C'est l'histoire de Jude, incompris, en marge de la société, érudit parmi les petites gens, qui aime passionnément sa cousine...
On en conviendra : c'est loin d'être le meilleur film de l'année. Ce dernier est d'ailleurs fidèlement différent du livre. Laissez-moi expliquer cette oxymore étrange : le réalisateur, à travers un découpage identique à son frère en papier, a conservé l'intrigue principale et écarté toutes les fioritures. D'un côté on va droit au but, mais le coeur du problème, bien plus complexe dans le livre, se voit de ce fait zigouillé sur place. On perd donc énormément en grandeur et profondeur de récit, en enjeux personnels et en compréhension de personnages. Celui de Sue, en particulier, est beaucoup lissé (d'un côté ce n'est pas un mal, vu qu'elle est relativement énervante chez Hardy). Quant à celui de Jude, son érudition est représentée mais pas le sacrifice de ne pouvoir s'en servir. La scène au bar où il récite en latin, toutefois, regorge d'émotion, et on souffre avec le pauvre Jude qui a plus subi la vie qu'il ne l'a vécue.
La fin est assez vite expédiée et surtout coupée, tandis qu'on assiste simplement au départ de Sue, avec Jude lui criant qu'elle est sa femme, un point c'est tout. Quelle grosse perte de récit, de tout le cercle obscur dans lequel évolue Jude ! Dur de comprendre ainsi les intérêts majeurs d'une telle histoire.
Alors même si on perd en bavardage, on loupe quand même un beau paquet sur la relation des deux protagonistes, sur leur passion complexe, sur la religion et la société de rejet de nouvelles idées.
En fin de compte, mieux vaut se farcir l'intégralité de l'histoire, laquelle est pourtant dense et riche en messages et critiques.
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