4 ans après la bourde monumentale "Genisys", "Dark fate" tente de limiter les dégâts, de se racheter auprès du public afin de ne plus rester sur cette terrible prestation. Pour cela le film mise sur deux valeurs sûres, la présence de l'emblématique Arnold Schwarzenneger qui à 70 ans passée arrive à reprendre ses repères mais sans éclat, sans ce grain de fantaisie décalée qui caractérisait son personnage emblématique, puis le retour d'exil de Linda Hamilton, dont le rôle consistera davantage à bomber le torse, participer activement aux scènes d'action, critiquer et être constamment peu aimable plutôt que de monter au créneau ou faire preuve d'une complexité psychologique à laquelle on aurait pu s'attendre vu sa vie tumultueuse. Notre attachement à Sarah Conor est terni par l'absence de détresse et un manque désolant d'humilité qui en dégrade tout le charme. Autant le dire tout de suite, le duo historique déçoit, n'apporte avec lui aucun contenu consistant à la nouvelle génération (tant dans l'audience que dans le film) en train de découvrir ce monde inconnu, il ne faut s'attendre à aucune forme de clin d'oeil ou de complicité/rivalité sympathique vu la relation spéciale qui a longtemps lié les deux personnages, même pas au moment clé de leur recontre où le
tourment de Sarah Connor quand elle croise l'assassin de son fils est trop mesuré, sa réaction à peine contestataire nous laisse de marbre. Elle ne s'excite pas, elle ne s'acharne pas, elle s'énerve 10 secondes puis se calme rapidement pour partir s'isoler machinalement en lui tournant le dos. La rencontre aurait dû être explosive tant pour le besoin du scénario que pour celui d'un public qui ne peut être que déçu de s'apercevoir que le
choc tant attendu entre les deux monuments de la saga désenchante, à cause d'une mise en scène négligée et complètement loupée. On se rends du coup bien compte que la production comptait en fait sur la présence des deux acteurs pour se donner du cachet, rien d'autre. Le film mise aussi sur un scénario soutenant la cause féministe, sujet en vogue du moment, une façon comme une autre de récolter l'adhésion d'un plus large public, pourquoi pas. À tel point qu'il n'a pas jugé nécessaire de donner de la profondeur au récit, de mettre en place des enjeux complexes. Là non plus il ne faut pas s'attendre à un renouveau du genre ou à un quelconque message innovant. Même les liens que vont être obligées d'entretenir nos trois héroïnes sont fades, stéréotypés et manquent cruellement d'excentricité. D'un autre côté, "Dark Fate" se rattrape par de bonnes scènes d'action et une qualité remarquable de sa réalisation, malgré quelques absurdités gênantes et totalement superflues
(Très peu d'explications quant aux conséquences morales et factuelles de l'assassinat de John Connor, Sarah Connor qui jette le smartphone de Dani avec beaucoup d'ironie sur la bêtise de garder sur soi un objet aussi facilement repérable alors que 2 minutes plus tard elle ressort le sien d'un packet de chips, la mouche coupée en deux avec un canif, la formation éclair de Dani aux armes à feu, la vie incognito menée par Carl très loin d'être convaincante...etc.)
. On retrouve bien l'ambiance noire des premiers terminators, mais un brin trop sérieuse puisque les rares tentatives d'humour ne réussissent pas vraiment, puisque le caractère inhumain des robots qui en ont pourtant l'apparrence n'est jamais tourné à la dérision, un brin tristounet également à force de voir des visages crispés tout le temps, de ne pas changer de temps en temps de registre, ce n'est pas tout à fait l'esprit de la maison. Il n'en demeure pas moins que l'image est extrêmement bien réussie, et les très bons effets spéciaux s'y intègrent parfaitement, Tim Miller n'est sûrement pas l'homme à blâmer pour le sentiment mitigé que laisse ce 6ème volet. À défaut d'être pertinent d'être regardé, ça a le mérite au moins d'être agréable à voir. "Terminator : Dark fate" est une reprise classique tout juste numériquement augmentée de ce qu'on a déjà pu connaître de la saga, c'est à peine suffisant pour rectifier le tir par rapport au désastreux "Genisys" mais largement insuffisant pour éviter de retomber exactement dans la même embûche, sous une autre forme.