Crash est l’adaptation du roman homonyme de James Graham Ballard paru en 1973, dont le narrateur se nomme lui aussi James Ballard. Tout comme le film plus de vingt ans après, il suscita la controverse et de vives réactions. Cependant, ce sont des extraits d'un autre livre de l'auteur, The Atrocity Exhibition, paru en 1970, que reprend mot pour mot le discours sur la “benevolent psychopathology” de Vaughan dans le film (« the car crash is a fertilizing, rather than a destructive event »).
Au Royaume-Uni, le film fut tout bonnement banni par le Westminster City Council (Londres), et ne fut donc pas exploité (hors avant-première) dans cette partie de la ville. Le Daily Mail fut à la pointe de la campagne contre le film, arborant en gros titre un "Ban This Car Crash Sex Film" sur sa page de une, tandis que le critique du Evening Standard Alexander Walker décrivait pour sa part le film comme "au-delà des limites de la dépravation". Le British Board of Film Classification (BBFC), après plusieurs consultations d’experts, en autorisa cependant la projection dans sa version complète, assortie d’une interdiction aux moins de 18 ans. En France, le film fut seulement interdit aux moins de 16 ans.
Si le film eut ses pourfendeurs, il a également eu ses fervents supporters. Les Cahiers du cinéma en firent leur film n°1 de l’année 1996, après que Crash ait permis à David Cronenberg de recevoir l’une de ses trop rares récompenses (Prix spécial du jury à Cannes), et plus tard le n°8 de la décennie 1990, tandis que le magazine britannique Total Film le classait en 21ème position sur sa liste des meilleurs films de tous les temps en 2005. Martin Scorsese, dans le cadre d’une émission présentée par le célèbre critique américain Roger Ebert, lui a pour sa part attribué la huitième place parmi les films de la décennie 1990.
David Cronenberg rapporte dans son commentaire du film qu' à Cannes, où le film était présenté en compétition lors de la 49ème édition du Festival, un journaliste finlandais lui expliqua en conférence de presse avoir aimé le film, mais penser que le cinéaste n’allait pas aussi loin que James Graham Ballard dans son livre. L’auteur britannique, également présent, s’empara alors du micro pour répondre, déclarant qu’il n’était pas du tout d’accord, que le film allait bien plus loin que le livre, et démarrait là où le livre s’arrêtait.
L’actrice australienne Holly Hunter, passionnée par le travail de David Cronenberg et désireuse de tourner pour lui, avait passé pour consigne à son agent de vérifier très régulièrement ce que préparait le réalisateur, et de téléphoner au bureau de ce dernier pour s’en informer. Quand le projet Crash se présenta, l’agent passa donc son coup de fil, et appris que plusieurs rôles féminins pourraient intéresser l’actrice, qui se vit finalement offrir celui de Helen Remington.
Avant que le rôle ne revienne au Canadien Elias Koteas, le personnage de Vaughan avait été proposé au chanteur du groupe australien INXS, Michael Hutchence, tragiquement disparu en 1997 (suicide), à l’âge de 37 ans. Quelques années plus tôt, le musicien avait été victime d’un accident de la route nettement moins fantasmatique que dans le film : renversé par un taxi et agressé par son chauffeur, il s’en était sorti avec une fracture du crâne et une perte d’odorat.
Le personnage crédité comme "vendeur de voitures accidentées", dont on entend la voix sans l’apercevoir, était au départ interprété par un acteur et avait une présence physique à l’écran. Mais David Cronenberg se ravisa, estimant qu'en tant que spectateur il ne souhaitait pas le connaître, et qu’il était plus intéressant de le rendre quasiment « non-existant ». Il décida donc de ne pas le montrer, et remplaça la voix de l’acteur par la sienne, en prononçant ses répliques de la façon la plus neutre possible, afin de creuser cette absence.
La voiture du personnage de Vaughan devenant de plus en plus cabossée au fur et à mesure du film, pas moins de six Lincolns identiques furent utilisées pour le tournage. Trois réservées à la conduite, une pour le crash, une autre coupée en deux pour les plans en studio, et une dernière convertie en pickup afin de pouvoir installer à l’arrière une caméra qui adopte le point de vue du conducteur.
Dans la première version du scénario, le film s’achevait sur ce qui devint l’avant-dernière scène du film, et correspondait plus ou moins à la fin du livre. Mais en relisant le scénario, David Cronenberg et ses collaborateurs estimèrent que quelque chose manquait, qui filtrait implicitement dans le livre mais pas dans le film. Ainsi fut ajoutée la dernière scène du film, et la dernière réplique, essentielle, du personnage de Ballard à sa femme Catherine : « Peut-être la prochaine fois, chérie. Peut-être la prochaine fois. »
Dans la dernière scène, on peut constater sur les plans de James Spader dans sa voiture que le ciel est sensiblement différent de celui qu'on aperçoit sur les autres plans. La raison en est simple : ils furent tournés quelques semaines plus tard, alors qu’il ne pleuvait plus (la chaussée ayant dû être humidifiée). David Cronenberg s’était entretemps aperçu que les images qu'il avait d'abord tournées, qui respectaient les indications du scénario selon lesquelles le personnage de Ballard devait adopter l’attitude d’un prédateur, lancé derrière la voiture de Catherine, ne convenaient pas. Il sembla ainsi au cinéaste que le personnage devait plutôt exprimer de l’excitation et une certaine exubérance.