Visualisez la scène :
Un chômeur, peu regardant quant à son allure et à la garde-robe douteuse – claquettes/peignoir – s'en va à la caisse d'un supermarché payer une brique de lait, par chèque, pour une poignée de centimes
... En quelques minutes seulement, le portrait d'une icône est dressé : Le Duc (The Dude, en Anglais), personnage ayant par la suite donné lieu à une religion, le Dudéisme, basée sur l'état d'esprit de notre protagoniste dont nous nous apprêtons à suivre les mésaventures. The Big Lebowski n'est pas le plus grand film des frères Coen sur le plan cinématographique, mais il est probablement le plus drôle de leur filmographie, mais aussi l'une des plus grandes comédies de l'Histoire du cinéma. Une œuvre devenue culte avec le temps, dont beaucoup de réalisateurs devraient s'inspirer ; le genre ayant pour fâcheuse tendance à vouloir faire rire à tout prix – multipliant de ce fait des gags, pour la plupart sans réelle saveur. Mais qu'est-ce qui fait rire dans The Big Lebowski ? Sur fond d'une histoire somme toute classique, c'est tout le développement des personnages et leur attitude qui font la réussite du film. D'un grotesque malentendu, et d'un vulgaire incident de tapis découlent des aventures dont nul ne pouvait mesurer la portée... Pas même nos héros. Toute la paresse de Jeff Lebowski, et toute l'excentricité de son partenaire Walter, sont les véritables clés du succès de cet ovni, complètement décalé, signé de la patte des frères Coen : Sans même que la situation ne prête à rire, on peut être pris d'amusement du simple fait de l'attitude décomplexée de Jeff Lebowski au volant de sa Ford Torino, bière à la main (pour ne citer que cette scène). Le film ne cherche pas à être drôle pour être drôle. Les personnages n'ont jamais besoin de forcer le trait... Ils sont drôles, naturellement. Ne serait-ce que pour l'aptitude des 2 frères à façonner un scénario improbable d'un personnage central haut en couleur, davantage préoccupé par le devenir de son tapis que par 1 million de dollars, The Big Lebowski force l'admiration. Paradoxalement à son statut de film culte, il reste à ce jour l'un des moins grands succès des frères Coen au box-office, mais n'en demeure pas moins un petit bijou d'inventivité – tant sur le plan visuel que scénaristique – qu'il est fortement conseillé de visionner... Au risque de passer à côté de grandes barres de rire !