Le documentaire enchante l'académie des Césars qui le récompense par le César du Meilleur Documentaire en 2010.
Serge Bromberg explique comment il a souhaité représenter à l'écran ce film perdu: "Notre volonté est de faire revivre l'histoire que Clouzot voulait raconter et dans la mesure du possible, la faire vivre au spectateur. Pour cela, Jacques Gamblin et Bérénice Bejo jouent quelques scènes du scénario original de Clouzot pour faire le lien dans notre narration. Ils reprennent les rôles respectifs de Serge Reggiani et Romy Schneider . L‘histoire se construit et se déroule sous nos yeux, les images se font de plus en plus hypnotiques. Le mystère est là, tout entier. Il s'offre à nous et se dérobe à la fois. Nous voyons ce que Clouzot avait vu. Nous sommes au coeur de la création, qui n'a ni logique ni explication. Il n'est ici affaire que de beauté."
Afin de redonner vie à ce film qui n'a jamais vu le jour, les réalisateurs ont dû faire plusieurs recherches et rencontrer les anciens collaborateur de Henri-Georges Clouzot: "Nous avons retrouvé les techniciens et acteurs qui ont participé au tournage de 1964. Parmi eux Costa-Gavras, assistant réalisation à la préparation, Catherine Allegret dont c'était le premier rôle, William Lubtchansky, alors assistant opérateur, Bernard Stora, stagiaire réalisation. Ils ont accepté de témoigner de cette folle aventure, tant sur le plan humain que professionnel. Nous avons retrouvé d'autres éléments liés au film: storyboards, photographies, enregistrements sonores illustrant notamment la folie de Marcel. En mettant ces témoignages et éléments en perspective, nous découvrons l'histoire du film et regardons ces images avec un nouvel éclairage. Voir ces images, suivre Clouzot dans les méandres de sa folie intérieure pour se perdre dans une histoire et des visions qui nous emportent et nous dépassent.... Il est là, lemystère Clouzot."
Serge Bromberg, le réalisateur du film, est le PDG de Lobster Films depuis 1984 et a réuni une collection de cinéma ancien de plus 40.000 titres rares. Producteur délégué pour la télévision depuis 1994, il a produit plus de 500 magazines et émissions, films d'entreprises et documentaires. Serge Bromberg est par ailleurs Directeur Artistique du festival International du Film d'Animation d'Annecy depuis 1999, et membre des Conseils d'administration de la Fondation GAN pour le Cinéma et de l'Association Française contre les Myopathies (organisatrice du Téléthon), et PDG de Steamboat Films depuis 2006. Il a été décoré Chevalier des Arts et Lettres en 2002. Il a reçu le prix Jean Mitry en 1997, remis aux Giornate del Cinema Muto à Sacile (Italie), qui récompense chaque année une personnalité dans le monde pour son travail de conservation au service du cinéma ancien.
La co-réalisatrice, Ruxandra Medrea, 32 ans, a débuté sa carrière dans le milieu cinématographique en tant que juriste, spécialisée dans la propriété intellectuelle. Née en Roumanie, elle quitte à la fin des années 1980 son pays natal pour s'établir en Autriche, puis en France. Voyageuse dans son coeur, elle poursuit des études universitaires en Europe.
L'Enfer, c'est l'histoire d'un homme, Marcel Prieur, patron d'un modeste hôtel de province, saisi par le démon de la jalousie. Au début du film, Marcel, un rasoir à la main, devant le corps allongé d'Odette, essaie de se souvenir comment il en est arrivé là. Sa jolie femme, Odette l'a-t-elle odieusement, scandaleusement, trompé ? Et avec qui ?
Dans une note d'intention, le réalisateur Serge Bromberg explique le mystère entourant ce film: " Ces images invisibles sont aujourd'hui auréolées d'une légende : le plus grand film du début desannées 60, celui qui " avait tout " et dont on disait qu'il remettrait en cause jusqu'aux fondements du cinéma, a été tourné à huis clos dans une débauche de luxe, ne laissant derrière lui que des on-dit et des rumeurs. Que s'est-il passé sur le plateau ? Que cherchait Clouzot? En 2005, l'exhumation de 185 boîtes de films est l'occasion de confronter les témoignages des survivants – tous devenus aujourd'hui des personnalités du cinéma – et tenter de mettre de l'ordre dans les pièces d'un puzzle dont le créateur ne connaissait peut-être pas les contours."
Serge Bromberg parle de ce qu'Henri-Georges Clouzot souhaitait montrer avec ce film: "Sur une histoire simple, il a tenté de s'approcher au plus près du mystère de la folie et de la paranoïa, comme gages de liberté absolue pour l'esprit de l'homme. La montée dans la folie du personnage de son scénario, Marcel, se fera en parallèle du naufrage de son créateur. Car comme Icare, Henri-Georges Clouzot s'est brûlé les ailes. On ne s'approche pas de la création absolue sans risque de se perdre. Et la toile s'est refermée sur celui qui l'avait tissée. L'histoire ne se passe jamais comme prévu. Comme la folie obsessionnelle, une fois libre de toute contrainte, elle se libère et se rebelle parfois contre son créateur."