Il y avait des signes encourageants : le présumé retour de James Cameron en tant que scénariste, de Linda Hamilton, des critiques étonnamment positives aux États-Unis... Pourtant, j'aurais dû rester méfiant. La présence de Tim Miller à la réalisation (depuis Cameron, y a t-il eu un seul vrai bon réalisateur derrière la caméra de la saga?), une bande-annonce n'augurant pas du meilleur... Ces craintes se sont, hélas, confirmées. D'abord, cela fait deux fois qu'on a l'impression qu'on nous raconte la même histoire (apprenant au passage que l'auteur de « Titanic » n'a fait que quelques toutes petites retouches dans l'écriture!!), ce qui fait beaucoup, celle-ci ressemblant au passage tout particulièrement à celle du « Jugement dernier ». Les griefs sont trop nombreux pour être exposés : mais si je devais retenir les plus importants, je citerais, donc, cette incapacité totale à se renouveler, à ne plus être capable de diriger cet univers vers de nouvelles directions, plus modernes, plus excitantes : quand y en a plus, y en a encore. Seule nouveauté : ce trio féminin, plutôt efficace, apparaissant toutefois assez opportuniste à l'ère #MeToo, qui n'aurait pas été trop gênant si le message avait été un peu plus subtil sur la fin
(en gros, les femmes n'ont plus besoin des hommes pour se défendre et c'est l'une d'entre elles qui est cette fois élue pour mener la résistance face aux machines)
: on est bien content. Il y a toutefois pire : la présence presque aberrante d'Arnold Schwarzenegger, presque transformé en
bon petit soldat du Bien, le T-800 étant en effet devenu gentil et même bon père de famille après avoir été touché par la situation familiale douloureuse d'une mère et son fils : c'est quoi, ce délire???!!! Depuis quand le T-800 parvient t-il à ressentir des émotions ? Depuis quand peut-il développer une quelconque affection ou même une simple conversation avec quelqu'un au-delà de trois mots ??
Franchement, on voudrait tuer la saga ou l'amener vers la parodie pure et simple qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Pourtant, au-delà de ces aberrations parfois renforcées par une écriture laissant la part belle aux punchlines vaguement efficaces mais usées, je ne peux pas dire que je me sois réellement ennuyé : il y a un certain professionnalisme formel, notamment dans les effets spéciaux, parfois bluffants, trouvant un assez bon équilibre entre l'époque cameronienne et contemporaine : du numérique, certes, mais pas trop non plus. Le méchant, clone assumé de Robert Patrick dans sa démarche, est efficace, sans apporter quoi que ce soit à la mythologie ou en imposer autant que son prédécesseur ou Schwarzy dans le premier film. Enfin, le retour de Linda Hamilton, loin d'être aussi appréciable qu'espéré, permet quand même un léger retour aux sources, pas déplaisant pour les puristes. S'il n'y avait pas de motif de comparaison, « Terminator : Dark Fate » aurait (très) vaguement fait l'affaire dans une logique de pur divertissement SF. Là, il faut se rendre à l'évidence : depuis un quatrième volet imparfait mais sous-estimé, cette saga est à bout de souffle et au vu de l'investissement plus que relatif qu'y met son créateur depuis 1991, mieux vaut qu'elle se termine dès à présent. Hasta la vista, baby ?