C'est triste mais je ne peux pas faire autrement que le comparer à Mulholland Drive, tant les deux films sont similaires, autant dans la narration que dans l'histoire. Et Lost Highway n'atteint son niveau, ce récit scindé en deux est assez troublant, et le film fonctionne vraiment dans ses imageries horrifiques, mais j'ai du mal à voir où Lynch veut en venir, et le tout me semble rester trop concret pour n'être qu'une rêverie hallucinée semblable à Mulholland Drive. Là ou ce dernier nous fait plonger de plus en plus dans quelque chose de totalement abstrait, Lost Highway conserve des bases, des éléments qui nous donnent envie de chercher du sens à tout cela. Et je n'aime pas le fait d'être piégé par le film. De plus, la seconde partie m'a parut beaucoup moins intéressante, déjà car elle est trop réaliste pendant un long moment, mais aussi car elle coupe la première partie alors qu'elle devenait vraiment intéressante. On s'apprête à entrer dans le pur cauchemar, les visions affreuses de Patricia Arquette morte, et au final cela ne va pas suffisamment loin pour réellement marquer en profondeur. Cependant, le film reste vraiment très bon, cette fin où les histoires se mélangent et finissent par former une sorte de boucle, reste malgré mes réticences, vraiment puissante, et l'on n'en sort pas sans aucun questionnement. L'aspect horrifique fonctionne vraiment très bien, quelque chose de réellement oppressant se dégage du regard voyeur que retranscrivent les cassettes. On retrouve aussi ces effets à la fois ridicule et terriblement oppressant, par exemple quand Bill Pullman voit le visage d'un vieil homme sur celui de Patricia Arquette. Les personnage sont aussi vraiment intriguant, Lynch sait les rendre marquants et iconiques en trois plans, deux gestes et une expression. L'homme mystérieux évidemment, restera en mémoire du spectateur. L'esthétique du film est elle-aussi l'un des gros points forts, entre des plans lancinants s'attardant sur un couloir obscur, et une scène hors du temps où Bill Pullman joue du saxophone, tout est réussi à ce niveau là. On aperçoit encore des rideaux rouges dans la chambre de Patricia Arquette et Bill Pullman, figure qui décidément doit vraiment hanter Lynch. Le montage est lui aussi atypique, laissant quelques secondes d'une scène future apparaître trente minutes avant, le futur hante littéralement le film. Celui-ci est donc à l'image de l'esprit de son personnage. La musique participe à insuffler cette ambiance qui diffère par instants des autres Lynch, la musique de Badalamenti laisse la place à des musiques pré-existantes, hormis dans quelques scènes, mais heureusement la sélection est particulièrement bonne. En somme, un excellent exercice, qui amènera le fascinant Mulholland Drive quatre ans plus tard, et au final, tout ce que j'ai à reprocher à Lost Highway c'est qu'il soit moins bon qu'un autre film.