Adapté d’un jeu de société de bataille navale (mais où va le cinéma…) Battleship annonce le début des blockbusters estivaux de 2012. Avec ses allures de film Michael Bayesque, a-t-il une chance de s’imposer, ou plutôt a-t-il une chance d’être un bon film ? La réponse dans quelques lignes.
Faisons une petite liste de tous les préjugés que nous avons sur le film. C’est un énième blockbuster débile qui vante les mérites de l’armée américaine. Comme Transformers, l’action va primer sur le développement des personnages et de l’intrigue. Le fait d’avoir embauché Rihanna (sérieusement ?...) comme actrice reflète la bouse qui sortira du gros tas de bouse que sera le film. Fin des préjugés. Là où la vérité est réelle, c’est que Hasbro (compagnie qui fabrique des jouets) a voulu, comme pour Transformers, faire un film qui puisse permettre de booster les ventes de produits dérivés. Si ça a marché pour Transformers, ça n’empêchait pas les films (réalisés par…Michael Bay !) d’être de purs ratages mémorables, et c’est ni plus ni moins ce qu’on attendait de Battleship…et à la surprise générale, Battleship est un bon film. Comment ce fait-ce ? Me direz-vous. Et bien là où on avait pris la décision de laisser Michael Bay (aïe, ce nom fait mal aux oreilles) s’occuper avec franche débilité de Transformers, on a choisi ici…un bon réalisateur ! (comme quoi tout peut arriver). C’est Peter Berg qui avait auparavant réalisé le très bon Hancock qui s’est chargé de faire ce bon film qu’est Battleship. Il profite d’un début assez original pour faire une belle entrée en la matière et poser une ambiance, accompagné par la bonne musique de Steve Jablonsky. L’idée est simple : grâce à un satellite méga high-tech, nous pouvons envoyer un signal sur une planète semblable à la Terre. Malheureusement, les habitants de cette planète débarquent en grande pompe sur la Terre pour nous foutre une pétée. Le grand classique de l’invasion extraterrestre. Et malgré ce classicisme ambiant et la présence apparente de nombreux clichés, le film fourmille de bonnes idées et de bonnes intentions.
En premier lieu, les personnages sont présentés de manière originale. Si la présence de Liam Neeson est anecdotique, les autres personnages sont efficacement placés. Les acteurs font un bon travail, notamment Tadanobu Asano. Taylor Kitsch, le héros du film est tout de suite très attachant. C’est difficile à dire, mais même Rihanna arrive à jouer. Il est clair que son rôle ne requiert pas une actrice exceptionnelle, mais elle y arrive quand même. Applaudissements je vous prie. Cela reflète ce que va faire le film, détruire avec malice tous nos préjugés. En partie grâce à des trouvailles audacieuses et un bon travail sur l’humour, ce qui permet de faire adhérer le spectateur à l’histoire et de le laisser se prendre dans le film.
Au niveau du pur film d’action, le film remplit le contrat haut la main. Les scènes d’action sont bien filmées et bien mises en scène, parfois spectaculaires. On remercie la réalisation intelligente de Peter Berg, aidée par de superbes effets spéciaux. Les aliens sont eux aussi bien mis en scène, et leur technologie est assez bien trouvée. Mais la vraie force du film est qu’il ne se prend pas du tout au sérieux. Et franchement, quelle joie de voir un réalisateur prendre autant de recul sur son film. Conscient du caractère stéréotypé des blockbusters bien débiles (Transformers, Transformers 2, Transformers 3…merci Michael Bay….) il joue l’autodérision en détournant avec humour les codes si usés de ce type de film. En plus de son côté fun et libéré drôlement agréable, la bonne écriture promet des moments tordants, à mi-chemin entre la critique de blockbusters débiles et la situation comique jouissive. Le réalisateur va même, dans un élan de simplicité désarmante, pousser la dérision jusqu’au bout puisque les aliens sont presque pareils que le humains, et proposent cette fois sans superficialité la réflexion sur l’homme qu’essayent de faire passer tant bien que mal les films d’extraterrestres.
Recomparons Transformers et Battleship voulez-vous. Les deux sont à priori des blockbusters bien débiles qui misent tout sur l’action. Michael Bay met les pieds en plein dans cette vision des choses, et grâce à sa mise en scène pitoyable, livre trois gros navets. Peter Berg joue quant à lui magnifiquement la carte du second degré. La force des scènes d’action s’ajoute à l’écriture de qualité, qui couronne une satire de blockbuster vraiment audacieuse. Une très bonne surprise, et un bien meilleur film que Transformers 3.