La Merditude des choses est adapté d'un best-seller de Dimitri Verhulst intitulé De Helaasheid der Dingen. Ce récit autobiographique avait fait beaucoup de bruit lors de sa publication en 2006. Les lecteurs flamands et néerlandais l'ont accueilli comme la sensation littéraire des années 2000 et il a été récompensé par de nombreux prix littéraires. Il a été traduit en plusieurs langues.
A l'origine, le réalisateur Felix Van Groeningen était à la recherche d'un livre à transposer au cinéma. "Je ne suis pas un lecteur assidu, mais j'avoue être tombé amoureux des oeuvres de Dimitri Verhulst, raconte le cinéaste. Il écrit les livres que j'aurais aimé écrire moi-même, mais pour l'écriture desquels je n'ai pas le bagage nécessaire. Il est singulièrement dur et pourtant poétique, ce que je trouve super beau. Il ose aller plus loin, écrit ce que d'autres n'osent pas dire. Il met en lumière toutes les failles humaines : sans compromis, mais avec humour. Il met les gens dans l'embarras, mais les accueille simultanément de manière positive. Je me suis senti conquis. Sa manière de structurer me plaît aussi beaucoup. Ce n'est qu'à la fin que vous découvrez l'unité de ce qui semblait, a priori, un récit décousu. Après trois chapitres, j'étais persuadé que La Merditude des choses était impossible à adapter. Mais après avoir terminé le livre, j'ai vu les choses autrement. C'est dans les trois derniers chapitres que l'on décèle tout le sens de l'oeuvre. J'ai même pleuré en les lisant. Toute la vulgarité, toutes les anecdotes piquantes de la première partie trouvent enfin leur place."
La Merditude des choses a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2009.
Pour composer ses castings, le réalisateur Felix Van Groeningen doit tomber amoureux d'un acteur ou d'une actrice dans un rôle donné. Koen De Graeve fut le premier avec lequel la magie a opéré. " C'est un homme tellement drôle et chaleureux, confie le metteur en scène. Mais il s'est aussi violemment opposé à moi pour une chose dérisoire, à tel point que j'en étais choqué. C'est précisément cet incident qui m'a poussé à lui confier le rôle du père. Chacun rit avec cet homme jovial, un peu fou, même le fils. Mais cela rend les choses encore plus dures pour le garçon lorsque la méchanceté transfigure subitement le père. J'ai aussi beaucoup veillé à la combinaison. J'ai vu la meilleure vraie fratrie en Koen De Graeve, Wouter Hendrickx, Johan Heldenbergh et Bert Haelvoet. "
Pour le rôle du garçon, le réalisateur Felix Van Groeningen a procédé à un casting intensif avec l'idée de trouver un jeune acteur qui ait l'accent alostois. Des centaines de candidats, l'équipe de production en a finalement sélectionné six. " Kenneth Vanbaeden est un garçon assez timide, qui bégayait jusqu'à quelques mois avant le casting et ne parlait pas aussi bien et de façon aussi maniérée que les nombreux élèves des écoles de comédie, confie le metteur en scène. Kenneth Vanbaeden m'a convaincu petit à petit. Il a le don de pouvoir totalement se fondre dans un personnage. Auparavant, j'ai effectué de nombreux castings pour le théâtre et je demandais alors aux jeunes acteurs de se laisser aller sur la musique triste qu'Ennio Morricone a composée pour Il était une fois dans l'Ouest et d'essayer de pleurer. J'ai aussi utilisé ce truc ici. "
Aimant les films visuellement forts, le réalisateur Felix Van Groeningen a souhaité que La Merditude des choses alterne passé et présent. " J'ai opté pour deux styles différents, explique le cinéaste. J'ai privilégié la sobriété et la légèreté pour le récit du jeune homme qui s'essaie à l'écriture. Le passé devait être un voyage. J'ai recherché un chaos orchestré : il se passe en permanence quelque chose, en même temps. Nous avons tourné caméra au poing, très vite. Le look est celui des années 80, mais le style est plus récent. Pas super récent, mais contemporain. On ne peut pas contourner la reconstitution. Je me suis donc plongé dans des albums photo et des documentaires d'époque. Les costumes et les coiffures ont le plus grand effet. Les décorateurs ont recherché avec enthousiasme les vélos BMX et les voitures d'époque. J'avais prévu de ne pas aller trop loin, mais faire revivre ces années 80 avait quelque chose de très agréable. J'ai 31 ans, j'avais onze ans en 1988. J'ai la mélancolie de toutes ces choses du passé. "
Felix Van Groeningen est titulaire d'une licence en arts audiovisuels obtenue en 2000 à l'Académie Royale des Beaux-Arts (KASK) de Gand, avec son court métrage 50CC. Dès cette époque, son talent unique est remarqué par Dirk Impens de la société de production Menuet. Il réalise alors quelques petits films et écrit et met en scène plusieurs pièces de théâtre, dont Best of et Discotheque pour le collectif Kung Fu, Victoria. Dans une autre production de ce collectif, Aalst, Felix Van Groeningen a également tenu le premier rôle. Après avoir touché à plusieurs domaines de la scène culturelle, le cinéaste revient définitivement à ses premières amours, la réalisation de films. En collaboration avec le producteur Dirk Impens, il tourne ainsi trois longs métrages : Steve + Sky (2004) - l'histoire d'amour crue et visuellement peaufinée de deux jeunes d'une vingtaine d'années en perte de repères, Dagen Zonder Lief (2007) et La Merditude des choses, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009.