Vu cette nuit... J'aurais aimé faire preuve d'originalité, me démarquer des critiques de Panurge par souci de distinction ou de bon goût. J'aurais aimé rire, au moins face au ridicule, histoire de me taper la poilade ultime. J'aurais presque eu envie de défendre cette chose, de tenter d'être objectif et de ne pas la réduire à la qualification de " pire film de l'Histoire du Cinéma " ( et encore, ça serait flatteur ! ). Mais c'est tout bêtement impossible : rien, mais strictement RIEN n'est à sauver dans ce truc déguisé en film ! BHL a voulu faire du cinéma... Pourquoi pas ? Mais qu'il assume les retombées, bon sang ! Que les critiques soient désastreuses n'a rien du " ressentiment organisé " qu'il prétend ( je cite ). Car avant d'être juges les journalistes sont des spectateurs comme les autres, capables d'analyser le cinéma. Parlons donc du métrage en lui-même, puisque taper sur BHL ne sert visiblement pas à grand-chose ( il y aura toujours quelques faux-culs prédisposés à retourner leur veste, même 13 ans après le massacre ) : introduction muette - mais musicale ! - cadrée par un Max Pécas qui se prendrait pour Godard ( ruptures de tons, échanges de regards, et patati et patata ). Et puis le Mexique, lourdingue, à mi-chemin entre l'imagerie Club-Med et le National Geographic : le chef op' a dû se faire soudoyer par BHL pour alimenter cette daube ( RIP Orson Welles... ). Montage catastrophique, indigne d'un étudiant en FEMIS... Après BHL parle de caméra subjective ininterrompue, dispositif qu'il ne maîtrise absolument pas ( aucune science de l'angle, du raccord et du rythme en général ). Succession - ou plutôt tas de plans - censée raconter les déboires sentimentaux d'un écrivain taciturne, épris des montgolfières et de la bibine : plus cliché, tu meurs ! Dialogues verbeux, vulgaires, étalant des banalités suffisantes... BHL n'a également aucune maîtrise du symbole, son allégorie transpire la maladresse, en plus d'être réductrice ( un ballon dirigeable évoquant l'utérus de maman, c'est gonflant ! ). Musique de Jarre, insupportable, vaguement repiquée au Mépris ( encore Godard, merci )... Dombasle ridicule, Delon itou - pas même arrogant, c'est un comble ! Zéro grotesque, bien qu'il soit le seul à nous inspirer de la sympathie, surtout quand il tente de défendre humblement le bidule qu'il trouve plutôt chouette... Bref je pensais qu'il était plus difficile de faire un bon film qu'un mauvais film, mais là j'en doute. BHL se targue d'avoir réalisé un chef d'oeuvre incompris, jugeant coupables les critiques haineuses de l'époque - qui bien entendu n'ont rien capté au cinoche ( forcément, la cinéphagie abruti...). Pour ma part je m'en vais rejoindre le vide-ordures, chose qui ne m'est encore jamais arrivé. Oui : le cinéma et Lévy, c'est le Jour et la Nuit.