Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
5,0
Publiée le 22 octobre 2011
Une des meilleurs adaptations de Poe (sauf pour la fin), Epstein mêle deux histoire: Le portrait ovale ou un peintre prenant sa femme pour modèle la peint avec une tel passion que toute la vie de sa femme passe dans le tableau, l'achèvement de celui ci ne pouvant signifier pour elle que la mort. Et la célébrissime chute de la maison Usher, chef d'oeuvre absolu de la littérature en général et de son auteur en particulier, Roderick Usher atteint d'une maladie héréditaire (ou mentale), fait appelle a un de ses amis car sa sœur Madeline va bientôt mourir. Ils vivent dans leur maison de famille, une maison ancienne, délabré, a l'athmosphere glauque et pesante. Là ou Corman s'intéresse principalement a des rapports de sadisme et de nécrophilie, souligne volontiers l'humour, l'aspect baroque et le sous texte sexuel de l'imaginaire poesque, Epstein lui tire de l'écrivain américain une œuvre métaphysique au romantisme morbide. Tout le film semble axer sur l'idée de représenter l'invisible l'amour passionnel et destructeur de Roderick Usher pour sa femme, le lien surnaturelle qui la lie a son portrait, la demeure des Usher également véritable personnages vivant et maléfique projection des angoisses mortifère qui hantent le maitre des lieux, le temps qui s'écoulent et qui plonge un peu plus les personnages dans la folie et la demeure dans le délabrement. Le film se rattache totalement a l'avant garde française des années 20 et n'a rien a voir avec l'expressionisme contrairement a ce qu'on peut lire un peu partout, dans l'expressionisme la lumière sert a faire ressortir les ombres, dans le film d'Epstein c'est le contraire l'ombre fait ressortir la lumière, l'utilisation des ralentis et des accélération d'image est propre a l'école française des années 20 de même que le flou. Finalement le seul point commun ce sont les surimpression, encore une fois l'école français n'a pas attendus l'expressionisme pour s'y intéresser, et l'utilisation en est quand même sensiblement différente. Enfin si dans l'expressionisme nous assistons a un combat entre le bien et le mal, ici ça serait plutôt entre la vie et la mort, en tout cas c'est un film magnifique.
Je ne me souviens plus si j'ai lu cette nouvelle de Poe, du coup le seul souvenir que je peux bien avoir, est l'adaptation de Corman en 1960 avec Vincent Price, qui si elle n'était pas excellent, je dirai qu'on pouvait sauver quelques trucs. Mais là, le film d'Epstein est un pur chef d'oeuvre. Visuellement c'est magnifique, chaque plan a une idée de cinéma, une idée pour faire sentir cette mélancolie, cette folie, cette angoisse. Les décors sont magnifiques et participent pleinement à l'ambiance. Mais surtout, ce sont les techniques utilisées qui marquent le spectateur (je l'espère à jamais) et leur beauté, voir une femme se faire enterrer, avec en surimpression des bougies des deux côtés du cercueil, ça me donne des frissons. Les acteurs sont très bons, la fille porte littéralement en elle quelque chose de sublime, sa façon de se mouvoir, de tomber. C'est un film plein d'invisible. Toutes ces techniques utilisées sont au service de cette ambiance macabre et rendent le film vraiment unique. J'ai vu le film avec une bande son choisie par Roland de Candé, et elle colle magnifiquement bien avec le film, cette musique ressemblant à du Dark Ambiant (terme sans doute anachronique pour le coup) sublime le film. En tous cas, c'est un très beau film.
Premier film que je visionne de Jean Epstein et je dois reconnaître que je l’ai trouver vraiment très réussi. Il s’agit d’une adaptation de la nouvelle de Allan Edgar Poe que j’ai hélas lu il y a très longtemps et dont je me souviens presque rien. En tout les cas, la mise en scène est extrêmement brillante, la musique d’accompagnement apporte beaucoup de mélancolie et nombres de séquences nous reste en mémoire ( notamment la fameuse scène de la destruction du château ). L’interprétation est excellente, notamment celle de l’étonnant Jean Debucourt dans le rôle de Sir Usher Roderick. Bref, il s’agit d’un film vraiment magnifique et qui me donne à la fois particulièrement envie de découvrir le reste de l’œuvre de ce metteur en scène, mais aussi de redécouvrir l’œuvre de Edgar Poe.
L’être effacé par sa représentation et son retour dévastateur. La vengeance de l’anima… Le film prend à l’expressionnisme les jeux de contrastes entre les ombres et les lumières, l’expressivité des visages. Le surnaturel est suggéré par le symbolisme des images et leurs traitement cinématographiques : surimpressions, ralentis et suspensions d’actions, flous vaporeux… Ça rappelle le « Vampire de Dreyer. La musique d’accompagnement de la version projetée à la Cinémathèque était non seulement belle mais très pertinente (notamment pour l’esprit très celte du film). Bref une beauté rare. Où l’on s’aperçoit que le cinéma s’est bien banalisé depuis les avant-gardes des années vingt.
Chiantissime. L'action va à deux à l'heure. Je me suis rarement autant emmerdé. Ce qui est bien dommage car le film possède une esthétique hors du commun. Le réalisateur a réussi à créer une ambiance onirique avec une ficelle et deux bouts de bois. Ces images au ralenti, avec cet espèce de voile blanc qui recouvre l'ensemble, tout simplement fascinant. Et la musique... je ne suis pas particulièrement admirateur de la cithare, mais là j'étais comme hypnotisé.
Au risque d'en décevoir certains, je ne porte pas sur mon coeur les adaptations au cinéma de l'oeuvre d'Edgar Poe signées Roger Corman. Ce sont des films soignés, certes, mais qui pêchent du point de vue du scénario (tirer un long métrage de ce qui constitue à l'origine une nouvelle est toujours un exercice périlleux). Jean Epstein, illustre cinéaste français, et théoricien du cinéma reconnu, évite le piège de deux façons : son film ne dure qu'une heure dix et mêle habilement deux nouvelles de Poe, Le portrait ovale et La chute de la maison Usher. On devine bien l'influence de l'expressionnisme allemand, mais Epstein a tout compris de Poe. Son film s'inscrit dans un romantisme sauvage qui n'élude pas l'obsession morbide ni la torture que peut susciter l'amour fou. La maison de Roderick est le reflet extérieur de son esprit tourmenté. Bien des scènes ici mériteraient de figurer dans une anthologie de ce qu'il faut faire pour recréer une ambiance : le peintre qui peint sa femme, laquelle dépérit de jour en jour; les travellings novateurs au ras du sol dans les couloirs; la traversée hallucinante de la forêt pour porter le cercueil jusqu'au tombeau de Madeline; l'attente finale de Roderick assis sur son siège à bascule tandis qu'autour de lui la raison se dérègle jusqu'à la hantise; l'errance nocturne de Madeline après sa sortie du tombeau; la destruction du château... Il est inutile de tout citer : ce film est un chef d'oeuvre absolu. A noter la belle musique qui accompagne désormais ce film muet, et qui en décuple la mélancolie, offrant ainsi une expérience de spectateur comme on en voit rarement.