Le Grand Duel est un western spaghetti type, avec ses bons et ses mauvais points ! Côté bon point, on peut dire que le casting tient la route. Lee Van Cleef est très solide dans un rôle qu’il connait par cœur. En clair, pas vraiment un rôle de composition, il décline son personnage de fin tireur élégant et ambigu comme il sait le faire mais le charisme suit, et son duo avec Peter O’Brien fonctionne plutôt bien. Le film s’adjoint également les services d’un trio de méchants franchement très convaincant mais qui n’apparaît malheureusement qu’assez peu dans la seconde partie. Klaus Grünberg en fait notamment des tonnes en méchant raffiné et plus ou moins syphilitique, et ça fait partie de ces sympathiques excentricités des western spaghetti.. Car oui, ce film est excentrique, et c’est à la fois une qualité et un défaut. Qualité lorsqu’il s’agit des méchants, défaut quand Lee Van Cleef se voit soudainement affublé d’un super-pouvoir assez délirant à l’occasion d’une scène en plus totalement inutile ! Bizarre, mais on comprend dès lors qu’on est dans une semi-parodie, et c’est ce qui m’a notamment dérangé et me dérange souvent dans les westerns spaghetti de série B. D’un côté t’as des scènes hyper sérieuses et même violentes, de l’autre des moments comiques à la limite du grotesque. Le mélange des deux donne assurément une proposition originale, mais le film donne aussi l’impression de se chercher continuellement et j’ai regretté ce manque d’orientation claire. Du reste, le scénario est le point faible du film. La première partie est particulièrement longuette, répétitive, avec ce jeu du chat et de la souris entre Van Cleef et O’Brien qui semble ne jamais finir, le tout entrecouper de blagues avec des personnages secondaires sympathiques mais franchement digne d’une pure comédie. On arrive en ville assez tardivement, et là le film embraye sur quelque chose de plus sérieux, sans toutefois complètement convaincre. Le métrage vire à la surenchère, il en fait des caisses, et il n’a pas peur de s’essayer par moment à l’invraisemblance, rajoutant un anachronisme par là où carrément un truc improbable (avec la regrettée Dominique Darel). Le final est attendu et sans grande surprise.
Néanmoins, le film est honnêtement rythmé et il n’est pas déplaisant à suivre. Notamment car il y a du savoir-faire dans la réalisation. C’est bien filmé, en particulier les scènes d’action, il y a d’honnêtes décors, la photographie est correcte et la bande son, quoique très académique dans le genre, donne de l’allant et du style à l’ensemble. Sans être mémorable visuellement et devant clairement aux classiques du genre, Le Grand Duel est de la série bien emballée comme souvent dans le western spaghetti.
Pour ma part, voilà un western amusant et globalement propre, mais auquel il manque clairement un truc pour s’élever au-delà de la moyenne haute du genre. Assez foutraque, parfois grotesque dans ses choix, un peu lent à se mettre en place, le film peine aussi à vraiment trouver sa tonalité. Après à mon avis on est quand même dans l’un des meilleurs western avec Van Cleef en tête d’affiche et ce film est clairement meilleur que Sabata. 3