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Pascal
159 abonnés
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3,5
Publiée le 26 juillet 2022
Avant de s'installer en France, le cinéaste Georgien né à l'époque où son pays faisait partie de l'union soviétique, réalisa trois longs métrages de fiction.
C'est le deuxième dont il s'agit ici, qui nous peint le portrait d'un jeune percussionniste d'orchestre classique qui prend la vie à la légère.
Ce n'est pas qu'il ne soie pas occupé, mais on a le sentiment en le voyant vivre qu'il reste à la surface des choses. On en saura pas beaucoup sur lui, d'où lui vient se comportement gentiment névrotique.
Que veut nous dire Iosseliani ? Certes, rien n'est dit clairement et c'est à chaque spectateur de tirer la conclusion et la morale du film.
Est-ce le rappel du temps qui passe, de l'urgence d'agir, de donner un sens à sa vie ? Ou est-ce le constat de la vanité de toutes choses, puisque à la fin, comme le titrait Kiarostami " le vent nous emportera" ?
C'est peut-être finalement les deux propositions que Iosseliani ne veut pas oublier. L'une n'est pas, en effet, exclusive de l'autre.
La première partie est sans doute un peu réussie que la seconde, mais le personnage principal est attachant et le film se laisse voir avec plaisir.
On rappellera que Iosseliani, même s'il est un cinéaste un peu oublié aujourd'hui dans l'hexagone, réalisera une filmographie intéressante et de qualité qui lui vaudra la bagatelle de quatre prix prestigieux dans deux des principaux festivals de cinéma.
Il obtiendra successivement trois prix spéciaux à Venise et un Ours d'or à Berlin. Malgré sa confidentialité imméritée, c'est sans aucun doute un cinéaste de tout premier ordre.
Bizarre comme film. Il a un aspect un peu irréel. Ce qui ne l'empêche pas d'être bien. Tout s'enchaine tout le temps et c'est pommant. On ne sait plus où on est. Et ça fait un peu peur. Pour finir sur un point d'orgue très triste plus que tragique.
C’est la journée – forte en congratulations – d’un musicien doué, percussionniste dans un orchestre symphonique, qui arrive toujours à la dernière seconde pour donner le coup de timbale final. Séducteur et décontracté, volage, sans-gêne, combinard et sans notion du temps, il assiste au travail des autres et déambule dans le Tbilissi soviétique des années soixante dans une atmosphère nimbée de musique classique et de chants géorgiens. Des séquences réussies malgré un montage répétitif.
Générique en géorgien, dialogues en russes. Longtemps interdit à l'exportation, ce film est historiquement inclassable pour des raisons qui dépassent sa condition géographique. L'identité géorgienne, à l'abri de son Caucase, a toujours été assez indépendante. Le merle chanteur de Iosseliani colle très bien à cette idée d'une nation qui est certes une République soviétique, mais avec un fort caractère.
Le Tbilissi qu'il représente est une ville multifacettes, qui prend grâce au montage des airs de véritable mégalopole européenne dans l'air de son temps. Art, culture, science, médecine, sport, cinéma, soif de connaissances, c'est une cité de la jeunesse en perpétuelle construction et en effervescence. On y rencontre ses amis dans des bars, dans la rue, dans les transports en commun (gratuits), et on peut s'occuper à flâner – à traîner, comme on dit aujourd'hui. Destination de villégiature pour les Russes (les vrais), c'est une cité communiste futuriste.
Le personnage principal, Guia, est de cette nouvelle espèce de jeunes. Paresseux mais toujours occupé, adulte mais attaché au rythme de vie d'un adolescent, évaporé mais sérieux, solitaire mais social, il est l'engeance improbable du baby boom dans le Caucase.
Le plus étonnant est de ne pas sentir de limites. Le film pourrait être tourné sur cent mètres carrés puis en studios que cela ne changerait rien à cette sensation d'infinie liberté et de légèreté de la capitale géorgienne. Cette impression est aussi celle qu'on aurait produite par la propagande, en voulant montrer une ville soviétique qui sait vivre avec son temps.
D'ailleurs, le film n'est pas tout de suite sorti d'URSS. Fallait-il entretenir l'illusion d'une nation uniforme à l'extérieur de l'Union ? Le concept d'une ville exceptionnelle en son sein était-il réservé aux Russes, pour leur montrer plus ou moins discrètement que leur pays était capable de variations ? Après tout, Iosseliani a émigré en France dès qu'il l'a pu…
Très mystérieuse, l'œuvre tient également haut la main son rôle de simple documentaire. Elle fait découvrir Tbilissi en 1970 sous une forme presque épanouie, bien loin de l'idée qu'on se fait de l'austérité du bloc de l'Est. De se dire qu'elle en a vraiment fait partie, c'est une curiosité qu'il faut choyer.