Lorsque le scénariste des « Saw 4, 5 et 6 », qui sont au passage les moins réussis de cette saga à rallonge qui s’essouffle fortement, passe derrière la caméra, on peut se permettre d’avoir peur (dans le mauvais sens du terme). Surtout que dans ses grandes lignes, le scénario de ce « Collector » tient à peu près le même fil rouge bien tranchant que dans les aventures sanglantes, et désormais chiantes, du tueur au puzzle. Mais la surprise est agréable, puisque ici le résultat tient la route, bien plus que les derniers volets de la série « Saw ». « The collector » commence comme beaucoup de films d’horreur. Après une intro rapide destinée à promouvoir quelques facettes du tueur auquel on va avoir affaire, on plante les piquets de notre histoire, on fait le tour des personnages qui vont nous y accompagner. Le calme avant la tempête en quelque sorte. On installe le décor autour d’Arkin, jeune ouvrier au passé trouble, qui doit cambrioler une maison afin de régler quelques soucis d’argent pas très net. Il est incarné à l’écran par Josh Stewart, un jeune acteur qui se révèle lui aussi être une bonne surprise. Décidemment, ça en fait déjà deux quand même ! Il donne vie avec énormément de justesse à un personnage qui n’a pas l’air d’avoir trop le choix de faire ce qu’il fait et qui se retrouve au beau milieu d’un piège cauchemardesque. A travers son regard paumé, il réussi à faire naître autour de lui le mystère, le désarroi de la dernière chance. Et l’horrible piège cauchemardesque en question, à première vue, il rappelle (trop) fortement l’odeur des « Saw ». Marcus Dunstan essaierait-il de faire pour son propre chef une sorte de dérivé du produit pour lequel il écrit ? Un tueur méthodique et pervers semant des embûches tordues pour coincer ses victimes, ça sent fortement le déjà-vu ça ! Et bien figurez-vous que non, pas tant que ça. Ici, il n’est pas question de jeux morbides ou de choix vicieux à faire face à ses dits pièges pour survivre. Ils sont planqués un peu partout dans la grande bâtisse pour attraper les proies, les empêcher de prendre la poudre d’escampette. Si la trame n’est donc pas des plus originales et novatrice, chose souvent recherché dans le cinéma d’épouvante, elle a au moins le grand mérite d’être fort diabolique, bien malsaine, et finalement très efficace. On notera, et c’est important, que les personnages ne sont pas des clichés sur pattes (le genre en est infesté malheureusement), et la psychologie générale est vraiment très soignée, ce qui évite de desservir le film. Et un bon film d’horreur qui se respecte se doit d’avoir un méchant qui tient le pavé, parce que quoiqu’il arrive, c’est toujours plus ou moins lui le vrai « héros ». Ba oui, qui a un souvenir indélébile des jeunes gens traqués a mort dans « Massacre à la tronçonneuse », « Halloween » ou « Les griffes de la nuit » ? Par contre tous se souviennent de Leatherface, Micheal Myers, Freddy Krueger et bien d’autres encore. Ici, le boogeyman est tout aussi mystérieux et bestial que charismatique et inquiétant. Il n’est pas non plus de la trempe de ceux cités juste avant, mais il ne fait pas rire ou naître l’ennui à chacune de ses apparitions comme cela peut être le cas parfois. Bien au contraire. Il joue à un intense jeu du chat et de la souris avec Josh Stewart dans chaque recoin dans cette maison devenu son sanctuaire, au rythme d’une mise en scène de qualité, servie par une photographie appliquée au grain saturé, et un sens du suspense affûté. Si la surenchère de la violence peut à la longue finir par lasser, elle a au moins une vertu ici par rapport à d’autres thrillers new-age très axés sur le gore : elle n’est pas l’attraction centrale du film, et n’est pas là que pour cacher les faiblesses du scénario ou l’incapacité à savoir faire naître la moindre tension, comme dans « Hostel » et autres « Saw » par exemple.
Ce huis-clos oppressant et sanglant, dans la directe lignée de films comme « Ils » ou « The strangers », ne casse pas la baraque mais il est, dans son genre, de qualité, fait passer quelques frissons et tient en haleine pendant 1h30, et c’est tout ce que l’on lui demande ! Zappé de sortie cinéma en France, on va finir par se demander si les meilleurs films d’horreur ces temps-ci ne sortent pas directement en DVD…
D'autres critiques sur mon blog http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/