Curieux que je suis, je ne pouvais pas rater le premier film de Bernard-Henri Lévy.
Le genre d'œuvres précédées d'une aura si monstrueuse que sa vision devient une nécessité absolue.
Dans mon entourage, toutes les personnes bien intentionnées m'ont déconseillé de prendre Le jour et la nuit à la légère. Parmi les critiques, même son de cloche. Le cinéma lui-même semblait se démener pour m'empêcher de glisser ce film dans le lecteur de disques. En vain, car je le regarderai, quelles qu'en soient les conséquences...
Petite note personnelle : je n'ai pas d'aversion particulière pour le réalisateur. Je tiens à le dire. Sa vie ne m'intéresse pas, son avis ne m'intéresse pas plus. Je ne connais rien de ses productions (selon mes amis c'est heureux) et encore moins de sa personne. Bref, Bernard-Henri Levy a tourné un film, c'est avec un casting plus que prometteur. Très bien, je veux le voir.
Alain Delon, Lauren Bacall, Xavier Beauvois, Karl Zéro et...Karl Zéro? Hum. Bon, ok pourquoi pas? Et Arielle Dombasle...Euh?...Bon, d'accord c'est un peu insolite comme cast mais justement, ça donne envie.
Je refuse catégoriquement de m'abaisser à malmener jusqu'à plus soif Le Jour et la Nuit. Sans lui, je n'aurais jamais eu la chance de découvrir le formidable documentaire "Autopsie d'un massacre", consacrée à la réception pour le moins houleuse du film à sa sortie. Un pur délice, peu avare en moments comiques. Merci donc à lui pour ça. Si vous ne l'avez pas vu, je vous le conseille. Si vous avez zappé votre séance d'abdos de la journée, vous allez la rattraper vite fait avec ce documentaire.
Au delà de ça, Le jour et la nuit est une pure leçon. À peu près tout ce que fait le film devrait être enseigné en école de cinéma, tant sa ferveur à se vautrer intégralement tient du pur geste artistique.
Pour être franc, je ne sais même pas de quoi parlait le film. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de m'y intéresser. Tout ce que j'ai vu, c'est un Delon qui fait du mauvais Delon, une Arielle Dombasle en plein casting pour la lingerie Aubade, un Xavier Beauvois sous ébriété permanente et un Karl Zéro perdu dans un film muet. Ah si, j'y ai vu de formidables clichés sur l'Amérique du sud (où les habitants semblent tous sortir de Tintin chez les Picaros).
Et je ne peux évidemment pas oublier de mentionner une séquence propre à devenir immortelle dans les encyclopédies du pire sur pellicule. Imaginez-donc : deux montgolfières et une tripotée de personnages qui parlent entre eux. Simple, on est d'accord.
Mais la maestria démente de Levy parvient à annihiler toute lisibilité : découpage insensé (des plans toutes les secondes!), des dialogues invraisemblables, une lecture de l'espace jetée au fin fond du Pacifique,...Un supplice sans pareil. Et une séquence parfaite pour synthétiser l'ensemble.
Un carnage total à tel point que j'ai dû compter les plans à peu près valables de l'ensemble. J'en compte moins d'une dizaine. Bah vous êtes gentils mais vu que je ne pouvais me rabattre ni sur l'histoire, ni sur la mise en scène, ni sur les acteurs, comment faire autrement? J'ai bien conscience que beaucoup de gens ont travaillé durement sur le film. Mais il faut croire que leur labeur a été souillé par Le Jour et la nuit.
Que dire? Ce film n'est pas une date. Juste un titre qu'on accolera à la définition du pire au cinéma. Il ne sera pas seul, évidemment. Mais il a une place que même les plus grands cauchemars de cinéphiles n'arriveront pas à atteindre.