bien de survivre.
    Dans cette chronique bien déprimante, Robert Bresson nous gratifie d’un sourire : Mouchette à la fête foraine qui s’essaie aux autos-tamponneuses.
    C’est tout.

    Un film dénué d’amour, spoiler: et la scène du viol
    qui n’a pas été un grand moment pour moi - désolé -, ne fait qu’enfoncer le clou en symbolisant le tout.
    Pauvre Mouchette, Bresson veut faire porter à cette jeune adolescente tous les maux de l’Humanité.
    Quand je dis que c’est lourd…

    A la misère de Mouchette, misère sociale et mentale, il ne pouvait, selon Bresson n’y avoir qu’une réponse : l’inéluctable.

    Nora Nortier qui assure le rôle de Mouchette s’en sort très bien malgré quelques répliques bien creuses. J’ai cru en son personnage, c’est l'essentiel. Tout comme celui de Marie Cardinale, la maman, une satisfaction malgré une collaboration tendue avec Bresson. spoiler: Si elle agonise avec conviction, c’est sans doute pour maudire Bresson !


    Par contre le jeu de la serveuse, du père et d’Arsène, pour ne citer qu’eux, m'est douloureux à l’oreille ; leurs lignes de dialogues sont aussi misérables que la vie de Mouchette !
    Ça n’aide pas.
    Un Bresson sans des voix blanches, monocordes, sans incarnation ne seraient pas un Bresson, allons !

    J’en reste toujours à « Les Dames du Bois de Boulogne » devant « Le journal d’un curé de campagne ».
    Mais « Mouchette » peut se piquer de coiffer largement « Pickpocket » à la troisième place.
    A suivre…
    mazou31
    mazou31

    94 abonnés 1 281 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 octobre 2022
    Ici encore le style inimitable de Robert Bresson fait mouche dans cette adaptation de La nouvelle histoire de Mouchette de Georges Bernanos. Même si je trouve cette œuvre un peu moins travaillée et expressionniste de d'autres de ses films, je ne peux qu'être bouleversé par cette histoire de la misère et de la solitude, par cette petite fille violée qui par dessus tout exprime le besoin d'aimer. Même dans ce monde de « misère et de cruauté » comme le disait Bernanos lui-même. Un film qui marque, au-delà de l'art de Bresson pour les ombres, les cadrages, les ellipses.
    Herve H
    Herve H

    16 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 8 octobre 2022
    Beaucoup trop lent , quasiment aucun dialogue Mets effectivement l'ambiance de l'époque, de la pauvreté est bien retranscrite par les belles images.
    En revanche , de nos jours , Nous avons du mal à supporter un film aussi lent et dont Le scénario est très ténu.
    maxime ...
    maxime ...

    237 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 avril 2022
    Me voilà, pour la seconde fois, confronter à un long-métrage de Robert Bresson, autant dire, face à un monument !

    Un Condamné à Mort s'est échappé, le premier à m'avoir bousculé et dont je projette de retrouver dans les jours qui viennent, à laisser des traces indélébiles sur l'idée d'un cinéma austère et à la fois brulant de la par de ce cinéaste enveloppé de sa raideur à des fins revêches pour accompagner ses bravades.

    Mouchette n'est clairement pas un film enjôleur pour un sou. A la manière de son expression aux forceps, on se mange dans la même fraction le geste et son but, et autant dire que les actes sont rudes, brutes, peu accommodants ... Des scènes de cinémas habités par sa conscience et son omniscience, rien n'est en suspend sans être au préalable la narration du moment précèdent ou suivant.

    " Autrefois, on adorais les morts. C'étaient des dieux. Ce devrait être la vrai religion. " Si les mots ne sont pas légions dans ce film de Robert Bresson, sa langue est néanmoins sublime. C'est avec les paroles de cette vieille femme que j'illustre ceci, une autre de ses phrases, une qui s'emboite à celle-ci est un autre exemple en touts points magnifique et révélateur de la vitalité et de la réprimande mélangée, " Tu as le mal dans les yeux ".

    Saluons les visages de ce film. De cette petite Mouchette, pour qui la succession de réprobation n'aura de cesse de la brisé encore davantage. De cette Arsène mécène et bourreau, des ces hommes et femmes âpres, condamnant touts les autres, sauf pour leurs exactions ... Des sévices naissent l'agitation, le désordre, le refus d'accepter cela !

    Son final est édifiant, incroyable de poésie abrupte, une leçon macabre, criante de solitude ...
    Yves G.
    Yves G.

    1 455 abonnés 3 482 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 septembre 2021
    La petite Mouchette n'a pas une vie facile. Son père est alcoolique ; sa mère se meurt de la tuberculose ; sa maîtresse la rabroue parce qu'elle chante faux et elle est la risée de ses camarades de classe. Une nuit, elle se perd en forêt. Son chemin croise celui d'Arsène, un braconnier.

    Le seul nom de Robert Bresson suffit à susciter une admiration révérencieuse, même de la part de ceux qui n'ont pas vu ses films. Tel fut longtemps mon cas qui ai découvert sur le tard le cinéma exigeant du réalisateur des "Dames du bois de Boulogne", de "Pickpocket" ou de "L'Argent". C'est à cinquante ans passés que je vois enfin, sur les conseils insistants de quelques amis cinéphiles, Mouchette, opportunément projeté dans une petite salle du 5ème.

    Les conditions dans lesquelles je reçois aujourd'hui ce film sont biaisées. Les éloges qui l'entourent sont si nombreux, leur contenu même est si admiratif que je suis quasiment condamné à communier dans cette vénération unanime.

    Alors, bien sûr, force m'est de reconnaître et de saluer ce qui fait la force du cinéma de Robert Bresson. Les thèmes, si âpres, qu'ils filment : ici, la misère humaine d'une gamine privée d'amour. Son style qui tourne le dos à tout artifice pour toucher à la vérité des êtres et des choses.

    Mais force m'est aussi d'avouer que ce cinéma-là ne me touche pas. Pire : il me glace, il me sidère. Les tourments de la petite Mouchette qui la mèneront jusqu'au suicide (je sais : c'est un spoiler.... mais Bresson n'est pas non plus le maître du suspense) sont joués sur un ton si monotone, avec un refus si catégorique de tout psychologisme, que je ne les ai pas ressentis.

    J'ajoute à ma honte avec une seconde confession. Au-delà du cinéma de Bresson, c'est peut-être la littérature de Bernanos qui me glace et me sidère. À la lecture du "Journal d'un curé de campagne" ou de "Sous le soleil de Satan", devant les films de Bernanos et de Pialat que ces deux livres ont inspirés, j'ai ressenti la même et douloureuse frustration : celle de passer à côté de chefs d'oeuvre aux qualités reconnues par le plus grand nombre mais  qui me resteront hélas incompréhensibles.
    ronny1
    ronny1

    36 abonnés 913 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 juin 2020
    Nadine Nortier offre à Mouchette des sourires rares et magnifiques, dans l’éphémère moment de bonheur à l’adresse d’un garçon, lors d’un tour d’auto-tamponneuses. Le père lui retournera une baffe, histoire de lui rappeler que le rire est réservé aux hommes. Car dans Mouchette les femmes n’ont pas même de quoi sourire. Dès le premier plan, la mère annonce la couleur : que vont devenir ses enfants sans elle, car elle va mourir. Le père, ivrogne bas de plafond, qui s’exclu de la souffrance létale de sa femme, témoigne à sa fille une indifférence uniquement interrompue par remontrances et brimades, vengeance de sa lâcheté devant la maladie et de la médiocre condition sociale dans laquelle il laisse croupir sa famille. Tout le village est au courant, épiant la chronique d’une mort annoncée. Car Mouchette ne se laisse pas emporter dans le misérabilisme. Pleine de bonté, mais pauvre, donc rejetée, méprisée, moquée, elle subit en s’enfermant dans une bouderie économe de mots. Elle assume tout, la mère, le bébé, le petit déjeuner, les courses, le père et même Arsène le braconnier. spoiler: Du moins le croyait elle
    , jusqu’à ce qu’il la viole. Jamais Bresson n’a filmé aussi juste, aussi sensible aussi émotionnellement fort. La chasse, hommage à Jean Renoir, est tout aussi symbolique, tout aussi puissante, ouvrant sur un un final qui est un immense moment de cinéma. Seize ans après « Journal d’un curé de campagne », le cinéaste s’attaque à une autre œuvre de Bernanos. Encore une fois, il transpose à l’écran la force et la délicatesse du roman. Certes, avec son style, dépouillé jusqu’à l’austérité, qui lui est propre, mais qui a l’avantage d’aller à l’essentiel, sans scories, affaiblissement ou prostitution. La force de la réalisation de « Mouchette » est indiscutable et, pour une fois, les acteurs jouent justes à commencer par Nadine Nortier tout simplement extraordinaire dans le rôle titre. Il est clair que je n’aime pas Bresson, son arrogance vis à vis de son art et son mépris des acteurs. Mais dans ce film le réalisateur se hisse au niveau de « Panique », aussi noir et désespéré, mais sans la haine, car il n’est paradoxalement pas misanthrope, contrairement à Duvivier. Pour être complet, le choix musical et la bande son très travaillée, contribuent à la réussite de ce très grand film.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    103 abonnés 1 825 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 mars 2019
    Dans cette adaptation austère et ramassée (1h15) de Georges Bernanos, Robert Bresson nous fait suivre le quotidien dur et taiseux de la petite Mouchette, écolière entrant dans l’âge de l’adolescence. Situant son action dans un village français pauvre et agricole, le cinéaste n’offre aucun répit à sa petite héroïne, victime de la cruauté de ses parents comme de l’ensemble des habitants qu’elle va croiser, qui paraissent concentrer l’ensemble des tares et petitesses humaines. Tel un petit lapin traqué par un chasseur – la métaphore est d’ailleurs employée dans plusieurs séquences – Mouchette n’aura d’autre alternative spoiler: que de mettre fin à son calvaire de manière radicale et définitive
    . L’absence volontaire de psychologie des personnages donne au film un aspect à la fois sévère et intemporel.
    Jrk N
    Jrk N

    39 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 décembre 2018
    Il ne s’agit pas de s’émouvoir sur les malheurs de cette petite pauvresse de quatorze ans, battue par son père, un minable contrebandier alcoolique. raillée à l’école, brutalisée par l'institutrice, le garde-chasse, violentée par le braconnier épileptique et débile. L’objet du film Mouchette (Bresson, 67) n’est pasde susciter la pitié. Ce n’est pas non plus l’objet du livre de Bernanos (1937). Bresson au contraire montre clairement ce que cet avant-dernier roman de Bernanos décrit : la méchanceté absolue, la noirceur totale du monde, la déchéance fondamentale de l’humanité. Le monde abandonné de dieu, livré au diable. Rien ne tempère ce constat (juste à peine le sourire passager d’un homme dans les auto-tamponneuses). La petite miséreuse Moucette passe de main en main spoiler:
    jusqu’à la mort de sa mère et la fin tragique spoiler:
    : "espérez pourtant bien qu'il n'y ait pas d'espoir" dit la contine de l'école.
    Le style de Bresson est pur et radical : les personnages, incarnés par des non professionnels (sauf un ou deux), ne jouent pas, leur diction est sans affect, leurs mouvements brefs et sans pathos, les plans sont composés, agencés comme des tableaux qui frappent le spectateur sans qu’il puisse commenteret s'agencent sans douceur.
    Chez Bresson, le spectateur n’est pas extérieur à l’action. Il ne regarde pas un film, il y rentre, il participe, il est choqué, meurtri, abîmé par ce qu’il vit (ce qu’il entend et voit devient ce qu’il vit).
    Il doit y entrer d'ailleurs car, sans cet investissement on ne peut pas accepter un film de Bresson. Avec cet investissement personnel au contraire, on est transformé - qu’on soit d’accord ou pas avec le message sur l’absence de dieu ou sur la contine de Christophe Colomb que Mouchette ne parvient pas à interpréter : "espérez / plus d'espérance/ je vous donne un monde/ à vous qui n'avez plus d'espoir"- et le film vous hante pendant des semaines.
    C’est un art fort, jamais froid, brûlant, polémique. Jamais indifférent. Mais c’est un art génial, jamais achevé : on ne « revoit » pas un film de Bresson, on le revit et à chaque fois c’est différent.
    Mouchette n’est ni un film triste, ni un film dramatique. C’est un film-constat. Un chef d’œuvre d’opacité noire sans solution. Ce film suit le très beau, beaucoup plus tendre et moins radical, mais lui réellement très triste, "Au hasard Balthazar"(66).
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 142 abonnés 5 123 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 novembre 2018
    Donner un sens à sa vie après l’abject.
    Bresson filme la souffrance muette à grands renforts de symboles. Mais c’est aussi une vengeance sur la vie que veut Mouchette. Elle paiera le jeu innocent d’un enfant qui se roule sur l’herbe par un prix fort mais elle gagnera sa liberté.
    Austère mais grave.
    tomPSGcinema
    tomPSGcinema

    749 abonnés 3 323 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 novembre 2018
    "Mouchette" dresse le terrible portrait d'une pauvre fille condamnée à vivre dans la solitude et la misère, car elle doit s'occuper de sa mère très malade alors que son père est un ivrogne. L'histoire est évidemment très sombre, mais la mise en scène de Robert Bresson est magnifique et la jeune Nadine Nortier s'avère bouleversante dans le rôle principal. Un long-métrage fort et intense dans ses propos et qui ne peut laisser indifférent.
     Kurosawa
    Kurosawa

    581 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 novembre 2018
    Considéré comme un film majeur de Bresson, "Mouchette" déçoit à la hauteur de l'attente. On sent pourtant la mise en scène minutieusement réglée, laquelle ne verse jamais dans le misérabilisme mais ausculte froidement l'environnement terrible d'un personnage solitaire, isolé et maltraité malgré sa bonté. Ce que fait ici Bresson, c'est constater la tragédie d'un destin, comme il l'avait déjà fait dans son précédent film, "Au hasard Balthazar"; c'est donc l'implication du spectateur qui est remise en cause puisque celui-ci doit subir l'évidence de la cruauté – et de l'issue – alors que les films du cinéaste proposant la mise en scène d'un mécanisme plus large et plus complexe ("Pickpocket", "Un condamné à mort s'est échappé") sont davantage intéressants, la singularité de l'entreprise étudiée étant connectée à de puissants affects qui dépassent la simple empathie. On ne retrouve pas dans "Mouchette" ce sentiment d'urgence qui fait le prix de la réussite des films de Bresson, cette idée que chaque action peut être décisive pour le personnage, lui offrant un sursis ou bien scellant définitivement son destin. Le film n'est pas exempt de beaux moments – cette parenthèse en auto-tamponneuse où l'on entrevoit enfin sur le visage de Mouchette une expression de joie –, impressionne sur le plan formel mais le dispositif agit en vase clos, nous donnant peu de prises auxquelles on pourrait s'accrocher. Un film mineur d'un grand cinéaste.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 174 abonnés 4 169 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 août 2017
    Tourné en 1967 juste un an après "Au hasard Balthazar", "Mouchette" est sans doute le film le plus sombre du rigoriste Robert Bresson dont l'ensemble de l'œuvre, il faut bien l'admettre, ne respire pas la joie de vivre. Mouchette (Nadine Nortier) succède dans la tragédie bressonnienne à l'âne victime de la frustration des hommes qui trouvait un exutoire dans les souffrances infligées au baudet par ses maitres successifs scandant son chemin de croix dans une vallée pyrénéenne. Théoricien exigeant de l'art cinématographique, Bresson adapte pour la seconde fois un roman de Georges Bernanos ("Nouvelle histoire de Mouchette" en 1937) dont il partage la ferveur religieuse et le pessimisme sans retour. Dans une campagne indéfinie (en réalité la région d'Apt dans le Vaucluse) dont nous n'apercevrons jamais le ciel ou l'horizon, Mouchette est la cadette d'une famille complètement en marge du progrès technologique qui progressivement gagne des territoires ruraux encore enclavés. Coincée entre un père contrebandier alcoolique exerçant la mainmise sur son aîné attardé mental et une mère mourante qui vient de mettre au monde son petit frère, Mouchette aborde l'âge délicat de l'adolescence livrée à elle-même sans avoir appris de ses parents aucun des codes sociaux. Elle devient donc comme Balthazar la proie de la frustration des hommes à laquelle s'ajoute le désir sexuel lié à la transformation de son corps pubère. Le sort de Mouchette est irrémédiablement scellé comme le montre magistralement l'ouverture du film, où Bresson observe avec minutie les mains expertes du braconnier posant ses pièges lui permettant de décider à sa guise de la vie ou de la mort de l'animal capturé. Contrairement à la grive relâchée par le braconnier, Mouchette n'aura pas la chance de pouvoir s'envoler vers d'autres horizons plus cléments. spoiler: En une nuit elle subira le viol et la perte de sa mère suivie de l'opprobre des femmes du voisinage. Dès lors le linceul donné par l'une d'elles pour recouvrir sa défunte mère sera le sien. Au bord d'un étang, les roulades de la jeune fille, simulacres d'un jeu enfantin innocent sont en réalité l'accomplissement d'une volonté d'en finir
    . La remarquable technique picturale dont fait preuve Bresson épaulé par son chef opérateur Ghislain Cloquet (déjà présent sur "Au hasard Balthazar") est entièrement dédiée à une vision noire de la nature humaine dont il n'y a rien à sauver. Le réalisateur semble désespéré face à l'homme indécrottable que son statut de seul être vivant doué de raison aurait du conduire à se départir de sa sauvagerie. Sans doute la doctrine religieuse dont Bresson était fortement imprégné confère-t-elle à l'homme une dimension qui lui est inaccessible. Ce quiproquo conduit fatalement à un désespoir assez stérile s'il est compris comme un précepte, le pessimisme nourrissant le pessimisme. Reste des films de Bresson une exigence formelle sans faille diffusant une émotion bouleversante et paradoxale qui perce immanquablement derrière la froideur des images et l'atonalité du jeu des acteurs acquise par l'emploi de non-professionnels qui ont eu a souffrir du manque de considération d'un maitre dont le comportement s'accordait de plus en plus avec ses affirmations théoriques. Avec "Mouchette" son dernier chef d'œuvre, le génial réalisateur ne pouvait sans doute aller plus loin dans l'absence d'empathie pour ses congénères.
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