Le titre qui signifie « Elève des corbeaux » fait référence au proverbe espagnol, « Cría cuervos y te sacarán los ojos » (« Elève des corbeaux et ils t’arracheront les yeux »). Probablement destiné aux adultes qui n’aiment pas les enfants ? Pourtant il est difficile de s’intéresser à l’histoire assez conventionnelle : un couple en crise, avec un mari, militaire, volage et sa femme, qui en souffre et tombe gravement malade. Des 3 enfants, Irène (l’ainée), Maïte (la benjamine), Ana (Ana TORRENT, 10 ans) aux grands yeux impassibles, est la plus perturbée par le comportement de son père qui fait souffrir sa mère (Géraldine CHAPLIN, en couple à l’époque avec le réalisateur, son 6e film sur 9 avec lui). Une série de flash-backs avant et après la mort de ses parents, montre son comportement, intrusif (de jour comme de nuit), ses visions (de sa mère), se croyant dotée d’un pouvoir de donner la mort mais aussi sa duplicité (vis-à-vis de la grand-mère) et son détachement à l’égard de sa famille (y compris de sa mère, notamment lorsqu’elle souffre de douleurs abdominales). Carlos Saura a t’il été influencé par « Cris et chuchotements » (1972) d’Ingmar Bergman ? Le film est long (1h50), avec des scènes qui auraient dû être écourtées (brossage des cheveux, déjeuner avec cours de maintien de la tante Paulina) et seule la scène où les enfants se déguisent, se maquillent et jouent la comédie,
Irène en père, Ana en mère et Maïté en servante,
résument bien la compréhension qu’ont les enfants de leur situation familiale, malgré les non-dits. S’il s’agit d’un film sur la famille, il fait pschitt ! Sur l’enfance, l’ennui et la relation à la mort, on est loin de « Jeux interdits » (1952) de René Clément (1913-1996). Quant à la chanson « Porque te vas », elle n’apparait qu’au bout de 35 mn, sous la forme d’un 45 t qu’écoutent les 3 filles.