Il m'aura fallu attendre 2024 pour enfin voir Guerre Et Paix. En tant que fervent admirateur de Napoléon Bonaparte, j'avais sans doute inconsciemment reculé le moment de voir un film sur la triste campagne de Russie. Avant cet événement redoutable présenté comme une victoire du Général Koutouzov (vaincre sans combattre, un concept discutable), dans la première heure du film, après de longs passages ennuyeux sur la vie de la noblesse russe, les soldats reviennent tout sourire de la bataille d'Austerlitz, qu'ils ont perdue. Allez comprendre ! Entre deux batailles l'aristocratie enchaine les bals, les histoires de cœur, les opéras, les salons. C'est ennuyeux. Les têtes d'affiche Audrey Hepburn et Henry Fonda n'y changent rien. À tel point qu'on comprend que c'est un mode de vie, lorsque le père d'Andreï dit à son fils : "Lorsqu'un homme atteint la trentaine, la vie doit être triste, sans intérêt, désespérante." Rien d'étonnant que ces gens soient ennuyeux à regarder vivre ! Quant à Napoléon, il passe pour un petit excité capricieux, ce qui évidemment n'est pas pour me plaire. Je reconnais cependant le charisme de l'acteur (Herbert Lom, britannique, quelle ironie !) qui a su saisir certaines attitudes sombres de l'Empereur. Cela dit les reconstitutions de batailles sont impressionnantes, notamment celle de la Moscova. La Marseillaise déclinée en différentes nuances à chaque scène avec l'armée française est une bonne idée. Les images de la retraite de Russie sont terrifiantes. Le cartouche final signé Léon Tolstoï sonne comme un espoir : "Le plus difficile mais aussi l'essentiel, c'est d'aimer la vie, même dans la souffrance, car la vie est tout. La vie est Dieu et aimer la vie c'est aimer Dieu."