Autant "Les Amants réguliers" était un film intéressant à plus d'un terme, autant "Un été brûlant" est à fuir, sauf peut-être pour ses effets involontairement burlesques. Chef d'oeuvre selon Libé et Les Inrocks (évidemment), pour qui jamais Monica Belluci n'a été si belle et si intelligemment filmée. Ah? Elle est pourtant d'une inexpressivité parfaite. Les conversations politiques? Une succession de perles... Le fou-rire n'est pas loin: "La révolution, il n'y a que ça, sinon, c'est la guerre. Si t'es pas pour la révolution, t'es un réactionnaire, et les réactionnaires, c'est les copains des fascistes". Tordant. Sinon, on y trouve aussi des aphorismes d'une profondeur impressionnante: "On n'est pas ensemble, on est côte à côte. L'amour et l'amitié, c'est pas pareil." Woaw.
En gros, donc deux couples à la joie de vivre évidente (Elisabeth a déjà tenté plusieurs fois de suicider, Angèle en a très envie, et Frédéric se fout contre un platane parce qu'il est contrarié de perdre sa copine), gauchistes dans l'âme, qui lorsqu'ils voient des policiers arrêter des types, se fendent d'un "salaud Sarko" hyper militant. Qui fument des joints, sniffent un peu de coke, peignent des tableaux, jouent à l'acteur ou vendent "La Cause du peuple" (euh, non, "l'insurrection" en fait), et sinon glandent à Rome. Louis Garrel est encore plus tête à claques que d'habitude, surjouant jusqu'au comique toutes les émotions humaines.
L'amour, l'amitié, le suicide, l'art, la révolution, une lointaine référence au Mépris de Godard... Tous les éléments étaient réunis, en effet, pour que certains critiques se caricaturent eux-mêmes dans l'ovation du vide. Merci Philippe Azoury et Serge Kagansky! Qu'est-ce qu'on deviendrait, sans vous!!