Bel Ami – Du Roy se meurt
Il est des romans qui ne vieillissent pas, et conservent leur jeunesse par un étrange élixir de jouvence. Bel-Ami est de ceux-ci. Écrit par Guy de Maupassant, et publié en feuilleton dans le quotidien Gil Blas en 1885, cette œuvre, naturaliste pour certains, est restée l'un de nos modèles de littérature afin de comprendre le monde du journalisme du XIXème siècle. L'auteur, ayant lui-même exercé dans le métier, nous donnait à voir un arriviste dans le milieu, gravissant les échelons à l'aide des femmes qu'il séduisait. Ce sont donc deux aspects du roman, le journalisme, et la femme, qui faisaient et font toujours la grandeur et l'importance de cette œuvre.
C'est en connaissance de cause que Declan Donnellan et Nick Ormerod décidèrent de s'attaquer à l'adaptation de Bel-Ami sur grand écran. Cependant, si de nombreux éléments présents dans l'écrit originel de Maupassant demeurent, comme le jeu du miroir, le bilboquet des journalistes, ou même la coupe de cheveux de Georges Duroy (blond, avec une raie au milieu du crâne), les réalisateurs ont préféré se concentrer sur le rapport qu'entretenait le héros avec les femmes plutôt que sur la reconstitution exacte du monde du journalisme politique. Donnellan et Ormerod n'ont pas suffisamment fait attention au centre de l'oeuvre. Les évènements liés à La Vie Française sont quasiment absents du film, rien d'autre ne compte que l'art de la séduction chez Robert Pattinson.
Cynique dans le livre, dépité dans le film. On a à faire à un homme jaloux, certes ambitieux, mais obnubilé par Mme Forestier (saluons tout de même l'admirable prestation d'Uma Thurman, comme toujours). Le film semble plus épique qu'humoristique ou poétique. Pour cause ! L'aveu de Mme Walter (ici Rousset, mais enfin pourquoi?) se fait bien dans une église, mais si la scène se veut humoristique chez Maupassant, les réalisateurs parviennent à la rendre insipide. Le Duel, élément important du roman car il nous montre pour la première fois Georges Duroy sous son côté anti-héros, est mis à la trappe. L'humour sous-jacent du passage également. La réception des Walter, marquant le début de l'intérêt de Duroy pour Suzanne est également absente du long-métrage. Pourtant, la poésie et le lyrisme de la scène aurait fait du bien à un film somme toute trop hollywoodien.
Reconnaissons cependant l'intérêt qu'apportent les actrices à Bel-Ami. Toutes s'en sortent avec les honneurs. On ne peut en dire de même pour Robert Pattinson. Pris en traître par la multitude de gros plans centrés sur son visage ? Sans doute. Toujours est-il qu'il ne brille ni par sa performance d'acteur, ni par sa compréhension du personnage de Georges Duroy. Est-il a blâmé puisque le film ne reprend pas, lui non plus, les composantes du livre ? Sans doute pas.
On appréciera cependant le fil conducteur du film, assez fidèle aux évènements du livre, bien que le ton, les décors, la mise en scène, et surtout les détails ne collent pas suffisamment à l'écrit de Guy de Maupassant.
Du Roy se meurt.
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