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Pascal
163 abonnés
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3,0
Publiée le 27 novembre 2024
Classique français du cinéma muet d'avant garde (1928), sorte de réponse à l'expressionnisme allemand, il fait penser pour son ambiance gothique à " Nosferatu" de Murnau ou à " Vampyr" du danois Dreyer.
Adaptation du conte fantastique de Edgar Poe, il souffre ( de mon point de vue) de la comparaison avec les références précitées.
Regard sur l'art et sa faculté envoûtante qui nous permet d'échapper au réel, mais aussi à mieux nous comprendre en nous confrontant à la fiction.
Théoricien du cinéma ( certains de ses livres " le cinéma du diable" (1947) notamment sont toujours des références de l'analyse cinématographique), son passage au parlant et à son versant commercial est aujourd'hui un peu tombé dans l'oubli.
D'origine polonaise, Epstein bénéficia du soutien de l'actrice Orane Demazis ( mariée à Marcel Pagnol) afin d'échapper à la répression pendant l'occupation allemande.
Je viens de regarder ce vieux film de 1928 et c'est impressionnant à quel point il a bien vieilli. La vieille qualité de la caméra rend parfaitement honneur à l’angoisse qui habite tout le métrage, les acteurs peuvent paraître en surjeu mais c’est un peu le muet de l’époque qui veut ça pour bien souligner ce qui se passe à l’écran… et le plus gros point fort, la musique qui porte à elle seule tout le film et offre des envolées et une poésie rarement vu. Évidemment La chute de la maison Usher garde les codes de l’époque et difficile d'adhérer à 100% tellement ça ne correspond pas à ce qu’on fait aujourd'hui mais franchement, c'est un film envoûtant devant lequel je ne me suis pas du tout ennuyé, je recommande.
Série catastrophique, on ne comprend rien le scénario n'a aucun sens. J'ai regardé beaucoup de séries dans ma vie, honnêtement, c'est la pire. Je vous déconseille fortement cette série. Je pense qu'on devrait la supprimer de Netflix.
Attention, cette critique révèle des éléments déterminants du long-métrage. C'est un film qui tient sur une idée magnifique : à mesure qu'un homme affine le portrait peint de sa femme, celle-ci se meurt progressivement. L'art et la destruction sont constamment liés dans "La chute de la maison Usher", une union dont la mise en évidence passe par des idées modernes, complémentaires et envoûtantes ; en effet, les choix opérés par Epstein confèrent au film une atmosphère poetico-fantastique : la musique, les ralentis, les surimpressions ou encore le contraste entre un noir charbonneux et un blanc aveuglant permettent ce mélange de lyrisme et d'inquiétude sans que l'on sache toujours pourquoi. C'est la beauté du film de tracer une ligne simple tout en maintenant des zones d'ombre qui rendent l'ensemble assez mystérieux. Ces brèches s'inscrivent notamment dans l'impossibilité de saisir dans sa totalité le retour à la vie de cette femme qui refuse d'être enterrée et la connexion opaque entre la nature et le château, D'ailleurs, si l'extérieur et l'intérieur ont d'abord une relation antinomique, les deux finissent par cohabiter ; et au fur et à mesure que les deux fusionnent, la vie (la femme peinte puis la femme réelle) et la mort (la femme réelle puis le château qui s'effondre) s'entremêlent en permanence. Le film n'est toutefois pas exempt de longueurs, notamment dans une partie centrale quelque peu redondante qui perd en inspiration – la forme du moyen-métrage aurait à ce titre été plus adaptée –, mais la puissance et la cohérence globales de sa mise en scène créent des images neuves et, encore aujourd'hui, singulières.
La plupart du temps on reste dans le manoir d'un gothique à la fois grandiloquent et parcimonieux, tandis que l'extérieur permet au cinéaste d'envelopper le manoir d'un écrin envoûtant où les éléments semblent les témoins malgré eux de la tragédie qui se dessine. On remarque alors une différence visuelle, d'un noir et blanc pour les intérieurs, et d'un bleu vaporeux pour les extérieurs ce qui accentue la sensation que le manoir est d'ores et déjà endeuillé. Par contre, la durée de 1h05 est un peu court, en celà de rôle de l'épouse est peu étoffée et on n'a pas le loisir de voir l'évolution du tableau. Jean Epstein signe un film tragique, envoûtant et poétique. En tous cas un film à voir et à conseiller. Site : Selenie
C'est moins une adaptation fidèle de la nouvelle d'Edgar Allan Poe qu'une variation poétique à partir de "motifs" puisés dans différents textes de l'écrivain, dont La Chute de la maison Usher, Le Portrait Ovale et Bérénice. On y trouve quelques grands thèmes fantastiques : la maison maudite, le tableau qui prend la vie de son modèle, le retour d'outre-tombe… Jean Epstein, réalisateur et théoricien du cinéma, a trouvé dans ce registre fantastique une belle matière à expérimentations formelles. Il développe une grammaire visuelle très élaborée, très inspirée, pour illustrer voire transcender l'inquiétante étrangeté de son sujet : angles insolites, travellings mystérieux, très gros plans sur des visages hallucinés ou différents objets, surimpressions, ralentis… Une alchimie envoûtante de la mise en scène, des décors et du montage fait sourdre une mélancolie macabre et surréaliste, célèbre le haut pouvoir fantasmatique du cinéma et fait d'Epstein un digne représentant de l'avant-garde française de la fin des années 1920, en écho à l'expressionnisme allemand. À noter la présence dans l'équipe du film d'un certain Luis Buñuel, assistant réalisateur, qui tournera un an plus tard Le Chien andalou et deux ans plus tard L'Âge d'or… Parmi les autres versions de La Chute de la maison Usher au cinéma, celle de Roger Corman (1960) demeure la plus célèbre.
Qu'est ce qui rend *La Chute de la maison Usher* de Jean Epstein si inquiétant et organique ? Est-ce cette immense maison dont les grands espaces donnent le vertige ? Est-ce pour son environnement végétal et marécageux faisant sombrer la moindre tranquillité? Ou est-ce alors cette résurrection subite d'une femme dont le corps se serait véritablement éteint, mais dont l'âme aurait établie pour domicile une peinture ? Que des questions qui s’additionnent surement et qui mènent vers une étrange atmosphère cachée au beau-milieu des bois. *La Chute de la maison Usher* se vit comme une expérience où la difficile distinction des formes et du lieu réalisent l’ambiance anxiogène de ce manoir hanté.
Le récit adapté d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe raconte l'histoire du Lord Roderick Usher (Jean Debucourt) qui, inquiet de la santé de sa femme, fait appel à l'un de ses amis pour tenter de l'aider dans cette période difficile. Il faut dire que les habitants de la région redoutent cette maison imprimée entre les arbres et les marécages de cette espace inquiétant. Les volontaires se font bien peu nombreux pour tenter de conduire l'invité vers la mystérieuse maison Usher où réside Roderick et sa femme mourante. Un pauvre paysan et son cheval se proposent en guide sans toutefois approcher de trop près l'inquiétante demeure. L'invité nommé Allan (Charles Lamy) peut enfin arriver à destination et de là, étrange et mystique vont modeler cette maison infestée. Jamais Jean Epstein ne nous fait distinguer clairement la demeure et son environnent. Quelques petits détails sont parsemés au cours du film pour accentuer la dimension horrifique et quasi-expérimentale de cette expérience créant l'inquiétude chez le spectateur. Au-delà des sombres visions végétales et les hauts-murs de cette demeure où résident la grandeur des espaces et le glauque du vide, c'est bien ce portrait aux échos insoupçonnés qui attire les attentions. Ce tableau peint par l'imagination et l'amour de Roderick pour sa femme représente donc Madeleine Usher (Marguerite Gance) dont l'âme se serait peut-être imprégné de la toile, malgré la santé faible. Sommes-nous vers une séparation du corps et de l'esprit menant vers une résurrection insoupçonnée ou un pouvoir mystique et établie d'une famille Usher résidant corporellement et spirituellement dans cette maison ? **Les réponses sont floues à l'image du film. Mais c'est bel et bien cette difficile distinction avec en autres une pellicule sautante et étrange qui mènent vers une complexe compréhension des scènes entraînant un énigmatique récit gothique et déconcertant.**
Mais *La Chute de la maison Usher* est aussi et surtout une impression surréaliste de la nature. Une vision cauchemardesque des marécages et des forêts qui viennent assombrir par leurs drôles de verdure une maison véritablement hantée. Mais n'est-ce pas cette nature environnante qui vient hantée le destin de Roderick et de Allan ? Une scène marquerait bien cette pensée selon laquelle Madeleine Usher viendrait ne faire qu'un avec avec cette sombre nature en perdant au même moment son corps, au profit d'un réveil de l'âme. Sur son lit de mort, feuilles et autres articulations végétales viennent surplomber la mort et s’emparant - ou réveillant - ainsi l'âme de la femme ne pouvant difficilement se loger dans son corps malade. Ces plantes dominantes s’avèrent comme spectatrices et surement actrices des étranges événements venants secouer l’énigmatique demeure ancestrale, et ainsi bousculer les ordres naturels que l'on croyait établis à travers le réveil des morts. **Cette étude inexplicable de cet obscur végétalisme se fait toujours selon la mise en scène de Jean Epstein transformant les actions claires en déduction incongrue et floue, et travaillant les formes pour les malmener en créant ainsi l'angoisse : celle d'une nature marécageuse et horripilante venue distendre rationnel et irrationnel.**
Jean Epstein est ici créateur d'une amer sensation à travers laquelle on ne connaîtra jamais le véritable fauteur de trouble ou un minime indice sur la compréhension d'un récit énigmatique. *La Chute de la maison Usher* tient son mystère dans ces étranges formes, son floue asphyxiant, sa musique inquiétante et son environnement mystique et ébouriffant. Une environnement construit sur une double facette : la demeure Usher immensément gothique avec son centre une peinture contenant une âme, ainsi qu'une nature alentour rongeant chaque parcelle détenant une âme et articulant sa force pour reverser le rationnel. **Un cinéma d'horreur ancestrale qui mise sur l'ambiance et non le fade sursaut. Peut-être une synthèse intéressante de l'art face à l'attraction.**
Il se dégage de ce drame poético-fantastique, adapté de l'oeuvre d'E.A. Poe, une atmosphère envoûtante, à la fois délicieuse et lugubre. La maitrise qu'a Epstein de tous les éléments d'expression cinématographique (surimpressions, ralentis, flous, rythme du montage) semble totale. Certains cadrages audacieux, proches de Dreyer, restent hallucinants pour l'époque (la caméra à ras du sol poursuivant les feuilles mortes balayées par le vent). Assurément l'un des sommets du cinéma muet, accompagné d'une partition musicale exceptionnelle.
Soucieux d’inscrire son cinéma dans la réalité et d’en saisir ce qu’elle peut avoir de fantastique – de la même manière qu’Honoré de Balzac recourait au fantastique dans Le Peau de Chagrin, par exemple, pour embrasser la réalité, contenant en elle-même le surnaturel –, Jean Epstein construit son adaptation de Poe comme une montée en effets : d’abord utilisé avec parcimonie, le langage cinématographique (ralentis, surimpressions, gros plans et autre mouvement de caméra) dont le cinéaste s’est rendu maître au cours de ses films précédents s’immisce peu à peu dans l’image, sortant toujours de la matière du réel. Les objets du quotidien servent d’intermédiaires au surnaturel : un tableau, une chaise posée là dans une pièce trop grande et balayée par les vents, une taverne ; tous ces éléments se chargent progressivement d’un mystère, de l’absente que l’on enterre et qui pourtant revient à la vie. On pourrait dire que La Chute de la Maison Usher suit une entrée en possession par le prisme du réalisme : la parole prédomine, comme souvent dans les premières œuvres d’Epstein, et sont rapportées, pour l’essentiel, via des intertitres. Notons d’ailleurs que Poe n’est présent ici que sous la forme de « motifs » : portrait du cinéaste en peintre capable de non seulement restituer le gothique de l’auteur, mais surtout de s’approprier son univers pour y rejouer ses thèmes de prédilection, à l’instar de la nature environnant les protagonistes et répétant, sur une échelle cosmique, la lutte que se livrent, dans le château, des énergies individuelles. La Chute de la Maison Usher impose au spectateur son identité esthétique novatrice et grave la rétine d’images aussi sublimes qu’inquiétantes. « En vérité, c’est la vie même ». Immense.
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4,0
Publiée le 7 octobre 2016
Le fantastique des nouvelles de Poe attira très tôt les cinèastes, et le metteur en scène français Jean Epstein fut l'un des premiers à tenter de recrèer au cinèma le monde et l'angoisse du nouvelliste amèricain! Rèalisèe en 1928, donc en muet, "La chute de la maison Usher" reste aujourd'hui encore l'une des plus remarquables adaptations cinèmatographiques de l'oeuvre de Poe! Ce classique du genre mèrite une mention particulière! Diverses adaptations avaient dèjà ètè faites de cette nouvelle! La plus cèlèbre, rèalisèe par Epstein, fut une des dernières oeuvres de cette première avant-garde française! Epstein fut un thèoricien ambitieux, bien que discutable, et un rèalisateur irrègulier! A cette èpoque, il commençait dèjà à èprouver les difficultès qui n'allaient pas tarder à le diriger vers le documentaire et, plus tard, le condamner à une inactivitè presque complète! il accumula dans "La chute de la maison Usher", oeuvre curieuse et surchargèe, toutes les recherches visuelles qu'il faisait à l'èpoque et que le caractère fantastique de l'intrigue lui permettait d'y introduire! Sans être un chef d'oeuvre, ce muet, visuellement fascinant dans son atmosphère lugubre, est une des dernières oeuvres significatives des inquiètudes de son auteur et des recherches du groupe français qui s'ètait alors formè autour de Delluc...
J'ai mis un moment pour me rappeler où j'avais entendu le nom d'Epstein, et j'ai fini par me souvenir que j'avais entendu parler de La Glace à trois faces, un autre de ces films, dont j'avais vu un extrait et qui m'avait donné envie. Quand j'ai vu que ce film était adapté d'un nouvelle de Poe j'étais encore plus longtemps puisque j'aime bien cet auteur. Le film est visuellement magnifique, je crois que c'est surtout ça qui marque, bordel ce noir et blanc, ce tableau qui s'anime réellement, cette très belle femme qui souffre, qu'on enterre... C'est vraiment une claque à ce niveau, les décors ne font que renforcer cet aspect très glauque et inquiétant, cette sorte de malédiction qui frappe Usher, brrr... Non sérieusement la mise en scène est grandiose, cette scène où les personnages transportent le cercueil de la femme et où l'on voit des bougies qui brûlent en surimpression. Que c'est beau. Epstein a dû avoir les moyens de son ambition, et c'est extrêmement réussi. L'histoire est belle, du fantastique comme je l'aime, les images sont sublimes... Que demander de plus ? Chipotons : le film pourrait être vécu comme trop court mais après réflexion je m'en fous, c'est un expérience courte mais très intense. Epstein est un mec très étonnant, je bave d'en voir d'autres s'ils sont de la même qualité !
C'est un film complètement fou pour la date de sa réalisation. Bourré de cadrages impensables en 1925, la qualité du défilement des images prouve qu'il fut réalisé avec l'une des premières caméras électriques régulées du cinéma français. Les optiques avaient déjà progressé depuis "Nosferatu", en 3 ans, à cette époque, on avançait techniquement autant qu'en 10 ans aujourd'hui. La netteté des images est remarquable. Vraiment curieux et laissant un malaise extraordinairement profond pour un film muet des années 20, cette version du roman de Poe est singulièrement brillante.
Le film accuse de sérieuses longueurs et l'intrigue n'est pas assez travaillée car on comprend pas tout ce qui se passe. Néanmoins il faut le voir car c'est un des premiers films fantastiques français et on a droit à des plans originaux qui renforcent vraiment le côté surnaturel.
Une semi-déception de la part de ce film dont j'attendais pas mal quand même. Je n'ai jamais vu de film de Jean Epstein auparavant donc ceci explique sûrement en partie cela du fait que je ne connaissais pas du tout son style. La vision de ce film m'a fait la même impression que la lecture de la nouvelle d'Edgar Allan Poe c'est-à-dire beaucoup d'écritures pour pas grand-chose de raconté (il suffit juste de remplacer tout cela par du métrage de pellicule pour le film !!!). Et même s'il a tenté de rendre plus consistant son histoire en y greffant beaucoup du contenu d'une autre nouvelle de Poe : "Le Portrait ovale", la technique donne l'impression d'être ici en partie pour bouger les trous scénaristiques. Mais paradoxalement, la technique est sans conteste le très gros point fort du film et elle ne peut laisser indifférente. L'usage que fait Epstein de la surimpression est excellente mais c'est surtout l'emploi très moderne du ralenti qui impressionne. Donc semi-déçu, déçu au niveau narratif mais agréablement surpris niveau technique.
Inspirée de deux romans de Edgar Allan Poe, Jean Epstein nous transportes dans cette univers à la fois sombre et envoûtant à travers un film muet avant-gardiste de la fin des années 20. Sur les thèmes de l'amour, de la mort et peut-être même du deuil, le film se passe tranquillement sur une atmosphère glauque et étrange avec comme musique de fond des airs lyriques ou médiévaux qui donne un tout autre aspect à la scène. Le film se passe de toute énergie inutile et seul l'angoisse et l'intrigue sont les maîtres mots accompagnés de musiques qui leur sont spécifiques pour rendre le spectateur hypnotisé. Le film comporte aussi une photographie assez étrange, les ombres et les personnages ressortent autant que les décors. Question acteur, ils ont aussi des mouvements et des expressions spécifiques, le héros,lui, aux sourires de fou et aux gestes un peu maladroit nous donne l'impression d'un sentiment d'insécurité. Quant au personnage de Madeleine, au visage pâle et aux gestes égarés nous intrigue et en même temps arrive à nous hypnotiser, le montage et les ralenties font tout pour donner à l'actrice l'allure d'un fantôme. Au therme de cette histoire, une scène final difficile a percevoir dont les images pourrait être comparé a celle que l'on fait en rêve. Un film qui n'est pas à ignorer pour les cinéphiles et les fans de Epstein.