Comédie de science-fiction minimaliste, écrite et réalisée par Coline Serreau, La Belle Verte est un long-métrage aussi atypique que réussi. L'histoire débute sur une planète lointaine où vit une civilisation évoluée et égalitaire dans une parfaite harmonie avec la nature, qui pratique certaines disciplines comme la télépathie. Lors d'une réunion du conseil planétaire, les habitants font le constat que cela fait deux-cents ans au moins qu'aucun volontaire ne s'est désigné pour visiter la Terre. La raison de ce désintérêt vient du fait qu'elle est pour eux peuplée d'arriérées. Finalement, attirée par la curiosité et sachant que sa mère venait de la Terre, Mila, une mère de famille de cinq enfants, se désigne espérant renouer avec ses origines. C'est ainsi qu'elle est envoyée en plein Paris équipée d'un programme de déconnexion qu'elle peut activer d'un seul geste de la tête et qui pousse la personne visée à évoluer et à tout le temps dire la vérité. Ce scénario d'une grande originalité nous embarque pendant une heure et demie dans une intrigue paradoxalement aussi saugrenue que réaliste. En effet, le récit satirique est un miroir de l'image de l'Homme et cela est aussi drôle que déstabilisant. Il pousse involontairement les terriens à se remettre en questions via les remarques pleine de candeur de l'extraterrestre venant à leur rencontre. Tout cela entraine un message intéressant poussant à la réflexion sur de nombreux sujets comme les inégalités sociales, le racisme ou encore la monnaie. Ces thématiques sont traitées avec beaucoup d'intelligence et de justesse grâce à une écriture précise. De plus, l'utilisation de la télépathie est très bien implantée et amuse fortement. Car oui, le ton marrant fonctionne très bien à chaque scène et l'équilibre est parfaitement trouvé entre drôlerie et questionnement. L'ensemble est porté par un rôle principal assuré par Coline Serrau elle-même qui est totalement crédible. Elle est entourée par de nombreux autres jolis noms appréciables comme Vincent Lindon, James Thierrée, Samuel Tasinaje, Marion Cotillard, Claire Keim, Denis Podalydès ou encore Patrick Timsit qui fait une brève apparition. Une distribution de bonne facture entretenant des relations plaisantes à base de décalage entre ces deux mondes. Des échanges soutenus par des dialogues amusants, entre pensées et explications du contexte, souvent susurrés, ce qui est fortement appréciable. Sur la forme, la réalisation de la cinéaste aux multiples casquettes s'avère qualitative. Sa mise en scène se veut sobre mais soignée. Surtout, elle évolue dans deux environnements très différents entre la planète de départ luxuriante et immaculée et la Terre urbanisée et polluée. Un contraste saisissant avec lequel la réalisatrice joue parfaitement. Ce visuel aux deux visages est accompagné par une b.o. signée là encore par Coline Serreau. Et ses compositions douces sont en totale symbiose avec son ambiance singulière. Ce voyage interplanétaire s'achève sur une fin abrupte ne sachant pas vraiment conclure son récit. Mais cela n'empêche pas pour autant à La Belle Verte d'être un très beau film, une ode à la nature, à la simplicité, au retour à l'essentiel, et pour tout cela, en fait une œuvre méritant grandement d'être découverte.