J’attendais avec une certaine impatience ce nouvel opus. Ou reboot. La nouvelle mode. Ou comment balayer ce qui a été déjà fait ou comment séduire une nouvelle génération de spectateurs. « Terminator : Dark Fate » s’intercale entre le deuxième volet et le troisième « Soulèvement des machines », lequel avait une touche féministe comme ce dernier. Ce peut être un souci de charger autant la mule (sans aucune maladresse de ma part), mais ça devient lourd avec la dictature de la fameuse diversité, égalité, représentativité etc. On ne vient plus dans le passé tuer un jeune ado mais une jeune femme mexicaine chef de rebelles. On change tout simplement de genre tout en restant dans le thème. Donc, dans ce nouveau Terminator, les femmes sont bien représentées : on y retrouve Sarah Connor (Linda Hamilton) ; une humaine améliorée, Grace (Mackenzie Davis) venant du futur qui a pour mission de sauver une… femme, mexicaine de surcroît, Dani (Natalia Reyes). Eh oui, on féminise le tout. J’ai toujours eu une sensibilité féministe mais là, ça semble respirer l’artificiel. Plaisir de retrouver Linda Hamilton, personnage iconique voire incontournable des deux premiers Terminator. Plaisir de retrouver cette atmosphère des deux premiers. Plaisir de retrouver la Jeep qui emmenait Sarah Connor vers le Mexique, enceinte de John, à la fin du premier. Plaisir de constater que les effets spéciaux sont magiques pour nous restituer une Sarah Connor et son fils (Edward Furlong) sans oublier Schwarzenegger tous rajeunis. Ô temps, quand tu suspends ton vol… Seulement tout s’écroule dans cette séquence. Eh oui, un Terminator T800 tue le petit John Connor. Ce Terminator s’est montré plus efficace (enfin !) que ses prédécesseurs et surtout nettement plus efficace que le T1000 interprété par Robert Patrick. A bien y réfléchir, si on est honnête, et si on taquine un peu, les Terminator qui se sont succédé pour tuer John Connor sont de sacrés looser ! Et le dernier n’échappe pas à la règle. Pourtant, je n’ai jamais eu ce genre de réflexion en voyant les trois premiers tant j’étais captivé par le récit, l’imagination des scénaristes, la réalisation des effets spéciaux, le deuxième notamment qui a été surprenant d’inventivité. En matière d’effets spéciaux, je dois avouer que ce dernier Terminator est réussi sans pour autant être innovant. Donc pour en revenir à la mort de John Connor, une question indispensable se pose : comment John Connor a-t-il pu envoyer Kyle Reese pour protéger Sarah Connor ? John Connor étant le chef de la Résistance dans le futur avait envoyé Kyle dans le passé pour protéger sa mère, Sarah, du Terminator venu aussi du futur pour la tuer. En tuant Sarah, John ne venait pas au monde et n’aurait pas été le leader rebelle de la Résistance. En résumé, mort, John Connor ne peut être dans le futur. Et quelque part, le premier Terminator n’a plus raison d’être ! J’ai comme l’impression qu’on ne se contente pas de balayer tous les Terminator à partir du troisième, mais on balaie même le premier ! John NE PEUT PAS ENVOYER KYLE SAUVER SARAH PUISQUE JOHN N’EST PAS DANS LE FUTUR. Alors on fait quoi ? On sait très bien aussi que Skynet a réussi à déclencher le fameux Jugement dernier (voir le Soulèvement des machines). Ça on le garde ?!? Si ce n’est plus Skynet, peut importe, Légion ou autre chose, le Jugement Dernier a eu lieu puisque Grâce en vient mais sur une autre ligne du temps d’où ce Légion. Tellement commode d’inventer un autre espace temps. Le spectateur est une bonne pâte, il se laisse pétrir facilement, il gobera tout ce qu’on lui propose. Faut bien continuer la franchise ? J’évite de m’épancher sur le Terminator qui partage sa vie avec une femme et un ado. On évite de se poser mille questions sur son quotidien, comment se comporte-t-il à table ? Mange-t-il ? Boit-il ? Dort-il ? Lui une machine ! On est vite rassuré sur un point : il n’a pas de rapports avec sa compagne. Il est le fameux informateur secret de Sarah Connor. Sans lui elle ne pourchasserait pas les Terminator. Cela suppose que de temps en temps des Terminator arrivent du futur pour dézinguer… qui exactement ? Une autre maman ? Pas Sarah en tout cas. Rebooter c’est s’accommoder à sa façon, c’est prendre les anciens fans pour des imbéciles. Genesys qui m’avait déjà déçu pourrait bien être un chef-d’oeuvre à côté de ce Terminator Dark Fate. J’exagère. Maintenant, en toute objectivité, si on oblitère la mort prématurée de John, si on reboot son esprit, ou si on se lobotomise un peu, ce film est une gentille bourrinade comme je l’ai lu chez un journaliste à propos de « Fast and Furious 8 ». C’est efficace, en ce qui me concerne, les combats et poursuites sont lisibles, j’ai cru à tous les effets spéciaux. Sombre destin en effet ce Terminator, car il ne siégera pas dans ma dévéthèque. Au fait : faut-il y voir une réponse à l’Amérique de Trump lequel n’a aucune sympathie pour le Mexique ? Une mexicaine qui sauve l’humanité à la place de Trump ! C’est juste pas possible ! Alors rien que pour ça, « Terminator : Dark Fate » mérite une demi-étoile supplémentaire !