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BigDino
8 abonnés
473 critiques
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4,0
Publiée le 21 mai 2017
Du cinéma social intéressant. Le malheur de Mouchette révèle les hypocrisies et les fausses bonnes volontés des gens qui l'entourent. Le film, qui critique violemment les conventions sociales auxquelles on se sacrifie tous plus ou moins, fait voler avec brio et pourtant sobriété en éclat les stéréotypes.
Ressortie en version restaurée de "Mouchette" de Robert Bresson d'après l'oeuvre de Bernanos. On reste frappé par cette économie de moyens si chère au réalisateur, cette rigueur dans les plans, cette esthétique minimaliste des gestes qui sont pourtant de la plus grande éloquence sur le monde dans lequel l'héroïne essaie de survivre. Mais, il faut aussi reconnaître que la sécheresse du filmage, l'ascétisme du scénario finissent par enlever toute chair aux personnages. Du coup, on a envie de revenir suivre les pas de "Rosetta" des frères Dardenne.
L'abus sexuel vu dans les années soixante. Il y a de la misère sociale, de la crasse, des demeures vétustes. Et cependant, quelle beauté des personnages, quelle esthétique ! Le regard du chasseur ou celui du braconnier ne valent pas mieux que celui de l'épicière apparemment compatissante et charitable. Elle est toute prête à vomir sa haine si l'occasion surgit. Bresson filme admirablement cette pseudo miséricorde. Le désespoir et la mort sont là à portée de main. La politesse n'est pas le respect, c'est ce que nous pouvons mesurer avec l'attitude du père de Mouchette. La traque du gibier, c'est quelque chose dans ce film ! On ne peut pas dire que les chasseurs soient à leur avantage. Garde-chasse et braconnier forment un couple indissociable, comme on est peu habitué à en rencontrer dans nos contrées parisiennes...
Le seul Bresson que j'avais vu c'était Pickpocket quand j'avais 15 ans et je m'étais magistralement ennuyé, je n'étais pas prêt à voir ce cinéma mais je le reverrai ainsi que ses autres films parce qu'il n'a pas une très grande oeuvre. Mouchette c'est un film assez horrible mais aussi magnifique par certains aspects, simplement que moi et le mélo ça fait deux, mais genre vraiment. Du coup j'aime la sobriété de Bresson, mais ça m'agace de voir ce personnage à qui le pire arrive constamment. Après si ça passe bien c'est parce que c'est fait avec talent. Et j'adore la manière de filmer de Bresson, presque sans dialogue et sans réactions réalistes, les répliques désarticulées, ce n'est pas réaliste pour justement que ce soit vrai. Et il s'en dégage forcément une certaine beauté, des moments de grâce. Et puis il y a une certaine ambiguïté sur bien des choses, comme la scène clé du film voire même la scène finale. On a des moments comme ça à la fois beaux et horribles. C'est un grand film mais j'ai quand même du mal et je n'aime pas ne pas aimer les grands films au moins autant qu'ils le méritent.
Bresson, c'est un dur, un vrai, il rigole pas. Il a le talent pour te faire des films courts, intenses que tu reçois comme un poing en pleine tronche.
Mouchette, c'est juste un rêve de cinéma, très fort, très dur, austère comme d'habitude je pense chez Bresson, et bordel que ça fait du bien de voir ça. De voir une jeune fille filmée d'une manière si intense, si magnifique...
Tout le film est exemplaire et glaçant, mais je citerais la scène des auto-tamponneuses qui est belle à en chialer, un des rares moments de douceur du film, la seule fois ou presque où on peut voir s'esquisser un sourire sur le visage de Mouchette.
J'aimerais aussi citer LA scène du film, vers le milieu, la rencontre entre elle et l'homme qui est d'une rare beauté, presque douce et en même temps tendue et terrifiante, et elle s'achève par ce fameux événement complètement froid et glaçant.
Bien évidemment, le doute ne m'est plus permis : Bresson est un très grand, et je n'ai pourtant vu que trois de ses films.
Un film beau, triste, dur et cruel, comme la vie...
«Mouchette» est la quintessence même du cinéma (ou plutôt du « cinématographe ») de Bresson. L'histoire, très noire, d'une petite fille perdant son innocence face à la brutalité du monde qui l'entoure est comparable à la descente aux enfers de l'âne Balthazar et de sa maîtresse. Comme ces deux personnages, Mouchette est quelqu'un d'extrêmement solitaire et taciturne : sa mère, seule personne à qui elle ose se confier, est mourante, son père alcoolique la bat, à l'école elle essuie les railleries de ses camarades,... Quand un soir orageux elle se perd dans la forêt et qu'elle fait la rencontre du braconnier, personnage qu'elle admire quelque peu, elle ne se méfie pas assez, car ce dernier abusera d'elle. La noirceur des films de Robert Bresson est toujours « contrebalancée » par la beauté de la forme, la symbiose entre sons et images est exceptionnelle, rares sont les cinéastes à avoir compris la nécessité d'une telle utilisation du cinématographe. La mise en scène est magistrale bien que dépouillée, le noir et blanc est sublime et la photographie ne se départit pas de son homogénéité. Chez Bresson les personnages parlent peu, l'image se suffisant à elle-même, et quand ils prennent la parole c'est que l'image seule ne suffit pas à retranscrir la situation. Bresson est donc un cinéaste de l'épure dont la quête du vrai prend ici tout son sens, tant il touche au plus profond de l'âme humaine, portant à l'écran ses aspects les plus terrifiants. Un film bouleversant. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Etrange film que ce Bresson sinistre et absolument triste. L'on apprécie certes la beauté de la mise en scène, mais la lourdeur du récit pèse sur le poétisme habituel de Bresson.
Mon premier Bresson et je dois dire que je ne risque pas d'oublier ce film de si tôt ! Vraiment particulier, en voyant Mouchette, j'ai pensé au film de Dumont "Flandres", je trouve que l'approche esthétique et cette façon de dépeindre les personnages sont assez semblables. Les deux films partagent également cette manière de mettre en scène toute la violence d'une vie, sans en faire trop, de façon épuré, austère même et sans tomber dans le voyeurisme et la gratuité. Bresson parvient à capter une réalité, à retranscrire une situation, avec un certain génie, une certaine justesse que ça en deviendrait perturbant. Le film contient finalement peu de dialogue, mais paradoxalement le film est très parlant, très expressif. Que ce soit par la force de certain plan, par l'expression des personnages ou encore par le choix des musiques, le film nous parle, nous raconte quelque chose et donc les moments de silence appuyés ne se font pas vraiment ressentir. Et puis franchement, Nadine Nortier qui se charge de donner vie à la petite Mouchette, est plus que nickel, incroyablement troublante et marquante. Un grand film, parfaitement maîtrisé, une vraie claque cinématographique !
Encore une héroïne impuissante pour Bresson, evidemment c'est pas gai. Comme pour au hazard baltazar on a une photographie intéressante d'une campagne s'ouvrant à peine au monde moderne.
Bresson c'est pas un rigolo et il le montre encore une fois, j'ai l'impression que c'est lorsqu'il parle de femmes qu'il est le meilleur, au hasard balthazar, jeanne d'arc et ce mouchette (pas que les autres ne soient pas bons). Il arrive à capter une sorte de détresse avec sa caméra, le jeu épuré de ses acteurs, et les quelques pauvres lignes de dialogues qui viennent ponctuer les longs silences de Mouchette. C'est d'autant plus dérangeant que les acteurs semblent tous froids, et c'est là la force du cinéma de Bresson, ne pas tomber dans le mélodrame malgré que l'histoire en elle même est plutôt chargée. Bresson ne prétend pas être dans la tête de Mouchette et donc la poser en victime de ce monde extérieur si hostile, non il montre cette jeune évoluer dans ce paysage campagnard que le noir et blanc rend superbement. C'est vraiment un film très pur, très beau, aucun artifice ne vient perturber la progression du film, sobriété partout, tout le temps, et c'est ça qui est réellement touchant. Très grand film.
Robert Bresson est le réalisateur qui a su le mieux s'accorder avec le style si austère et dépouillé du grand écrivain Georges Bernanos. Déjà en 1951, en adaptant Journal d'un curé de campagne, Bresson déploie tout son talent pour mettre en scène une œuvre impressionnante sur le combat des forces du mal et du bien, de la grâce et de la haine. En 1967, il revient à Bernanos avec Nouvelle histoire de Mouchette. Reprenant des thèmes similaires à Au hasard Baltazar, dans un vague cadre rural, Mouchette décrit l'enfer quotidien d'une petite fille qui a le poids de sa lourde existence sur ses petites épaules : mère très malade, père alcoolique et violent, petit frère en très-bas âge... la condition de Mouchette est à elle seule une tragédie. Elle même ne comprend pas l'intérêt d'une vie si cruelle et injuste. S'enfermant dans le mensonge, l'insolence et la solitude, elle croise le chemin d'un braconnier épileptique, ivrogne et dangereux, mais qui éprouve pour elle une sorte d'attachement qu'elle ne connaissait de personne. Pourtant, il la violera dans un de ses moments de crise. Robert Bresson, avec son style unique, sans recherche d'esthétisme et dirigeant des acteurs non professionnels, est peut-être le seul cinéaste à avoir jamais su filmer la vie.
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4,5
Publiée le 29 mars 2022
L'une des pièces maîtresses de Robert Bresson! Une adaptation de la « Nouvelle Histoire de Mouchette » dont la construction est assez èloignèe du roman de Bernanos! L'histoire de Mouchette, fille de 14 ans solitaire, rèvoltèe, mutique, vivotant auprès d'une mère malade et d'un père violent et alcoolique, jetèe dans un destin tragique car noyèe dans un monde qui n'est pas du tout à sa mesure! Un petit être malmenè et dominè qui ne cesse de fuir, de courir, de bouger avec des galoches de gêne bien trop grandes pour elle! Dans le rôle inoubliable de Mouchette, la jeune Nadine Nortier reste à jamais gravèe dans nos mèmoires! L'oeuvre de Bresson est toute entière secrète et bouleversante grâce à cette actrice non professionnelle avec un magnificat des « Vêpres de la Sainte Vierge » , de Monteverdi, qui transcende et dèpasse les èvènements dont son personnage est victime! De plus la sobriètè esthètique et narrative de Bresson nous donne un final aux abords d'un ètang aussi triste que sublime! On frise la perfection...
Mouchette ou l'enfance nue vue par Bresson. C'est à la fois un conte moral boulversant et une grande léçon de cinéma. Rarement film aura à ce point démontré qu'éthique et esthétique sont étroitement liées.
Pas le plus puissant des films de Bresson, mais une sacrée réussite. Aussi abandonnée à son sort que les enfants de Los olvidados, Mouchette a un destin comparable à celui de l'âne Balthasar, miroir de l'humanité n'ayant rien d'autre à espérer que la mort. Comme Ana Torrent dans Cria cuervos et surtout L'esprit de la ruche, elle est sans cesse confrontée à la mort, qui fait parti de son univers. De la même façon, elle cherchera à se créer une échappatoire avec un homme dans une cabane isolée, mais se fera violer là où la petite Ana était symboliquement violée dans son imaginaire. N'existant aux yeux des autres que pour écouter, obéir, subir, et jamais écouter, aider... elle fuit la vie. Et après avoir assisté à une chasse aussi terrifiante que dans La règle du jeu, elle met une belle robe aussitôt déchirée, car le destin lui refuse même d'être présentable lors de sa présentation à l'au-delà. Alors, on assiste, désemparés, à une séquence incroyable. Mouchette semble simuler qu'elle est atteinte par un chasseur, roule par terre en direction d'une rivière, comme si elle ne pouvait mourir par choix. Avec une innocence désarmante, elle s'y reprendra à plusieurs fois pour enfin tomber à l'eau et ne plus refaire surface. Comme souvent, Bresson parvient à être passionnant avec une mise en scène ascétique, qui ne garde que le strict indispensable. L'intonation est absente quand le texte et l'image suffisent. On n'atteint tout de même pas le degré de fascination de Pickpocket ou du Condamné à mort s'est échappé.