Lame de fond fait partie de la période un peu morose de la carrière de Ridley Scott et est loin d’être son film le plus connu. Pourtant, c’est un métrage qui s’en sort bien, à défaut d’être totalement maitrisé.
Coté casting, il faut reconnaitre que c’est plutôt convaincant. Jeff Bridges trouve un très bon rôle, celui d’un mentor qui lui sied très bien, et curieusement (est-ce le procès à la fin ?) j’ai pensé à son interprétation dans True Grit en voyant ce métrage. Il est bien épaulé, notamment par le foisonnant vivier de jeunes acteurs qui forment l’équipage du vaisseau. Dans le lot il faut reconnaitre que le seul qui ait réellement percé c’est Ryan Phillippe, néanmoins dans l’ensemble tous s’en sortent vraiment bien, et imprègne avec conviction leurs personnages respectifs. Bon il y a certes un peu de caricature dans leurs rôles, mais cela reste un problème moindre. L’équipage en lui-même est tout aussi solide, avec la seule présence féminine de Caroline Goodall qui s’avère très enthousiasmante.
Au niveau du scénario Lame de fond ne s’en tire pas mal non plus. L’histoire est éminemment intéressante par son sujet, elle mêle avec habilité humour et tragédie, il y a de belles émotions, une morale bienvenue qui se dégage du métrage. Maintenant il faut aussi reconnaitre que le film est un peu longuet, avec quelques passages redondants, d’autres qui n’ont pas une réelle utilité. Par ailleurs ceux qui sont allergiques au mélodrame hollywoodien devront passer leur chemin, car, et notamment sur la fin, on atteint un fort degré de ce point de vue, ce qui enfonce un peu Lame de fond.
Sur la forme, Ridley Scott fait un travail honnête. Il y a une belle mise en scène, notamment lors du passage de la tempête, mais même pour le reste du film. Il semble vraiment prendre du plaisir à filmer ses personnages, à filmer le navire, les décors, et même si tout n’est pas du niveau de ses plus grands métrages, même en moins bonne forme son talent fait qu’il est en mesure d’assurer un travail plus qu’appréciable. La photographie est superbe. Elle est le fruit d’un collaborateur de longue date de Scott, et il faut reconnaitre que l’on sent cette harmonie entre les deux hommes. Par ailleurs Johnson avait déjà travaillé sur Christophe Colomb, ayant donc une expérience dans la gestion des particularismes maritimes et cela se ressent avec une mer magnifiquement rendu dans toutes ses variétés. Les décors sont eux aussi très réussis. Quelques paysages sont franchement magnifiques, les escales rendent bien l’exotisme local, c’est un très beau catalogue d’images que Lame de fond. La musique est peut-être un peu faible. Il était possible d’envisager quelque chose d’un peu plus puissant, avec plus de souffle, et surtout qui soit un peu plus personnel puisqu’on oublie assez vite le thème du film.
En somme, Ridley Scott livre un métrage plaisant. Certes il y a des défauts, avec des clichés, des poncifs, un mélo trop appuyé pour complètement convaincre, mais au final le résultat est efficace. Je déconseille néanmoins ce film aux amateurs d’action, car il y en a fort peu.