(...) Plus que de Yip, WKW entend nous parler d’un monde : celui de ces maitres d’arts martiaux. Avec, la complicité, comme toujours, de son directeur artistique (et aussi monteur) William Chang, et d’un nouveau venu à la photographie, le français Philippe Le Sourd, il recréé toute une société, une civilisation qui a atteint des sommets de raffinements mais qui entre aussi en dégénérescence. Wong Kar-Wai parvient, mieux que quiconque, à filmer un univers hors du temps, embaumé, en lui insufflant une beauté déjà triste et mélancolique. Le pavillon d’or, maison de plaisir mais aussi lieu de concentration des notables et intellectuels de Foshan, ville natale de Yip où il vécu pendant ses quarante premières années, abrite la première partie du film. Le soin apporté à la création d’une ambiance, par un travail incroyable sur les costumes, les décors, mais aussi, évidemment, la lumière et le cadre, nous donne l’impression d’observer les reliques d’un monde disparu, beau comme peuvent l’être des ruines. On pense ainsi par instant à l’Apollonide qui avait si bien su faire renaitre la beauté fanée d’un Paris à l’aube du XXe siècle. Wong Kar-Wai capte ainsi la lumière sur les bijoux et les robes des courtisanes, le luxe des boiseries et la délicatesse des mouvements, la profondeur d’un regard qui appuie la précision des mots choisis par ces êtres d’une terrible sagesse.
Mais l’Histoire entre en scène, par le biais de l’invasion japonaise, et tout s’effondre. C’est bien l’agonie d’un monde que filme Wong Kar-Wai. Une fin accélérée par des guerres et des déchirements politiques, par la perte de valeurs et l’oublie de traditions. (...
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